Histoire de la Tunisie
Cours : Histoire de la Tunisie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Khayem Karoui • 16 Juin 2017 • Cours • 6 432 Mots (26 Pages) • 1 070 Vues
IHEC 2015-16
HISTOIRE DE LA TUNISIE
Rappel chronologique
Période préhistorique : 300 000 ans a. J-C.
Capsien : 8000-6000 ans av. J.-C.
1200 av. J.-C. : époque phénico-punique
1101 av. J.-C. : fondation d’Utique
814 av. J.-C. : fondation de Carthage
550 av. J.-C. : dynastie magonide
396 av. J.-C. : époque républicaine
264-241 av. J.-C. : première guerre punique
241-237 av. J.-C. : guerre des mercenaires
218-201 av. J.-C. : seconde guerre punique
149-146 av. J.-C. : troisième guerre punique
146 av. J.-C. : époque romaine
146 av. J.-C. : destruction de Carthage et création de la province romaine Africa avec pour capitale Utique.
Le gouverneur romain est un sénateur au rang de préteur
46 av. J.C. : victoire de Jules César sur les alliés de Pompée à Thapsus (près de Békalta)
création d’une nouvelle province romaine appelée Africa Nova.
Fondation de la Carthage romaine par Jules César
27 av. J.-C. : fusion des deux Africa en une seule province appelée Africa proconsularis
Carthage devient capitale provinciale et le gouverneur est un proconsul.
Ier s. av. J.-C. : création de colonies déduites
IIe s. ap. J.-C. : promotion de villes africaines au titre de municipe et colonie honoraire.
182 ap. J.-C. : première attestation du christianisme en Afrique
211 ap. J.-C. : édit de Caracalla qui étend la citoyenneté à tous les habitants libres de l’Empire.
439 ap. J.-C. : époque vandale
533 ap. J.-C. : époque byzantine
647 ap. J.-C. : époque musulmane
La Tunisie romaine
L’époque romaine débute en Tunisie en 146 av. J.-C. avec la prise de Carthage et sa destruction par Scipion Emilien suite à trois ans de siège. Du territoire de Carthage fut formée une nouvelle province romaine appelée « Africa » du nom des autochtones, les « Afri ». Ce territoire, de 25000 km2, fut séparé du royaume numide qui s’étendait à l’Ouest par un fossé (fossa regia) creusé par Scipion Emilien. Cette frontière commençait au NO à l’Est de Thabraca (Tabarka), passait à l’Est de Vaga (Béja), incluait le mont Zaghouan (Mons Ziquensis), et arrivait à la côte Est au Sud de Thaenae (Thina, 11km au Sud de Sfax). En somme, cette nouvelle province incluait les régions de Bizerte, la Basse vallée de la Mejerda, le Cap Bon et le Sahel. Ce territoire fut déclaré propriété de l’Etat romain : « Ager publicus populi romani senatusque » (domaine public du peuple et du sénat romains). En d’autres termes les habitants de cette région furent dépossédés de leurs biens qui sont devenus propriété de l’Etat romain. Furent exceptées de ce statut sept villes puniques qui s’étaient désolidarisées de leur capitale Carthage lors de sa lutte contre Rome. Ces villes libres (oppida libera) sont Theudalis et Uzalis (El Alia), situées près de Bizerte, Utica (Utique), Hadrumetum (Sousse), Lepti Minus (Lamta), Thapsus (Ras Dimès, au Nord de Mahdia), Acholla (Henchir Boutria, près de Jbeniana).
I-L’administration de la province
L’administration de la nouvelle province fut confiée à un sénateur du rang de propréteur dont le siège de gouvernement a été Utique. Nommé pour une année, il se faisait assister par d’autres sénateurs (légats et questeurs) et des chevaliers (procurateurs).
