Affiche Du Gouvernement Commémorant Le Centenaire De La Conquête De L'Algérie réalisé par Victor Huen.
Rapports de Stage : Affiche Du Gouvernement Commémorant Le Centenaire De La Conquête De L'Algérie réalisé par Victor Huen.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar noweak • 23 Mai 2013 • 1 896 Mots (8 Pages) • 2 850 Vues
Présentation
« La colonisation a donné lieu à une abondante production d’images. Celle-ci est une des nombreuses images de propagande coloniale réalisées à l’occasion des manifestations célébrant, en France et en Algérie, le centenaire de la conquête de l’Algérie par la France (1830). Elles se déroulèrent du 1e janvier au 30 juin 1930, précédant d’un an la grande exposition coloniale internationale de Paris, apothéose du colonialisme français.
L’image porte la signature de Victor Huen (1874-1939) qui est l’auteur du dessin à partir duquel la reproduction a été faite.
C’était un peintre de réputation modeste, spécialiste des scènes militaires. Il était très soucieux de détail, dans la tradition de l’art académique. Il fut surtout un bon dessinateur, employé par les ateliers d’imprimerie d’images populaires (affiches, cartes postales, images pour enfants, publicités...), comme ici les « Imageries Réunies de Jarville » à Nancy. L’image porte également leur signature.
L’expression « image d’Epinal » est l’expression générique pour désigner ce type d’image populaire très répandu au XIXe et début XXe car c’était la spécialité de la ville d’Epinal.
Le dessin de Victor Huen est reproduit par le procédé de la lithographie qui permet de reproduire des sujets à moindre coût et en grande quantité. A la différence des procédés de gravure traditionnels pour lesquels le support (bois ou métal) était creusé (au burin ou par des procédés chimiques), la lithographie est une technique qui consiste à dessiner à la surface du support (une pierre calcaire) et à utiliser un processus chimique simple pour obtenir l’image à imprimer. La technique date de la fin du XVIIIe siècle, inventée par un auteur dramatique qui cherchait un moyen économique de reproduire ses textes, Aloïs Senefelder. »
Composition
Plans
« Victor Huen a construit son image de façon classique, en trois plans successifs :
- Un premier plan est occupé par toute une série d’objets et d’éléments symboliques des activités qui unissent la France et l’Algérie. De gauche à droite, on peut distinguer un globe et des livres, des pièces de tissu, une masse, des éléments d’engrenage, une pelle, des grappes de raisin, une gerbe de céréales, une charrue, des moutons.
- La partie centrale du dessin, au second plan, est celle qui occupe l’essentiel de l’espace et qui est au cœur du message véhiculé par l’image : on peut voir des groupes de personnages, organisés autour de la figure centrale de l’allégorie de la France, juchée sur une sorte de trône et qui domine l’ensemble de la composition. De gauche à droite : une infirmière, un magistrat, deux enfants, un soldat, un algérien, un colon européen, un autre algérien.
- Enfin, à l’arrière, un troisième plan constitue un décor simple, avec un effet de perspective pour attirer l’œil vers la partie centrale : des bateaux à quai que l’on charge et décharge de marchandises, la mer. Dans l’angle droit, un bâtiment à la toiture en forme de coupole qui évoque l’architecture locale du Maghreb, un arbre qui évoque vaguement un palmier.»
Couleurs
« Dès les débuts de la lithographie, à la fin du XVIIIe siècle, se posa la question de la couleur : les débuts furent hésitants avec la nécessité d’utiliser plusieurs pierres (voir calque « Présentation ») comme support, une pour chaque couleur. C’est un lithographe français, Godefroy Engelmann, qui ouvrit au début du XIXe siècle la voie vers des techniques plus complexes pour obtenir des images en couleur : on parla alors de chromolithographies. Leur succès et leur diffusion en grand nombre les fit désigner avec mépris sous le diminutif de « chromos ». Le procédé d’impression repose sur les multiples nuances possibles que l’on peut obtenir à partir des trois couleurs primaires (bleu, jaune et rouge) auxquelles on ajoute le noir : c’est ce que l’on nomme la quadrichromie.
On voit bien ici la médiocre qualité de l’image dont les couleurs sont pour le moins simples : sont utilisées directement les couleurs primaires plus quelques touches de vert et de marron. La piètre qualité de l’image se retrouve également dans les nombreux petits défauts de superposition des couches de couleurs sur le dessin.
Le but n’est manifestement pas d’utiliser les couleurs pour produire une œuvre de qualité mais dans un but symbolique, facilement identifiable :
- Couleurs de la France, bleu/blanc/rouge
- Couleurs qui évoquent les particularités idéalisées d’une Algérie méditerranéenne (jaune : soleil ; bleuté pâle du ciel) et agricole (vert : feuilles de la vigne, palme qui symbolise l’abondance).»
Textes
« Au-delà de l’image elle-même qui est construite et mise en couleur de façon simple, des éléments de texte viennent la compléter, éclairer le message de propagande. Il s’agit de bien se faire comprendre par des « lecteurs », si l’on peut dire, qu’il s’agit d’éduquer :
- On l’a vu (calque « Présentation »), l’œuvre porte une double signature, celle de l’atelier de lithographie et celle du dessinateur, gages d’une relative qualité (dans un contexte de concurrence entre les ateliers d’imprimerie : Epinal, Nancy…)
- Surtout, le dessin porte un titre, bien visible, qui permet de situer, dans le temps et l’espace, l’événement symboliquement représenté : la conquête de l’Algérie par la France un siècle plus tôt, en 1830. L’image est diffusée dans le contexte des commémorations qui ont lieu du 1er janvier au 30 juin 1930, des deux côtés de la Méditerranée.
- Le message est aussi diffusé par deux courts messages intégrés à l’image. L’un est facilement lisible, sur un rouleau de papier tenu par le magistrat : « Le droit, la Loi, la Justice ». L’autre, sur le livre que tiennent les deux enfants, nécessite de faire l’effort de curiosité pour manipuler l’image pour lire le début d’un abécédaire et le début d’une phrase, « La France est mère… »
- Enfin, cette image d’Epinal était accompagnée d’un texte de quelques lignes dont le but était de compléter le message diffusé :
« Avant 1830, l'Algérie, province nominale de l'Empire turc, était un pays sauvage
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