Aperçu Des Métiers Artisanaux En Grèce Antique

Introduction

Durant le VIème siècle et tout au long du Vème siècle, l'artisanat se développe. La Grèce antique a été marqué par un épanouissement des Arts ; notamment grâce à l'apparition de nouvelles techniques (comme en céramique avec les figures noires puis les figures rouges), de nouveaux procédés de construction et grâce à la diversification des matériaux, des formes et des décors. Les lieux de cultes se multiplient et permettent donc un essor de l'architecture religieuse. L'artisanat s'est adapté aux grands évènements comme les Grands Travaux de Périclès ou les guerres.

Les "métiers artisanaux" regroupent un grand nombre d' activités différentes ; et constituent donc une activité économique importante dans la Grèce Antique (du Vème siècle). L'économie des cités reposait largement sur les activités commerciales et artisanales.

Nous sommes face, ici, à un ensemble documentaire composé de deux textes, d'une inscription et de deux documents iconographiques.

Le premier texte est un extrait de Politique d'Aristote, philosophe grec (né à Stagyre, en Chalcidique, en -382 et meurt à Chalcis en -322). Il est issu d'une famille aristocratique. Dans son ouvrage Politique, il analyse les affaires humaines dans la cité et montre un aperçu sur les institutions grecques. Il reproche, notamment, à la démocratie athénienne de faire des artisans des citoyens.

Le second texte est un extrait d'Économique de Xénophon, philosophe et historien athénien, né en -428/-427 et mort en -355. Dans son œuvre, il nous rapporte une discussion entre Socrate (né en -470 et mort en -399 ; philosophe grec ; d'origine modeste car il est le fils d'un sculpteur), dont il a suivi les leçons, et Critobule. Dans cet extrait, tout comme Aristote, il fait une critique sur la place des artisans dans la démocratie athénienne.

Les comptes de l'Erechtheion sont une liste des travailleurs payés pour réaliser la frise et les colonnes de l'Erechtheion, un temple situé sur l'Acropole d'Athènes, au Nord du Parthénon. Ce temple est l'un des derniers bâtiments construits sur l'Acropole après l'incendie de 480. Sa construction est réalisée à partir de 421 et sera achevée en 406 (interruption des travaux de 413 à 409).

Et enfin, les deux derniers documents sont des céramiques attiques à figures rouges représentant des scènes d'ateliers.

Ces documents nous permettent d'étudier l'importance et la place de l'artisanat dans les cités grecques.

Pour cela, il faudra voir, tout d'abord, ce qu'est l'artisanat en Grèce Antique ; puis, que cette activité est dévalorisée ; et enfin, ce qu'est le travail de l'artisan

I-Qu'est-ce que l'Artisanat en Grèce Antique?

)A Le Terme de Banauson

Le terme de banauson employé par Aristote à la ligne 4 ("la catégorie que l'on appelle artisanale (banauson)")pour désigner les artisans possède une connotation péjorative. Il est le plus souvent employé par des auteurs opposés à la démocratie tels qu'Aristote, Xénophon ou encore Platon. Si le terme de banauson est péjorativement connoté, celui de démiourgoi qui désigne également les artisans semble plus neutre en matière de jugement. Ce terme désigne toutes les personnes ne vivant pas du travail de la terre, qui vivent en ville et qui se livre à diverses activités indispensables à la vie communautaire. Cependant, l'un comme l'autre, ces termes désignent un individu possédant une techné, un savoir-faire artisanal, et produisant, hors du secteur agricole, des biens matériels.

Ainsi, l'artisanat regroupent un grand nombre d'activités différentes et essentielles dans une cité. Cela concerne, tout d'abord, les "Arts [...] mécaniques", évoqués par Xénophon à la ligne 1 ; c'est-à-dire les activités manuelles telles que la céramique, l'ébénisterie, la toreutique (travail du métal), la coroplathie (le moulage ou modelage de figurines et de statuettes en argile), la glyptique (la taille de pierre), l'orfèvrerie, la cordonnerie, la corderie, le tissage, la vannerie, la droguerie, la parfumerie... Mais elle comprend aussi l'architecture, la construction navale ou des activités "plus artistiques" comme la musique ou la poésie. On s'aperçoit donc que l'artisanat regroupe un grand nombre d'activités diverses et donc de personnes.

)B Qui sont les artisans?

Les métiers artisanaux réunissent à la fois des citoyens et des non-citoyens. Les comptes de l'Erechtheion nous permettent de voir que la construction du temple regroupe à la fois des esclaves, des métèques et des citoyens. En effet, les ateliers sont, en majorité, dirigés par les personnes les plus pauvres de la cité c'est-à-dire des citoyens (le plus souvent des deux classes les plus basses de la cité c'est-à-dire les zeugites et les thètes) ou des métèques (c'est-à-dire des étrangers domiciliés dans la cité ; ne pouvant posséder la terre, il se consacre à l'artisanat ou au commerce) qui utilisent des esclaves ou des hommes libres comme main d'œuvre qui est nourri, vêtu et logé par son maître d'atelier. Cependant, l'artisanat est une activité qui permet aux maîtres d'ateliers de s'enrichir et de faire évoluer son statut dans la cité. C'est le cas, par exemple, de Démosthène, homme politique athénien du IVème siècle, qui est issu d'une famille riche mais qui n'appartient pas à la vieille aristocratie. La fortune de son père s'est constituée grâce à deux ateliers, l'un de lits et l'autre de glaives ; Cléon, homme politique athénien, avait hérité de son père, Cléainetos, un atelier de tannerie qui employait cinquante esclaves.

Cependant, malgré les différences de statut des artisans, les salaires des ouvriers de l'Erechtheion ne varient pas selon leur origine sociale. En effet, les comptes réalisés lors de la construction du temple nous permettent de voir qu'un esclave (comme Parménon de Laossos ou Karion de Laossos,...) gagne 20 drachmes tout comme Laossos d'Alopéké ou Philon d'Erchia (qui ne sont pas esclaves). L'architecte est également à peine mieux payé. Les salaires ne sont pas fixés selon la place de l'individu dans la cité mais selon la tâche réalisée. Un ouvrier citoyen n'est pas

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