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Les mémoires Françaises De La Guerre D'algérie

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Par   •  30 Janvier 2015  •  2 839 Mots (12 Pages)  •  971 Vues

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Le 3 juillet 1962, l'Algérie signe son indépendance après une guerre qui dure depuis 1954. La France quant à elle perd l'une de ses régions et trois de ses départements. Cette guerre a été le conflit de décolonisation le plus douloureux pour la France. Un climat conflictuel se développe alors entre les deux nations, dû à la mémoire française face à cette guerre.

Comment l'Etat français se souvient-il de cette guerre ?

Nous verrons dans un premier temps comment la France a nié la guerre d'Algérie. Ensuite, nous étudierons le réveil de la mémoire française. Enfin, nous nous intéresserons à la reconnaissance de la guerre d'Algérie par l'état Français.

Pour cela, nous nous appuierons sur un extrait du discours de Jacques Chirac, président français, pour l'inauguration du Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, au quai Branly, le 5 décembre 2002, soit quarante ans après l'indépendance algérienne.

Dès la Toussaint Rouge, le 1er novembre 1954, l'Etat Français nie l'existence de la guerre d'Algérie. Elle la dissimule en la présentant officiellement comme des « évènements ». En août 1955, après un soulèvement de paysans, la République Française annonce aux Français des « opérations de police ». Après le vote des pouvoirs spéciaux en Algérie en mars 1956, elle l'explique comme des « maintiens à l'ordre ». Ou encore des « opérations de rétablissement de la paix civile » pendant la bataille d'Alger.

Dans un premier temps la France ne peut pas reconnaitre la guerre en Algérie. En effet, l'Algérie étant une région française, cela reviendrait à reconnaitre un état de guerre civile. De ce fait, il n'y a pas de déclaration de guerre. La France lutte contre des terroristes ou des rebelles.

Après l'indépendance, tout est mis en oeuvre par l'Etat français pour tourner la page au plus vite. En 1962, à la fin de la guerre, a lieu un véritable exode. En effet, harkis (algériens musulmans combattants contre le Front de Libération National (FLN) aux côtés de l'armée française), pieds-noirs (algériens d'origine européenne et non-muslmans) et immigrés algériens (algériens musulmans) fuient le nouvel Etat algérien pour la France. Soit près de deux millions de personnes.

La fin de la guerre a été pour les harkis une véritable tragédie. Ils sont considérés soit comme des traitres, soit comme des collaborateurs. En effet, s'ils restent en Algérie, ils se font massacrer. En venant en France, étant des témoins gênants de la guerre, ils sont logés provisoirement dans des camps de transit, des cités d'accueil ou dans des hameaux forestiers, à l'abri des regards. Humiliés et abandonnés par la France, les harkis sont ainsi coupés du reste du monde.

Devant le slogan de certains nationalistes algériens « La valise ou le cercueil », beaucoup de pieds-noirs ont choisi « la valise ». Les pieds-noirs ont donc vécu l'indépendance comme un drame, un arrachement à leur terre natal, un exil obligé. Arrivés en France, ils reçoivent, tout comme les immigrés algériens, un accueil mitigé. Le gouvernement français ayant sous-estimé le nombre de rapatriés, rien n'était prévu pour eux. En effet, pour le gouvernement français, pas plus de trois cent mille « vacanciers », comme ils été considérés à l'été 1962, devaient arriver en métropole. De plus, les pieds-noirs (ou Français d'Algérie) souffrent de l'attitude de certains métropolitains défavorables à la guerre. Ayant vu certains de leurs proches se faire appelés et revenir traumatisés, blessés ou morts, ils en veulent aux algériens. Les pieds-noirs et les immigrés algériens sont ainsi victimes de racisme. Ils sont ensuite logés dans des bidonvilles (bidonville de La Folie à Nanterre) ou dans des HLM (Habitations à Loyers Modérés), certaines régions pratiquant la discrimination positive (comme la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ou la région Ile de France). Rapatriés dans l'urgence, ils se sentent humiliés et trahis par les français qui ont voté à 90% l'abandon de l'Algérie française lors du référendum du 8 avril 1962.

D'autre part, la France vote des lois d'amnisties pour dissimuler certaines de ses culpabilités et passe sous silence les évènements les plus sombres. Par exemple les manifestations du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962. La première est un appel au boycott d'un couvre-feu nouvellement mis en place pour les seuls Nord-africains et organisé par le FLN de Paris. Au cours de celui-ci, la répression policière fait plusieurs centaines de blessés et un nombre indéterminé de morts. La seconde fait suite au putsch d'Alger et à l'état d'urgence décrété en avril 1961. Le rassemblement organisé par le PCF (Parti Communiste Français) contre l'OAS (Organisation Armée Secrète) et la guerre d'Algérie est interdit. Maurice Papon, préfet de police, ayant reçu l'ordre de réprimer l'évènement, certains manifestant tentent de fuir et se réfugient dans la station de métro Charonne. Huit personnes meurent sur le coup étouffées et une neuvième décède à l'hôpital des suites de ses blessures. L'Etat français passera également sous silence la fusillade de la rue d'Isly à Alger en mars 1962 (manifestation de civils non armés partisans de l'Algérie française qui décident de forcer les barrages tenus par l'armée française. Cette manifestation fait suite à la mort de six appelés, victimes de l'OAS. La foule se retrouve devant un barrage et se fait mitrailler par l'armée française).

Enfin, les différents témoignages, livres ou films, sont soumis à une certaine censure. C'est le cas du livre La Question écrit par Henri Alleg (journaliste franco-algérien) en 1958. L'ouvrage, dans lequel il dénonce la torture lors de la guerre, est immédiatement censuré en France. Le film de Gillo Pontecorvo (journaliste et réalisateur italien) La Bataille d'Alger, sorti en 1966, n'est visible en France qu'en 1970. Cependant, sous la pression des manifestants d'extrême-droite et au vu du scandale médiatique, il est très vite retiré des écrans français.

Il y a une rupture complète entre les deux pays et en France, tout est fait pour oublier au plus vite « cette guerre dont on ne parlait pas » : il n'y a aucune commémoration officielle. On préfère célébrer la fin des deux guerres mondiales.

L'occultation de la guerre d'Algérie par les institutions françaises reflète bien l'échec

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