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Saint-Domingue à Haïti : révoltes et révolution (1789-1804)

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Par   •  2 Juin 2014  •  1 580 Mots (7 Pages)  •  6 203 Vues

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De Saint-Domingue à Haïti : révoltes et révolution (1789-1804)

28 février 2011

Auteur(e) :

Administrateur

"Vous vous fiez à l’ordre actuel de la société sans songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables [...] le grand devient petit, le riche devient pauvre, le monarque devient sujet : [...] nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions ; qui peut nous répondre de ce que vous deviendrez alors ? [...]Je tiens pour impossible que les grandes monarchies de l’Europe aient encore longtemps à exister. »

Rousseau (Émile ou de l’Éducation, 1762)

Une révolte est un mouvement de contestation de grande ampleur. C’est un acte d’opposition contre l’autorité établie, c’est le refus d’une situation jugée intolérable. Les révoltes ne touchent souvent qu’un groupe social. Une révolte a souvent tendance à avoir des revendications limitées. Une révolution est une mutation, brusque totale et irréversible du système politique à la suite d’une action radicale. Elle concerne le plus souvent un pays tout entier. Elle s’accompagne aussi souvent de changements importants dans les structures religieuses, économiques, sociales et culturelles.

Comment, dans le contexte de la révolution française, la « perle des Antilles » qui a fait la fortune du royaume de France est-elle devenue la première république noire ? A-t-on assisté à Saint-Domingue à une Révolution ?

I (vers 1789) Des groupes aux intérêts particuliers à l’origine...

a) Une société complexe

Vers 1789, la partie française de Saint-Domingue compte 600000 habitants. 35400 d’entre eux sont blancs. Ils représentent 6 % de la population. Les esclaves, eux, sont 510000 soit 89,5 % de la population.

Tous les blancs ne sont pas de riches planteurs. Comme le rappelle Robert Calvet. Il y a des blancs pauvres (appelés petits blancs), des commerçants, des hommes de loi, des marins, des agents de l’Etat, des militaires. Ceux qui sont nés à Saint-Domingue comme le comte Louis Pantaléon de Noé sont appelés créoles.

Tous les noirs ne sont pas des esclaves. Certains, comme Toussaint-Louverture sont affranchis, d’autres naissent libres. Parmi les esclaves, on distingue à Saint-Domingue, ceux qui sont nés en Afrique avant déportation dans le cadre de la traite négrière, les bossales, de ceux qui sont nés sur l’île également appelés créoles. Dans les habitations, tous les esclaves n’ont pas le même statut. Certains, comme le père de Toussaint-Louverture, peuvent circuler librement. Ils jouissent de la « liberté de savane ».

La société de Saint-Domingue n’est pas simplement bicolore. Il y a également des sangs-mêlés (mulâtres, métis, quarterons et mamelouques selon le nuancier raciste rapporté par Moreau de Saint-Rémy). Les sangs-mêlés et les noirs qui ne sont pas réduits en esclavage constituent un groupe non-négligeable (26000 personnes, 4,6 % de la population.) de libres de couleurs.

La société de Saint-Domingue est donc parcourue par des lignes de clivages qui ne se superposent pas automatiquement. Elles distinguent cependant le blanc du non blanc car c’est une société raciste, le libre de l’esclave car c’est une société esclavagiste, le créole de celui qui ne l’est pas car c’est une société coloniale.

b) Des intérêts différents si ce n’est divergents

Les colonies sont soumises au régime de l’exclusif ou pacte colonial. Dans les échanges, la métropole fixe le prix des denrées et interdit, en principe, de commercer avec une autre nation. Les agents de l’Etat veillent à son respect, les colons blancs souvent endettés par les négociants ? cherchent à s’en dispenser pour commercer avec les anglais, les espagnols et les américains.

Parmi les libres de couleurs figurent des propriétaires qui, comme les colons blancs, possèdent des plantations et des esclaves. Ils détiennent d’ailleurs un tiers des terres et un quart des esclaves. Ils partagent certaines préoccupations économiques des colons blancs mais pas les droits. Ainsi, des ordonnances royales leur interdisent la fonction publique, la chirurgie, les métiers de la jurisprudence, l’orfèvrerie. Ils ne peuvent porter certains vêtements. La société de Saint-Domingue est donc une société ségréguée.

Le sort le moins enviable est celui des esclaves. En 1685, le code noir préparé par Colbert à la demande de Louis XIV donne un statut juridique aux esclaves. Il en fait des biens meubles. Il oblige les maîtres à les déclarer et à les éduquer chrétiennement. Il les autorise cependant à les châtier (les mutilations et exécutions doivent cependant être motivées). C’est la raison pour laquelle des esclaves s’évadent. On les appelle marrons. En 1792, ils étaient entre 1000 et 2000. Il leur arrive également de se soulever. Ainsi, François Macandal fut-il vers 1750 à l’origine de différents soulèvements d’esclaves et d’empoisonnement de colons blancs.

Les différentes composantes de société coloniale sont donc loin d’avoir les mêmes aspirations. Les esclaves veulent la liberté, les libres de couleur veulent l’égalité, les planteurs blancs veulent s’affranchir des contraintes de l’exclusif.

II de révoltes (1789-1794) ....

a) La révolte

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