Les Harkis
Compte Rendu : Les Harkis. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 12 Avril 2012 • 433 Mots (2 Pages) • 750 Vues
Selon Rémi Kauffer, de Gaulle voyait dans les harkis des « jouets de l’Histoire », et non des éléments de l’armée française19. Peu après son retour au pouvoir, en 1958, de Gaulle se met à douter de l’intégration des musulmans d’Algérie qui était sous-jacente à la constitution de harkas. Ainsi, le 5 mars 1959, il se confie en ces termes à Alain Peyrefitte : « Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcher de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »20.
Il accepte cependant, lors de la nomination du général Challe comme commandant suprême en Algérie (fin 1958), sa proposition de porter l’armée au niveau nécessaire pour défendre tout le territoire, en enrôlant massivement des musulmans21.
Au conseil des ministres du 25 juillet 1962, peu après l’indépendance de l’Algérie, lorsque Pierre Messmer, ministre des armées, déclare : « Des harkis et des fonctionnaires musulmans, les moghaznis, se disent menacés, d’où des demandes qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut prendre une position de principe. », de Gaulle répond : « On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de rapatriés ne s’applique évidemment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères. Dans leur cas, il ne saurait s’agir que de réfugiés ! Mais on ne peut les recevoir en France comme tels que s’ils couraient un danger ! ». Le Premier ministre Pompidou ajoute alors : « Deux camps militaires ont été installés pour eux en métropole ; ils sont submergés. Ces gens ne veulent pas travailler… » et de Gaulle conclut : « Il faut les mettre en demeure de travailler ou de repartir ». Et alors, selon Peyrefitte, plusieurs ministres baissèrent la tête22.
Selon Guy Pervillé, de Gaulle était contre le rapatriement des harkis pour trois raisons23:
Il voulait montrer qu'il faisait confiance aux Algériens qui s'engageaient à n'entamer aucunes représailles suite aux accords d'Évian.
Il croyait à une manœuvre de l'OAS visant à infiltrer en métropole des recrues potentielles pour perpétuer la guerre civile en France24.
Surtout, de Gaulle refusait de distinguer le problème des harkis de celui de l'immigration algérienne en France. Il voulait que les harkis restent en Algérie car, pour lui, sauf exceptions individuelles, les harkis n'étaient pas des vrais Français. Le rapatriement de milliers d'Algériens constituait, à ses yeux, une menace pour l'identité de la France..
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