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Le traité de Paris (1763)

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Par   •  14 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  5 802 Mots (24 Pages)  •  1 658 Vues

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BISMUTH Terry

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TD n°06

 COMMENTAIRE D’HISTOIRE MODERNE 

Le traité de Paris, 1763 

Plan du commentaire

Introduction

I/  Un traité refondateur de l’ancien partage du monde

A/ Le partage du monde depuis les grandes découvertes

  1. Un nouveau cadastre du monde
  2. L’essor de l’empire colonial britannique
  3. La diversité de l’empire colonial français
  4. L’Espagne et le Portugal encore au zénith

B/ Le traité d’Utrecht et ses conséquences

  1. L’Angleterre fait la paix
  2. La redistribution des possessions
  3. Un nouvel ordre mondial

C/ Mettre fin à des tensions

  1. La France et l’Angleterre, déjà arbitres de la paix
  2. Des rivalités coloniales insurmontables
  3. Une paix nécessaire

II/ Un traité de paix stratégique et commercial

A/ Sortir des conflits

  1. Un traité urgent et autorisé
  2. Un traité pragmatique et impératif
  3. Un traité de tolérance limitée

B/  Ménager les espaces commerciaux et les intérêts économiques

1) L’intérêt commercial au centre

2) Bénéfices importants pour l’Angleterre

3) Inconvénients limités pour la France

C/ Gouverner les mers

  1. La mer : un enjeu commercial
  2. La mer : un enjeu militaire
  3. La mer, les fleuves et les rivières

III/ Un traité de nouvel équilibre des puissances

A/ L’hégémonie anglaise

  1. Une hégémonie renforcée
  2. Une hégémonie subtile
  3. Une hégémonie diversifiée

B/ Les concessions à la France, à l’Espagne

  1. Des concessions territoriales
  2. Des concessions commerciales

C/ La défaite paradoxale de la France

  1. Une défaite limitée
  2. Une semi-victoire diplomatique

 

   Le traité de Paris est signé le 10 février 1763, à l’issue de trois années de négociations très délicates. Les signataires sont les trois belligérants du conflit en Inde et au Québec : la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne. Le traité est aussi adopté par un quatrième, le Portugal. Cité seulement ici en extrait, certes substantiel puisqu’il énonce l’ensemble des modifications territoriales, il se constitue de vingt-sept articles, suivis de deux articles séparés. Ces vingt-neuf articles énoncent d’abord les décisions concernant la France et l’Angleterre, avant de préciser celles séparant les possessions britanniques des espagnoles. Outre les clauses protocolaires, il vise à définir de façon aussi exhaustive que possible, le nouvel ordre du monde. En effet, le traité de Paris, retrace les frontières, précise les zones d’influence et réglemente le commerce. Dans un style juridique et impersonnel, en français, la langue diplomatique, sans pour autant vouloir en quelque sorte favoriser ceux qui parlent cette langue (en l’occurrence vaincus militairement), il spécifie les acquis et les renonciations des quatre puissances concernées. Il se veut irénique autant qu’impératif : il s’agit de fonder une paix réelle et durable.

Il convient de déterminer en quoi ce traité modifie l’équilibre international et, éventuellement, en faveur de qui, et surtout dans quelle mesure, pour mieux identifier le nouveau rapport de force qui peut en résulter. Ce traité entend associer une affirmation croissante de l’hégémonie britannique à un relatif pragmatisme pour éviter des guerres ultérieures. C’est à cette lumière qu’il faut le lire, celle d’une double exigence, quelquefois en tension, mais qui donne tout son relatif équilibre au texte. Son ambition est considérable : redessiner les frontières territoriales, militaires mais aussi commerciales à l’échelle du monde.

Dans cette perspective, il importe de le situer d’abord en référence à ce qu’il modifie et à l’histoire conflictuelle dont il constitue un aboutissement. Ensuite, il faut déterminer son ambition exacte, stratégique et économique. Enfin, vient l’heure d’une dernière évaluation des gains et des pertes réciproques.  

  Au travers d’une formulation très précise, le traité de Paris fait référence à la situation antérieure, souvent implicite, qu’il modifie et réorganise très largement dans le but d’édifier « une paix chrétienne universelle et perpétuelle » (article l, l. 1). Cette paix doit reposer « sur des fondements solides et durables et écarter pour jamais tout sujet de dispute » (article 7, l. 53-54). Dans cette perspective, le traité de Paris se veut le plus exhaustif possible afin de laisser subsister le moins de « zones grises », susceptibles d’occasionner un nouveau conflit. Il s’inscrit dans une histoire précédente à laquelle il est quelquefois fait référence, ainsi en faisant mention du traité d’Utrecht (article 5, l. 32) ou du commencement de l’année 1749 (article 11, l. 126). Cependant, la référence à l’histoire plus ancienne est ici surtout familière à tous. Néanmoins, elle est indispensable pour comprendre les continuités et les ruptures. Le traité de Paris n’organise pas le monde ex nihilo mais s’inscrit dans un héritage, celui d’une organisation du monde colonial depuis les grandes découvertes. En 1494, l’Espagne et le Portugal se répartissent leurs possessions et tracent d’importantes frontières coloniales par le traité de Tordesillas.

L’Angleterre, soucieuse de développer son commerce, entend, dès le règne d’Elisabeth Ière (1558-1603), conquérir les mers et aussi de nouvelles terres, même si elle cherche surtout des comptoirs. Avec le XVIIème siècle s’ouvre l’époque de la colonisation britannique, marquée par la constitution des compagnies à charte comme celle des Indes Orientales et la fondation rapide de colonies de peuplement en Amérique du Nord. De nouveaux territoires sont pris aux puissances concurrentes comme Barbade (1627), les Bahamas (1648) ou encore la Jamaïque (1655). En Inde, l’Angleterre fonde ses trois Présidences, Madras, Bombay et Calcutta. Dès le début du XVIIIème siècle, c’est un véritable empire avant la lettre qui se constitue dans une visée surtout commerciale. Cette expansion entraîne des tensions avec l’Espagne et la France, qui s’inquiètent de cette avancée britannique. Le traité de Paris est l’aboutissement de ces tensions.

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