La Renaissance
Cours : La Renaissance. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nanou923 • 16 Février 2013 • Cours • 3 137 Mots (13 Pages) • 1 259 Vues
ntroduction
Pour plusieurs historiens, la Renaissance aurait eu son point de départ conventionnel en 1492 quand Christophe Colomb découvrit l’Amérique. Ce Nouveau Monde fut en effet un levier puissant pour faire évoluer le paradigme de la civilisation gréco-latine et judéo-chrétienne. Il contribua aux fondements de l’humanisme naissant. Cette découverte de l’altérité et de la différence avait déjà été préparée autant par les voyageurs médiévaux que par les contacts économiques et culturels avec les civilisations orientales.
Michel de Montaigne qui, pour constituer ses propres conceptions, a beaucoup lu les auteurs antiques comme les écrivains contemporains, a pu écrire dans ses Essais qu’il était essentiel de « frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui ».
En quoi l’humanisme de la Renaissance peut-il donc être caractérisé par cet accueil de la différence chez l’autre et le profit qu’il en espère ?
Nous verrons d’abord comment l’humanisme a évolué sous l’influence de son ouverture d’esprit, puis en quoi il a cru en l’unité du genre humain, enfin dans quelle mesure il a été capable de porter un regard critique sur la culture européenne.
Développement
I. L’ouverture d’esprit
Il convient d’abord de préciser que le terme d’humanisme a pu recouvrir deux sens assez différents.
L’évolution de l’humanisme
En effet si la Renaissance renouvelle l’idée selon laquelle l’homme se conçoit lui-même, cette conception évolue fortement selon les lieux et les moments, de l’humanisme florentin du XVe siècle aux Essais de Montaigne. C’est que l’horizon culturel s’est considérablement élargi. Le monde s’est ouvert à de nouveaux continents, un nouveau système économique, le capitalisme, est en train de naître, la Réforme remet en cause le dogmatisme catholique. Confronté à ce tourbillon de nouveautés, l’humanisme ne peut plus rester une attitude intellectuelle ou idéologique. Il va devenir lui-même quête du sens nouveau à donner aux événements, interrogation perpétuelle au sujet des troubles qui pourraient ébranler sa foi dans l’homme, « animal politique » selon Aristote.
Le premier sens chronologiquement a désigné ces lettrés qui ont consacré leurs énergies à l’étude et à l’enseignement des « humanités », c’est-à-dire de la grammaire et surtout de la rhétorique latine et grecque. La chute de l’empire romain d’Orient a conduit ces érudits à venir chercher refuge en Italie, elle a aussi permis le développement de l’humanisme au sens de l’étude des textes de l’Antiquité gréco-latine, première activité de ces savants.
Le second sens désigne le courant culturel, philosophique et politique qui a découlé de cette fréquentation des auteurs anciens et de leur confrontation avec des écrits plus modernes ou provenant d’autres courants de pensée. Cette deuxième acception définit un regroupement de qualités intellectuelles, sociales, affectives, propres à la « nature humaine ». L’humanisme conçu alors comme une ouverture au monde contemporain, une approche encyclopédique, une remise en question générale de la tradition devient un courant de pensée idéaliste et optimiste qui met l’Homme au centre du monde. L’humaniste devient le défenseur et le promoteur de toutes ces valeurs humaines capables de régénérer la vieille humanité déchue dans la barbarie pour avoir oublié les leçons des maîtres antiques ou les enseignements littéraux du Christ.
La curiosité d’esprit
Dans ses deux sens, l’humanisme a été caractérisé en premier lieu par la curiosité intellectuelle, le désir d’apprendre pour comprendre. Si le premier terrain d’étude a consisté dans l’édition et l’interprétation des écrivains de l’Antiquité, il s’est vite élargi aux langues vernaculaires, aux textes d’autres traditions. Pic de la Mirandole a complété ses centres d’intérêt religieux et philosophique par l’examen de la Kabbale. Vinci se montre éclectique en se passionnant pour l’art, l’architecture, la science et les techniques, alliant recherche conceptuelle et application pratique. Rabelais poursuit conjointement une formation médicale et des activités littéraires.
Cet élargissement du domaine des connaissances apparaît notamment dans les conceptions pédagogiques des humanistes. Même s’ils privilégient la culture à la nature, ils veulent d’abord faire confiance à l’intelligence. Rabelais dénonce dans Gargantua l’éducation traditionnelle qui s’appuie sur le dogmatisme religieux sclérosant et propose en contrepartie une voracité intellectuelle métaphorique digne de son géant.
C’est surtout la découverte du Nouveau Monde qui oblige les humanistes à concevoir une autre vision de la Terre, une autre idée de l’homme en raison de son existence en dehors de l’Europe, des confins orientaux ou des tribus sauvages des côtes africaines. Après la rencontre des peuplades amérindiennes, les écrivains doivent admettre des entités culturelles « sauvages » même si elles les déroutent de prime abord. Léry n’hésite pas à se mêler aux Tupinambas pour découvrir leurs coutumes parfois étranges et leur artisanat fondé sur l’« Arabotan, c’est-à-dire bois de Brésil ». Dans ses Essais, Montaigne se fonde sur les témoignages qu’il a lus, en particulier la relation du voyage de Léry, pour étayer sa connaissance des indigènes. Ces auteurs se plaisent à souligner une même curiosité chez les « sauvages » rencontrés. Les Amérindiens de Léry donnent, comme de grands enfants libre cours à leur intérêt pour leurs visiteurs en essayant certaines pièces des vêtements portés par les Européens. De même Montaigne porte à leur crédit « la curiosité de voir des choses étrangères et inconnues ».
L’esprit d’observation
Le deuxième humanisme ne se contente donc plus seulement des livres, mais donne une large part à l’expérience. C’est ce qu’affirme péremptoirement, quatre siècles plus tard, Antoine de Saint-Exupéry quand il écrit dans le préambule de Terre des hommes : « La terre nous en apprend plus long sur nous que les livres », corrigeant peu après « un spectacle n’a point de sens, sinon à travers une culture, une civilisation, un métier ». Le nouvel humaniste ne se satisfait plus seulement des leçons des anciens temps mais veut aussi tenir compte des réalités contemporaines. Rabelais met sous la plume
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