Etats Et Médias: 1968

L’année 1968 est marquée en France par une crise qui débute au mois de mai. Cette crise s’avère être une crise assez complexe puisqu’elle est à la fois politique, sociale, et médiatique. En effet, suite des années très dures après la seconde guerre mondiale (tickets de rationnement etc.), le retour du général de Gaulle a permis de redresser le pays économiquement et socialement en l’unifiant. Cependant malgré une nouvelle constitution et une démocratie stable, le général de Gaulle semble avoir un pouvoir particulièrement important. A une époque où les médias se développent de façon surprenante avec de nombreux journaux et surtout l’apparition de la radio et de la télévision, le général de Gaulle contrôle une grande partie de ces médias pour maintenir un équilibre dans le pays. Seulement cette monopolisation des médias va entraîner des mouvements de contestation dans un milieu étudiant en décalage complet. Ces derniers semblent s’ennuyer et cherchent à s’affirmer dans un pays où ils se sentent exclus et incompris à une époque où les étudiants du monde entier contestent leur pays et régime respectif.

Nous verrons tout d’abord quel était le contexte médiatique et politique de la France puis nous nous focaliserons sur la crise de mai 68 en elle-même, enfin nous verrons le rôle majeur de ces médias dans cette crise et comment ils agissent sur l’opinion publique.

Avec le retour de Charles De Gaulle au pouvoir en 1958, la France avec sa nouvelle constitution, entrait dans la cinquième république. Cette dernière qui est toujours celle dans laquelle nous vivons demeure jusqu’à lors l’une des plus longue depuis la première république (acquise grâce à la révolution française en 1789) après la troisième république ayant duré 70ans. Cette république est marquée par un scrutin majoritaire uninominal, ce qui signifie que l’on vote pour un candidat et non plus pour une liste comme dans la république précédente. De plus, en rupture avec la IV république, le président est élu directement par le peuple ce qui renforce l’équité de cette nouvelle république. Dans ce contexte de démocratie, on voit se développer de nombreux médias tels les journaux ainsi que les radios qui fleurissent. Cette effervescence a débuté dès la fin de la seconde guerre mondiale, en effet, dès 1944, des journaux comme le monde apparaissent ou encore L’humanité ou France soir. Ces derniers restructurent la presse française ; les journalistes de Vichy sont condamnés ou suspendus, les journaux de ce même régime connaissent le même sort. Apparaissent aussi dans cette période de nombreux journaux d’informations tels que L’express ou Le Nouvel Observateur qui permettent d’informer le citoyen français sur certains scandales dissimulés par le gouvernement tels que les tortures pratiquées par l’armée Française en Algérie. Cette liberté d’expression de de presse est un symbole important pour la démocratie française. Cependant l’information est tout de même en partie contrôlée par l’AFP (l’agence France presse) crée en 1944 et sous la tutelle de l’Etat qui redistribue l’information aux différents médias. La presse écrite n’est pas la seule à connaitre cet essor, effectivement, les radios et les télévisions vont se répandre sur l’hexagone apportant à ces dernières un pouvoir conséquent. Les postes radios vont d’abord être touchés par cette révolution médiatique ; leur nombre va être doublé de 1946 à 1958, passant de 5 à 10 millions (présents par conséquent dans environ 80% des foyers français) pour arriver au même niveau que les tirages de la presse quotidienne en déclin face à ces nouvelles technologies. De plus l’arrivée des transistors (radio mobile alimentée par des piles) va révolutionner ce média : les français étaient dès lors informer en temps réel de tout incident. Puis, la télévision va elle aussi connaitre un essor fulgurant à partir du début des années 60 : à cette date, seuls 9% des français étaient équipés d’un récepteur de télévision alors qu’à la fin de cette décennie, près de deux tiers d’entre eux s’étaient équipés. En 1964 apparaît L’ORTF (office de radiodiffusion) qui permet de gérer les émetteurs de la production audiovisuelle. Seules les radios périphériques échappent à cet établissement public puisqu’elles émettent depuis l’étranger, c’est le cas d’Europe 1 ou encore de radio Luxembourg. Ces dernières permettent de pouvoir s’exprimer plus librement en évitant toute censure.

On remarque donc que ces médias malgré leur nombre subissent un contrôle très fort, en effet, en plus de AFT et de l’ORTF évoqués précédemment qui contrôle la majeure partie de l’information, la censure est très forte, et le pouvoir utilise les médias pour arriver à ses fins et pour gérer les crises, nous reviendrons sur ce point dans la troisième partie. De Gaulle, célèbre pour son appel de Londres du 18 juin 1940 à la radio, saisît vite l’intérêt de ces médias ; il prît vite le contrôle des médias audiovisuels. Etant dubitatif à propos de la presse écrite, il préfère la radio ou la télévision, pour s’exprimer à ses compatriotes, ou il va faire de nombreuses déclarations solennelles durant ses mandats. Selon lui, c’est un moyen sans égal pour être présent partout. Le libérateur de la France veut « être lié par les yeux et les oreilles » à son peuple, il veut entendre et voir ce dernier. La télévision devient donc un outil de communication du pouvoir. Cette mainmise de l’état sur la radiotélévision va être vivement critiquée, ainsi de nombreuses caricatures vont apparaître, on peut en effet trouver des affiches des beaux-arts par exemple, titrant « la voix de son maitre » écrit sur l’écran d’une télévision tenue par le général de Gaulle. Cette caricature nous montre que cet accaparement de ce média par De Gaulle ne fait pas l’unanimité au sein du peuple français et de la presse. Le général de Gaulle a donc très vite utilisé ce média ; déjà en avril 1963, il rappela via la télévision les objectifs de la Ve république, même si tous les foyers français sont loin de posséder une télévision. Durant sa campagne de 1965 il aussi utilisa cette stratégie qui fut donc payante puisqu’il fut élu pour un second septennat. Cependant ce président élu au suffrage universel va petit à petit perdre de son influence en particulier celle au près d’une nouvelle génération issue du baby-boom qui n’a pas connu la libération et qui juge De Gaulle comme quelqu’un de trop traditionnel. Cette emprise du pouvoir médiatique est sans doute l’une des causes de la révolte des étudiants français lors du mois de mai 1968.

Au pouvoir depuis bientôt 10 ans, Charles De Gaulle

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