En 46 av. J.-C., lors de la guerre civile qui opposa Pompée à Jules César, ce dernier obtint une victoire à Thapsus sur les alliés pompéiens parmi lesquels figurait le roi de Numidie Juba I. César créa des territoires du royaume numide une deuxième province en Afrique qu’il appela Africa Nova (nouvelle Afrique), alors que l’ancienne province reçut le nom d’Africa Vetus (vieille Afrique). Il décida aussi de refonder Carthage, projet qu’il n’a pas pu mettre en exécution à cause à son assassinat en 44 av. J.-C. C’est le premier empereur, Auguste (27 av . J.-C.- 14 ap. J.-C.), neveu de Jules César, qui a entrepris de reconstruire la ville à qui il donna le nom de Colonia Iulia Karthago et dont il fit la capitale des deux provinces d’Afrique qui, unifiées, reçurent le nom d’Africa Proconsularis (Afrique proconsulaire).
Avec l’avènement d’Auguste, l’administration de l’Empire fut partagée entre le Sénat et l’empereur. Celui-ci, chef des armées, a confié les provinces dont la romanisation n’était pas avancée, à un gouverneur militaire issu de l’ordre sénatorial (propréteur) ou équestre (procurateur). Dans chacune de ces provinces, ces gouverneurs cumulaient, avec le commandement de la garnison locale, l’autorité administrative et judiciaire. Quant à l’administration des provinces anciennes et profondément romanisées, elle était assurée par le Sénat qui y déléguait un proconsul (ancien consul). L’Afrique et l’Asie (Turquie actuelle) étaient les plus importantes provinces sénatoriales : leurs proconsuls étaient désignés par le Sénat parmi les anciens consuls (sénateurs).
L’Afrique proconsulaire couvrait la Tunisie actuelle, l’Est algérien et l’Ouest de la Tripolitaine. Elle groupait ainsi les régions très évoluées dont les populations étaient déjà imbues de civilisation méditerranéenne grâce au passé phénicien et carthaginois (zones côtières), ou son influence (royaume numide). Ces régions comptaient bien avant l’arrivée des Romains un grand nombre de cités actives dont les habitant avaient adopté les institutions de Carthage, et étaient formés aux pratiques commerciales, agricoles et artisanales des Puniques.
Le proconsul prenait sa charge le 1er Juillet et ne restait en fonction qu’une seule année. Il était secondé par procurateur (chevalier) nommé par l’administration impériale dont le rôle était de remplacer le gouverneur en cas d’absence et aussi la perception des impôts. Les pouvoirs du proconsul couvraient ces domaines :
- La justice : il était le juge suprême des affaires importantes au civil comme au criminel. Il se déchargeait sur des juges délégués que sur des affaires insignifiantes.
- L’administration de la province : il devait surtout assurer la communication des lois et règlements impériaux aux communes et veiller à leur application. Il devait aussi présider aux travaux publics d’intérêt général, tels que les routes et les aqueducs. Ces tâches étaient assurées par deux légats (sénateurs) qui résidaient l’un à Carthage, et l’autre à Hippo Regius (Annaba). Il présidait aussi aux cérémonies officielles et aux spectacles.
- La gestion des finances. Elle comprenait la collecte des impôts parmi lesquels il y avait l’annone qui était une taxe en céréales perçue des habitants et envoyée à Rome. Il était aidé dans la perception des impôts par le procurateur et la gestion des finances par un questeur (jeune sénateur).
La défense de la province était assurée par une légion de 5500 soldats (citoyens romains) appuyés par des auxiliaires (soldats non citoyens recrutés de l’Empire). Au début de la conquête, cette armée était sous les ordres du gouverneur. En 37 ap. J.-C., l’empereur Caligula (37 ap. J.-C.) enleva au proconsul l’autorité militaire qui releva dorénavant d’un légat (sénateur) nommé par l’administration impériale. Cette armée était installée sur la frontière (limes) au contact avec les tribus berbères. Le proconsul ne disposait plus sous son autorité que d’une cohorte de mille soldats qui avait pour rôle le maintien de l’ordre dans la province.
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