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Lien Entre étalement Urbain Et Utilisation De L'automobile

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Par   •  5 Février 2013  •  5 194 Mots (21 Pages)  •  1 542 Vues

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I. INTRODUCTION

La machine à vapeur et ses applications à l’industrie et aux transports, combinées à toutes les innovations techniques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, ont accéléré le processus de concen-tration urbaine et le développement des villes en Occident - notamment celle de Montréal. Ces dernières prirent de l’expansion durant la révolution industrielle, mais demeurèrent concentrées, présentant une nette séparation entre les quartiers des affaires, les quartiers ouvriers et les quartiers bourgeois. Puis, cer-tains éléments tels les progrès des transports urbains et suburbains conjugués à la recherche du nouveau mode de vie de l’American Way of Life provoquèrent l’éclatement des villes (Beaujeu-Garnier, 1997; Collin, 1993; Bussière, 1994), caractérisé par un étalement des constructions résidentielles vers les ban-lieues et un quadrillage par des infrastructures routières de tout le territoire urbain (Pagès, 1980).

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on constate donc une stagnation - voire même une régression - de la population dans les noyaux urbains et un accroissement considérable du peuplement dans les zones périphériques. La ville qui, naguère, aspirait la population rurale, refoule aujourd’hui sa propre population vers les banlieues, causant ainsi l’étalement urbain (Statistique Canada, 1984). Aussi, toujours depuis cette même période, on remarque un accroissement notable de l’engouement pour les déplacements en automobile. Effectivement, ceux-ci se sont multipliés sans cesse durant les dernières décennies grâce à l’augmentation de l’accessibilité aux transports automobiles pour un grand nombre de personnes.

L’envolée soudaine et le caractère simultané de ces deux phénomènes – l’étalement urbain ainsi que l’utilisation des transports automobiles – mènent donc vraisemblablement au lien de cooccurrence. En effet, à première vue, il apparaît comme étant improbable qu’un seul des phénomènes ait entraîné l’autre sans réciprocité. C’est pourquoi nous étaierons plus en détails chacun de ces deux éléments et la relation qui les unit. Enfin, pour démontrer cette double causalité, nous étudierons, dans un premier temps, le phé-nomène de l’étalement urbain et, dans un deuxième temps, celui de l’utilisation accrue de l’automobile, et ce, afin de confirmer, en dernier lieu, la cooccurrence présente entre les deux phénomènes.

II. DÉMONSTRATION DE LA COOCCURRENCE ENTRE L’ÉTALEMENT URBAIN ET L’UTILISATION CROISSANTE DE L’AUTOMOBILE POUR LA RÉGION DU GRAND MONTRÉAL

A. Le phénomène de l’étalement urbain montréalais

1. Définition de l’étalement urbain

Afin de bien saisir l’importance de l’émergence et des conséquences de l’étalement urbain pour tout le Montréal métropolitain, il va sans dire qu’une définition du phénomène s’impose. Gilles Richtot, pour sa part, entend par étalement urbain “une extension d’un corps sur une surface [où] le qualificatif urbain [...] concernerait la substance de ce corps en extension [et où] la surface de support n’étant pas urbaine, elle serait, par défaut, rurale. [Ainsi], les banlieues, loin de repousser devant elles la discontinuité entre l’urbain et le rural, franchissent cette discontinuité, [ce qui] se traduit par l’implantation, en posi-tions rurales, de formes conçues pour convertir des valeurs positionnelles urbaines” . Yves Bussière, quant à lui, nous propose plutôt une “perte de la population de la ville centrale par rapport à la banlieue” tandis que Michel Barcelo, François Charbonneau et Pierre Hamel, dans leur Option préférable d’aménagement, définissent l’étalement urbain montréalais comme étant un “développement résidentiel des zones non-viabilisées alors que la démographie faible de la région devrait au contraire encourager le resserrement urbain” . Ces trois définitions plus ou moins convergentes démontrent clairement les diffé-rents angles sous lesquels la question peut être étudiée. C’est pourquoi nous nous entendrons, en ce qui concerne le présent travail, sur une conception plutôt vaste de l’étalement urbain, soit celle d’une installa-tion des fonctions urbaines primaires – résidentielle, industrielle, commerciale, administrative… - sur de nouveaux territoires, en périphérie du coeur du Grand Montréal.

2. Historique de la banlieue montréalaise

La ville a attiré dès les débuts de la révolution industrielle les ruraux déracinés que ne tentait pas la grande aventure des migrations lointaines. Grâce aux facilités des communications, ces derniers goûtè-rent rapidement aux agréments de la ville puis délaissèrent charrues et bétail pour se muer en citadin sala-rié. Aussi, la machine à vapeur et ses applications à l’industrie et aux transports, combinées à toutes les innovations techniques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, accélérèrent le processus de concen-tration urbaine et l’essor de plus en plus évident des villes.

Toutefois, ces entités urbaines jusqu’alors généralement distinctes et monocentriques, éclatèrent soudainement en simultané avec leur croissance, entraînant par la même occasion un déplacement des milieux porteurs de l’activité urbaine à l’intérieur d’agglomérations toujours plus vastes. À cause, no-tamment, des transformations observées aux niveaux des communications, de la recherche scientifique et des innovations technologiques qui en découlent (Aydalot; 1986), les villes adoptèrent une nouvelle for-me d’organisation spatiale et, par conséquent, une nouvelle forme de centralité (Barcelo, Charbonneau, Hamel; 1989).

Ainsi, la première banlieue montréalaise apparut en 1892 grâce à la technologie du tramway élec-trique. À l’époque, “les densités [urbaines restaient toutefois] les mêmes et l’expansion urbaine se [faisait] par simple extension du noyau existant” . C’est seulement durant les années qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale que l’étalement et l’apparition des banlieues s’effectua en saute-mouton, entraînant alors un déploiement intense de la région métropolitaine de Montréal sur la base d’un modèle davantage poly-centrique et déconcentré.

3. Les causes de l’étalement urbain dans la région métropolitaine de Montréal

Mis à part l’accessibilité croissante aux transports automobiles que nous traiterons

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