Subjonctif fiche de grammaire

Le subjonctif

• Définition morphologique

L’indicatif et le subjonctif sont les seuls modes véritablement personnels, qui possèdent les six personnes du verbe. Ils présentent également le + grand nombre de tps ; mais le subjonctif apparaît plus pauvre en tps que l’indicatif. Officiellement, le subjonctif comprend 4 temps, répartis en 2 formes simples et 2 formes composées correspondantes : le présent, l’imparfait, le passé et le plus-que-parfait. A la différence de l’indicatif, il ne comporte pas de futur ; l’époque future est dénotée par le présent du subjonctif. Si l’on considère l’emploi des modes dans le français courant, le subjonctif comporte 2 temps seulement : le présent et le passé. L’imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif, très employés à l’époque classique, ne s’emploient plus aujourd’hui que dans un registre soutenu ou littéraire et essentiellement à la 3ème pers., du sg ; ils ont pratiquement perdu leur valeur sémantique particulière, qui était encore perceptible dans la langue classique

• Caractérisation fonctionnelle

Point de vue syntaxique : le subjonctif s’emploie le plus souvent dans une proposition subordonnée complétive, relative ou circonstancielle et plus rarement en proposition indépendante. En opposition avec l’indicatif, le subjonctif apparait comme un mode de la dépendance. Certains en concluent que le subjonctif ne possède pas de signification propre mais est automatiquement imposé par un terme de la proposition principale. En découle 2 critiques :

1. L’emploi du subjonctif en proposition indépendante, même restreint, ne peut pas être expliqué par ce genre de contrainte grammaticale
2. Il existe diverses constructions où le locuteur peut choisir entre l’indicatif et le subjonctif

La structure syntaxique fournit un cadre commode pour classer les occurrences du subjonctif, en distinguant les emplois en proposition indépendante et les emplois en proposition subordonnée. Mai sil convient aussi de se demander si le subjonctif est obligatoire ou si le locuteur a le choix entre le subjonctif et l’indicatif

• Définition sémantique

G. Guillaume dégage une valeur sémantique de base. Comme le subjonctif est inapte à situer exactement le procès dans une des trois époques comme l’indicatif, il ne peut pas saisir l’idée verbale dans sa complète actualisation, mais envisage celle-ci à un stade antérieur, en cours de génération. On l’emploie donc chaque fois que l’interprétation l’emporte sur la prise en compte de l’actualisation du procès, lorsque s’interpose entre le procès et sa verbalisation l’écran d’un acte psychique (sentiment, volonté, jugement) qui empêche le procès d’aboutir à son actualisation totale.

Dans je pense qu’il viendra : le locuteur envisage le procès à venir en soi, dans son éventualité. Dans je veux qu’il vienne : c’est l’interprétation qui passe avant la prise en considération du fait envisagé.

G. Guillaume établit ensuite une corrélation entre le subjonctif et l’idée de possible vs indicatif avec idée du probable. Toutefois, cette distinction rend mal compte des cas où le subjonctif exprime un fait « réel » : je regrette qu’il soit venu. R. Martin reformule en terme logico-sémantiques : le subjonctif marque l’appartenance du procès aux « mondes possibles »

Le subjonctif en phrase indépendante ou principale

• Phrase injonctive

En FM, le subjonctif apparait principalement dans des phrase indépendantes de type injonctif. Il exprime un ordre, une défense, une exhortation. Normalement annoncé en tête de phrase par que qui permet de l’opposer à l’indicatif, ce qui est nécessaire quand la forme du verbe est identique au présent des 2 modes. Dans la phrase injonctive, le subjonctif supplée l’impératif aux personnes que ce dernier ne possède pas, essentiellement à la 3ème personne du sg., et du pl., : qu’il(s) vienne(nt) ! La 1ère perso., est plus rarement utilisée dans une phrase injonctive

• Phrase exprimant un souhait

Diverses expressions figées sans que présentent aussi ces valeurs : vive le roi ! vive la république ! vive la France ! [Vive ici est considéré comme une interjection et non plus comme un vb vivant

• Phrase exprimant une supposition

Le présentatif soit s’emploie dans un discours didactique, comme dans : soit un triangle équilatéral… Dans une phrase exclamative, l’hypothèse envisagée est rejetée avec indignation par le locuteur : moi, que je fasse une chose pareille ! Le subjonctif précédé de que est ici concurrencé par l’infinitif, qui donne plus de force à l’idée verbale, ou bien par le futur ou le conditionnel. Une phrase hypothétique au subjonctif peut aussi être juxtaposée ou coordonnée à une phrase, avec laquelle elle entretient des relations sémantiques de même nature qu’une subordonnée introduite par si dans un système hypothétique : qu’il vienne me voir, je ne le recevrai pas

• Affirmation polémique

Dans un usage soutenu, le verbe savoir, dans une forme négative, à la 1ère pers., du subjonctif introduit ou appuie une affirmation polémique : je ne sache pas qu’il ait présenté une thèse brillante. Cet emploi peut être rapproché du verbe savoir en subordonnée introduite par que, rattachée surtout à une phrase négative ou interrogative : il n’est pas là, que je sache

Dans tous ces emplois en phrase indépendante, le subjonctif met l’accent sur l’interprétation du procès, qui est perçu subjectivement. La plupart situent le procès dans l’avenir, où sa valeur de vérité est suspendue. Hormis les phrases injonctives, le subjonctif se rencontre dans des expressions figées ou dans des types de discours particuliers

...