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Fulbert De Chartres, Epistolae, 38, 1020, Lettre à Guillaume, Duc D'Aquitaine

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Par   •  5 Novembre 2014  •  1 651 Mots (7 Pages)  •  4 165 Vues

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Dissertation

Fulbert de Chartres, Epistolae, 38, 1020, Lettre à Guillaume, duc d'Aquitaine

Guillaume V d’Aquitaine, rencontrant des difficultés avec certains de ses grands vassaux, demande dans une lettre à Fulbert de Chartres quelques précisions sur les devoirs du vassal vis-à-vis de son seigneur. Et cette lettre de Fulbert de Chartres, datée de 1020, constitue un témoignage sur le sens de l'engagement vassalique, désormais ordonné plus directement à la concession du fief. Il tente de définir ce qu’est la fidélité et ce qu’elle engendre.

L'auteur, est un homme de haute culture, il a fait de brillantes études à Reims. Il se voit promu au siège épiscopal de Chartres en 1007, les questions relatives au dogme et à la discipline de l’Église le préoccupent autant que les affaires administratives, comme le montre cette mise au point sur le contenu et les effets du contrat féodo-vassalique.

« Le roi est loin, le seigneur est proche ». Voici un adage de la fin du IXème siècle traduisant la chute de l’autorité du roi sur l’ensemble du territoire au profit d’une multiplication des seigneuries. A partir du Xème siècle, l’autorité royale ne va plus légiférer. Ce sont les seigneurs qui vont diriger, chacun, leur domaine. Pour cela, ils vont s’associer de vassaux.La lettre intervient à une époque où l’État, incapable de remplir ses devoirs, a laissé place à une nouvelle organisation politique et sociale symbolisant l’appropriation privée du pouvoir politique : la féodalité.

En tant que système politique, la féodalité a une double caractéristique, d'une part, le morcellement territorial et d'autre part, le démembrement de la puissance publique. Mais également par des liens contractuels appelés féodo-vassaliques. Il s’agit de liens personnels de dépendance qui se matérialisent dans un contrat de vassalité ; des rapports d’obéissance se constituent et permettent de dégager une hiérarchie féodale. Ce texte met en valeur l’évolution des relations contractuelles, au début du XIème siècle, entre les seigneurs et leurs vassaux à travers les obligations incombant à chacune des parties. Ce sont donc les ducs, comtes ou châtelains qui dominent la société féodale, en raison de l'absence d'autorité centrale effective. L'apparition de la seigneurie banale ou justicière, dès la fin du Xe siècle, marque le stade ultime de ce processus de dislocation.

La banalité désigne le droit en vertu duquel certains seigneurs, détenteurs d'un pouvoir de police, obligent leurs paysans à faucher, moissonner ou vendanger.

Pour contrer cette tendance à l'anarchie inhérente, à l'autonomisation des seigneuries et à la multiplication des châteaux, il est nécessaire de reconsidérer le fondement du lien sociopolitique.

En quoi les précision apportées par Fulbert de Chartres sont-elles révélatrices d'une redistribution des termes du contrat féodo-vassalique ?

Conscient de la dégradation inexorable de l'élément personnel des relations féodo-vassaliques (I), le Fulbert de Chartres tend à rattacher les obligations positives du vassal à la concession du fief (II).

I. Conscient de la dégradation de l'élément personnel des relations féodo-vassaliques.

La lettre de Fulbert de Chartres est révélatrice de l'affaiblissement de la valeur normative des obligations qui naissent de l'hommage (A) et met parallèlement en évidence le caractère purement négatif de celles qui découlent du serment de fidélité (B).

A. L'affaiblissement de la valeur normative des obligations qui naissent de l'hommage

L'hommage est un engagement personnel au terme duquel un vassal se donne symboliquement à son seigneur, il consent ainsi à devenir son homme et à s'abandonner à lui.

La forme la plus ordinaire de l'hommage est que le vassal est désarmé, voire humilié, privé des attributs qui attestent une aptitude guerrière. Certaines paroles sont parfois prononcées au cours de la cérémonie, comme «Je deviens votre homme, et vous promets fidélité dorénavant comme à mon seigneur». Enfin, le seigneur l'embrasse, ce baiser, l'osculum fidei, ne se donne point aux roturiers, il est signe d'une co-appartenance à la noble gente. De ce rituel de l'hommage découle une série d'obligations réciproques, comme on peut le voir dans le texte à la ligne 2 : « salut, sécurité, honneur, intérêt, facilité et liberté d'action ». En principe, le seigneur doit protéger son vassal, la raison en est essentiellement militaire, au seigneur de faire en sorte que son homme soit en mesure de l'accompagner à la guerre. A lui donc de lui fournir tout l'équipement dont il a besoin. Cependant, l'affaiblissement de l'idée de service gratuit et désintéressé. Les contraintes portées par l'hommage se sont progressivement desserrées, ce dont témoigne le phénomène de la vassalité multiple. Cette dégradation de la qualité normative du lien vassalique amène Fulbert de Chartres à repréciser le contenu des obligations qui naissent du serment de fidélité, aux lignes 2-7 du texte, « ne point causer de dommage […] ne porter aucune atteinte […].», et aux lignes 11-14 du texte « le seigneur doit dans tout cela agir de même à l'égard de son fidèle.[...].». Complément du rituel de l'hommage, celles-ci reçoivent un caractère purement négatif.

B. Le caractère purement négatif des

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