Les complots
Fiche : Les complots. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 1 Mai 2013 • Fiche • 579 Mots (3 Pages) • 942 Vues
Si les complots sont aussi anciens que la vie politique, la notion de « théorie du complot » se serait développée pour la première fois dans l'opposition parlementaire à la Couronne britannique au xviie siècle : l'opposition menée par Henri Bolingbroke développe l'idée que leurs adversaires politiques, au lieu de préserver les intérêts des sujets en préservant le principe de représentation, augmenteraient les impôts car, payés par la Couronne, ils s'en retrouveraient ainsi mieux payés. Cette culture de l'opposition et de la théorie du complot s'est transmise aux États-Unis, où les colons américains étaient convaincus que la Couronne, mais également la classe dirigeante britannique souhaitaient renverser leur pouvoir. [réf. nécessaire]
Toutefois, les historiens s'accordent à considérer que la première théorie du complot proprement dite fut celle, répandue à la fin du xviiie siècle, portant sur la Révolution française. Pour Frédéric Charpier, ce sont les Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, écrites en 1798 par l'abbé Augustin Barruel, qui constituent l'acte de naissance de « la première théorie du complot » : la Révolution française ne serait pas un mouvement populaire spontané, mais le fruit d'une conspiration antichrétienne. De manière indépendante, l'écossais John Robison fait paraître Les preuves d’une conspiration contre l’ensemble des religions et du peuple mené de toute main par l’ensemble des gouvernements du monde, où il prétend montrer l'existence d’une conspiration des Lumières œuvrant au remplacement de toutes les religions par l’humanisme et de toutes les nations par un gouvernement mondial unique. Charpier y voit le prototype contenant l'essentiel des ingrédients des futurs récits conspirationnistes : une « idéologie réactionnaire », une « subjectivité camouflée dans une fausse objectivité », un « langage haineux »2, etc. Concernant le caractère réactionnaire de la théorie du complot, on peut toutefois relever que les analyses de l'abbé Barruel ont été contredites par Joseph de Maistre3. De son côté, Marcel Gauchet déclare que c'est en réaction à Augustin Cochin, dont l'œuvre relaie la même interprétation conspirationniste de la Révolution, que l'expression « théorie du complot » est apparue en France4.
S'il est vrai que les Constitutions d'Anderson, texte fondateur de franc-maçonnerie, ont exercé « une influence profonde sur les écrits que produisirent nombre d’initiés ayant appartenu au monde littéraire du siècle des Lumières »[réf. nécessaire], leur existence n'implique aucunement l'existence d'une conspiration. Ainsi, « l’influence prêtée abusivement aux maçons est avant tout à rechercher dans le rôle exercé par la formation maçonnique sur les mentalités des initiés », aux idées qui circulaient au xviiie siècle et non à quelques conspirateurs spécifiques5.
La Révolution française peut être ainsi vue comme le premier grand événement de l'histoire du conspirationnisme, dans la mesure où ce bouleversement a suscité des théories de tous bords. Car si l'idée fantasmatique de la Révolution comme coup d'État planifié était relativement partagée, il y avait à l'inverse une très grande diversité des interprétations
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