Institution romaine de l'antiquité
Chronologie : Institution romaine de l'antiquité. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pedrodu76 • 11 Décembre 2018 • Chronologie • 78 078 Mots (313 Pages) • 760 Vues
Section II les Institutions de la Rome royale.
On a vu qu’on ne pouvait plus tenir pour une simple légende la fondation de Rome. Cependant, les institutions de la Rome royale à partir de l’époque de Romulus restent très mal connues (§ 1). C’est à partir du moment où la royauté est assumée par des rois étrusques ou apparentés aux étrusques que la ville prend une nouvelle dimension (§ 2).
§ 1 La royauté primitive
Des Gentes à l’aristocratie des patres
L’ancienne ligue, qui semble avoir déjà eu une population de plusieurs dizaines de milliers d’individus connaît une organisation sociale centrée autour de la notion de gens. La gens peut se définir comme un groupe de familles liées entre elles par la croyance qu’elles sont issues d’un ancêtre commun. Tous les membres du groupe, dits gentiles, portent le même nom même si le lien de consanguinité peut paraître très faible voire inexistant dans les faits. Par exemple la gens Caecilia prétend descendre du prénestin Caeculus. La gens Aurelia a une dévotion spéciale pour le dieu soleil, Ausel en sabin dont ils descendaient. Et la gens Iulia descend d’Iule, Ascagne, le fils d’Enée. Ils sont apparemment placés sous l’autorité d’un chef de la gens, dont on pense qu’il était certainement élu.
C’est l’ensemble de la communauté qui détient les moyens de subsistance. Et ce sont les membres de la gens peuvent contracter un mariage légitime (conubium) et seuls eux peuvent posséder collectivement et légitimement la terre (commercium).
La gens est puissante politiquement parce qu’elle possède des clients. Le client est
« un individu libre qui s’est donné en la confiance et s’est placé sous le patronage d’un membre d’une gens » (Humbert) (in fidem patrociniumque deditio). Une telle institution se retrouve à la même époque chez les peuples italiques, les étrusques, les cletes (ambactes). Le lien qui en résulte est bilatéral, réciproque et héréditaire. Cet engagement est d’ordre moral, fondé sur la bonne foi, la Bona Fides. Le client a diverses obligations, d’ailleurs l’étymologie du mot client est certainement « cluere », obéir. Le client doit des journées de travail, obéissance, respect, service armé et aide financière (un peu comme plus tard le vassal car le client doit contribuer à la constitution de la dot de la fille du patron). De son côté, le patron assure la sécurité quotidienne du client et lui assure une aide juridique. Il doit assister son
client en justice, s’abstenir de témoigner contre lui, au besoin le défendre contre ses agnats, i.e. ses parents par les femmes. Comme son nom l’indique, patronus / pater, les rapports doivent être analogues à ceux d’un père avec son fils. Et l’appellation « liberi » concernant en principe les enfants légitimes a fini par désigner les clients, « liberi », hommes libres.
Et toute violation est sanctionnée. Le patron qui ne respecte pas ses obligations est selon une disposition de la loi des XII Tables « sacer », i.e. maudit et voué à une mort immédiate. Et comme le déclare Jules César à la fin de la République selon Aulu-Gelle (Nuits Attiques, V, 13, 6) « nous ne pouvons pas abandonner sans un déshonneur extrême nos clients auxquels notre usage est de porter secours même au dépens de nos parents » (trad. Marache).
Alors quel pouvait être le nombre des clients. Au début de la République, le sabin Atta Clausus, l’ancêtre des Claudii, vient s’établir à Rome avec 5000 clients. La guerre privée du clan des Fabii contre Véies réunit 306 gentilices et près de 5000 clients. Et par la suite, si le lien de clientèle évolue mais ne se relâchera jamais. Ce lien, jusqu’à la fin de la République sera un atout politique et électoral pour les grandes familles.
A côté de l’organisation gentilice qui a donc doté la société romaine d’une armature très solide, on trouve l’organisation de la famille. Petit, la famille va supplanter la gens. C’est une subdivision de la gens. Elle remonte au bisaïeul, le proavus, et en ligne collatérale s’étend jusqu’au 6e degré (cousins issus de germains, voir / succession ab intestat en droit français). Et c’est la familia et non la gens que la loi des XII Tables définit comme l’unité de base de la société romaine. Il en va de même dans l’ordre politique où le nom des sénateurs est patres, ce qui signifie qu’ils étaient les pater familias ou qu’ils étaient désignés par eux. Dans cette subdivision de la gens, chacun est placé sous l’autorité du pater familias. Ce dernier est à la fois le chef et le prêtre de la famille. Il a une autorité entière, potestas, sur tous les membres de la famille, ses biens meubles et immeubles, ses esclaves (famuli). Cela implique un droit de vie et de mort.
Ce serait l’association des chefs de ces gentes qui aurait permis l’émergence de la royauté et ce serait les chefs de ces gentes qui seraient devenus les membres du Sénat, les patres ou pères de la Cité, donnant à la cité royale ses institutions.
- les institutions de la cité royale primitive
Au 8e siècle, l’évolution funéraire montre un groupe social élevé avec des tombes dotées d’un riche mobilier funéraire. D’un côté, on trouve l’aristocratie foncière, de l’autre, les clients, les exploitants isolés…Les gentes s’allient et apparemment se donnent un roi.
En effet, l’investiture du roi revient aux patres et la royauté n’est pas héréditaire. Après la fin du règne, il y a un interroi, pendant lequel le pouvoir est exercé à tour de rôle par chaque pater pendant cinq jours consécutifs. Pendant l’interroi, le Sénat choisit le roi et lui donne l’investiture après désignation par les Dieux. Cet accord des Dieux est donné par les auspices, i.e. l’interprétation des volontés des dieux par le moyen de l’observation du vol des oiseaux.
L’origine et l’étendue des pouvoirs du roi sont l’objet de nombreuses discussions comme tout ce qui touche à la Rome des origines. Le roi est le chef religieux et politique de la cité. Il est prêtre, général et juge. Prêtre, il est le lien entre le monde des hommes et le monde des Dieux. Il préside les sacrifices et prend les auspices. Il conduit l’armée à la bataille. Il juge les deux crimes les plus graves, le parricidium, meurtre d’un pater et la perduellio ou trahison. A côté du roi se tient le Sénat de 100 membres, dont la création revient à Romulus selon les anciens. En fait, c’est le Sénat qui a fait et qui faisait les rois. Il montre la puissance de l’aristocratie qui tient en lisière le roi. Et une aristocratie héréditaire naît, alors que la
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