Quelle différence entre l’histoire et la mémoire ?
Note de Recherches : Quelle différence entre l’histoire et la mémoire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar titi1000 • 14 Octobre 2014 • 2 230 Mots (9 Pages) • 1 767 Vues
L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Quelle différence entre l’histoire et la mémoire ?
Les deux traitent d’un passé récent, on cherche à faire des récits.
Récit mémoriel : repose sur un souvenir individuel (ou non transmis) souvent mêlé à un ressenti émotionnel qui manque de distance pour décrire l’ensemble.
Récit historique : tend vers la vérité et l’objectivité
L’historien multiplie les témoignages et les sources pour les confronter et en faire une analyse critique
Quel lien l’Histoire et la mémoire entretiennent-elles ?
S’il est nécessaire de distinguer, voire d’opposer dans certains cas, Histoire et mémoire, dans quelle mesure ces deux notions s’enrichissent-elles mutuellement ?
I. Une mémoire sélective de la guerre
A) Une mémoire fabriquée
Au lendemain de la guerre, nécessité d’effacer le traumatisme de la guerre, de la défaite et de la division entre les Français.
Les autorités de la Résistance veulent refermer au plus vite la parenthèse Vichiste en imposant un récit officiel.
_ Résistance soutenue par une majorité de Français, seulement une petite poignée avait rejoint Vichy
_ Vichy présenté comme un Etat illégal
_ défaite de 1940 effacée par la victoire de 1944-1945
_ on minimise le rôle des alliés dans la libération
→ Fabrication d’un récit qui esquive l’ambiguïté des années d’occupation
Les Français y adhèrent massivement
Ni le génocide juifs ni les collaborateurs ni collaborationnistes ne sont évoqués.
B) Une concurrence des mémoires
1/ La mémoire Gaulliste
_ Prépondérance de la Résistance extérieure : évocation de la 2eme division blindée, qui la première entre dans Paris
_ De Gaulle affirme que la prise de pouvoir du 10-11 juillet 1940 était un coup d’Etat → l’Etat Français est à partir de ce moment représenté par De Gaulle
Pourtant l’appel du 18 juin n’a pas eu tout a fait le même effet. De Gaulle comptait sur les Français réfugié en Angleterre (prise de la poche de Dunkerque = 130 000 soldats) mais seulement une poignée le rejoignent (7000) .
Il ne peut donc pas représenter la France Libre car +99% des Français soutiennent Pétain au même moment.
2/ La mémoire communiste
23 aout 1939 : pacte de non-agression conclut entre l’URSS et l’Allemagne
→ les communistes sont alors neutres face à l’invasion et leur parti est alors dissout pour trahison en 1939
Mais à la suite de l’opération Barbarossa lancé le 22 juin 1941 qui rompt le pacte, les communistes se soulèvent et se réfugient dans les maquis.
Beaucoup sont arrêtés et tués.
→ Le parti communiste se présente à la fin de la guerre comme le parti des 75000 fusillés, le parti qui s’est sacrifié pour que la France vive
3/ Une mémoire Pétainiste
Thèse du double-jeu :
Pétain = résistant caché qui collabore pour endormir la vigilance allemande → obtenir de meilleures conditions d’occupations afin de mieux préparer la vengeance
Robert Aron soutient cette thèse dans son ouvrage : Histoire de Vichy (1954) qui tente de concilier les Français :
« Le maréchal était le bouclier, le général l’épée. »
C) Le consensus résistancialiste
De ces différentes mémoires, résulte le mythe d’une France unanimement résistante.
Henry Rousso dans le Syndrome de Vichy (1990) expose les deux versions du mythe français :
_ la version gaulliste : la Résistance massive fut incarnée depuis le départ par De Gaulle, à l’inverse une poignée de traitres obéissaient à Vichy
_ la version communiste : elle insiste sur un soulèvement populaire et spontané, pour eux, Vichy est l’expression d’une frange de la bourgeoisie
De plus, le consensus résistancialiste se trouve un héros, plus, un martyre : Jean Moulin (parachuté le 1er janvier 1942, chargé de coordonner les mouvements résistants en France, chef du CNR (conseil national de la Résistance) à partir de mai 1943):
_ à l’image de De Gaulle, il a désobéit pour rejoindre la Résistance et devenir un rassembleur, haut fonctionnaire qui a su laissé de coté ses idéologies de gauche
_ Les communistes insistent sur ce côté d’homme de gauche qui participe notamment à des cabinets du front de gauche.
Le consensus est entretenu dès 1945 à travers :
• la création de stations de métro :
_ Jacques Bonsergent : premier civil fusillé en 1940
_ Charles Michel : syndicaliste et militant communiste fusillé en 1941
_ Pierre Brossolette : héros de la Résistance française
_ Honoré d’Estienne d’Orves : très grand résistant
• La création du Concours national de la Résistance à partir de 1961:
But : inscrire ce consensus dans les mémoires, entretenir le mythe
_ 1964 « La part prise par la France dans la libération du territoire »
_ 1971 « Le général De Gaulle, chef de la Résistance française »
_ 1975
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