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Maus et Metamaus : article à la sortie de l’album en janvier 2012

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Par   •  5 Mai 2014  •  950 Mots (4 Pages)  •  901 Vues

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MAUS et Metamaus : article à la sortie de l’album en janvier 2012

«Quand j’étais petit, je n’étais pas sûr qu’être juif soit une si bonne idée - j’avais entendu dire qu’on tuait des gens pour ça». C’est par cette confidence qu’Art Spiegelman, né en 1948, relate ses premières confrontations à l’Holocauste, à l’âge où l’innocence se trouble des bruissements des terribles secrets de famille. C’est en 1972 qu’il commence à enregistrer les récits de son père, rescapé d’Auschwitz. La même année il publie une première mouture de Maus de trois pages dans Funny Animals, un collectif emmené par Crumb. Si le fond de l’œuvre définitive est déjà là, le trait se veut rond, satirique, les souris ressemblent alors à des rats. Dans la foulée, il entreprend de s’atteler à une version longue. Dans un élan d’optimisme, il pense qu’il en aura pour deux ou trois ans. Il lui en faudra dix-huit de plus.

Vingt ans de maturation, de recherches de témoignages, de plans, de photographies, de dessins qui coïncidaient avec la découverte par l’Amérique de la réalité de l’Holocauste à travers de nombreuses autobiographies, permettant la résurgence d’une abondante documentation dont chaque pièce apportait sa pierre à l’édifice.

Vingt ans d’introspection, d’analyse, notamment dans les relations qu’Art Spiegelman entretient avec son père. Il le dépeint comme un survivant antipathique, irascible, caricature du juif avare et encombré d’une paternité qui l’ennuie. Source de déceptions mutuelles et systématiques, les rapports entre le père et le fils sont un perpétuel échec et le dialogue ne pourra se faire que sur le tard, par le medium du magnétophone et le témoignage de l’indicible. Mais au-delà du conflit intergénérationnel, les entretiens sont hantés par la mémoire de sa mère, Anja, elle aussi rescapée des camps et qui s’est suicidée en 1967, ainsi que celle de son « frère fantôme », Richieu, décédé pendant la guerre dans le ghetto de Zawiercie. Ce versant psychanalytique donnera lieu à une autofiction qui, par sa distanciation, permet d’articuler les différentes parties historiques et de les faire respirer.

Enfin, vingt ans de réflexions sur la forme à donner à une œuvre qui le mènera jusqu'au Prix spécial Pulitzer qui fera sa renommée au point d’être classé par Time Magazine, en 2005, parmi les" 100 personnalités les plus influentes" au monde. Détenteur d’une parole, il lui fallait désormais la dessiner, lui donner corps. Tout en posant un regard exigeant sur son œuvre, Art Spiegelman revient en détail sur l’utilisation de la métaphore animalière, la représentation des juifs en souris, issue autant de sa culture comics que des caricatures antisémites, et par conséquent, sur le choix des chats en nazis prédateurs. Il aborde aussi la lente évolution de son style pour éviter les écueils de ce qu’il appelle l’holokitch, parodie larmoyante de l’horreur. De manière plus formelle, il évoque les nombreuses astuces structurelles qui permettent aux deux temps du récit, l’autofiction et la biographie, de s’accorder selon leur propre rythme.

Ces trois phases concomitantes de documentation, d’analyse et de réalisation forment un tout : Maus. Art Spiegelman se définit, à parts

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