La nouvelle histoire
Dissertation : La nouvelle histoire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sarah Rodrigues • 2 Décembre 2015 • Dissertation • 2 617 Mots (11 Pages) • 953 Vues
Exposé, André Burguière
Fernand Braudel, historien français du mouvement des annales écrit « la science sociale est presque l’horreur de l’événement. Non sans raison le temps court est la plus capricieuse, la plus trompeuse des durées ». Ceci résume l’esprit même de l'ouvrage publié sous la direction d’André Burguière, Dictionnaire des sciences historiques.
Ce qui nous est présenté ici est une partie de l'avant-propos rédigé par André Burguière dans cet inventaire des sciences historiques au XX ème siècle. On y voit l'effritement des paradigmes des annales avec la dernière génération de ce mouvement dont André Burguière fait partie.
Né à Paris en 1938, André Burguière devient directeur d'étude à l'Ecole des hautes études en science sociales où il enseigne l’histoire de l’anthropologie. Spécialiste de la famille et de la population de l’époque moderne, il participe au développement de l'anthropologie historique dans le prolongement de l'étude des mentalités dont Marc Bloch et Lucien Febvre, fondateurs de la revue des Annales ont été les initiateurs. Il est également professeur invité d’université à New-York, en Californie ou encore dans le Michigan, à Budapest ou Tokyo. Membre de la revue des annales dont il a été le secrétaire de 1969 à 1976, il collabore régulièrement avec l’hebdomadaire le Nouvel Observateur depuis 1975. L'historiographie française est dominée par les annales depuis la fondation de la revue du même nom en 1929. Les annalistes acquièrent une renommée internationale dans les années 1970 avec à leur tête Braudel ; qui représente les troisième génération de ce courant, son «âge d’or » selon François Dosse. Cette nouvelle histoire est faite de l’étude des mentalités, à travers l'étude des représentations collectives grâce à un programme d’anthropologie historique mené par Burguière. Spécialiste également d'Histoire des Sciences Sociales, il a publié un Dictionnaire des sciences historiques, publié en 1986.
Sous la direction d'André Burguière, les auteurs font un inventaire des sciences historiques. André Burguière dans son avant propos fait le point sur la situation de l’histoire au XXème siècle, expliquant sa prédominance au sein des sciences sociales comme « science maîtresse ». Problématique : Dans quelle mesure Burguière se distingue t-il du mouvement des annales par sa vision et son étude de l’histoire ?
Cette distinction nous la verrons en trois plans :
I. Les conditions de travail de l’historien
Un travail qui est le fruit de la demande sociale
Le texte commence tout d’abord par soulever le problème que doit se poser l'historien. Pour cela, Burguière parle du pouvoir prophétique de l’histoire mais, ne dit aucunement que la mission de l'historien est de "prévoir l'avenir" c’est le monde environnant qui le suggère, ligne 1 :« Consciemment ou non, l'historien sait désormais que cet objet n'est pas le passé lui-même mais ce qui, dans les traces laissées par le passé, peut répondre aux questions qu'il se pose et ces questions sont celles que lui suggère le monde dans lequel il vit ».
L’historien prend acte d'une présence plus grande des préoccupations historiques dans les années 1980, en France, dans le domaine de l’édition par exemple ligne 16 : « La forte demande d'histoire que l'on constate aujourd'hui encore dans le grand public s'inspire largement de cette tradition ». En effet, le gouvernement avait proclamé, avec le ministre de la culture de l’époque Jean Philippe Lecat, 1980 comme année du patrimoine, il y a eu beaucoup de visites, beaucoup de publications, et symboliquement on a consacré un retour de l'histoire sur le devant de la scène française. Le patrimoine s’élargit, par l’action du gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing et d’historiens tels que Pierre Nora. Cela montre la lecture ethnologique du patrimoine.
la société est donc rassemblée autour de son passé, son histoire grâce au travail de l’historien qui fait le lien entre la passé et le présent.
Entre passé, présent et avenir
En effet on remarque qu'André Burguière insiste sur cette notion qu’est le temps. D’une part nous avons dans cet ouvrage une critique du mouvement méthodique, qui fait de l’histoire sur de la courte durée. Il explique par cette méthode que les historiens font une histoire historisante, événementielle, visant en particulier Jules Michelet qu’il mentionne directement dont les idées sont dépassées en cette fin de XXeme, ligne 8-9 « Ce n'est donc plus à une tâche de résurrection - cette résurrection intégrale du passé rêvé par Michelet -qu'est convié l'historien mais à un travail de compréhension ». On remarque alors un point de rupture avec l’histoire passéiste.
D’autre part, le courant méthodique représente un héritage qui vient de la génération romantique avec une vision romancée de l’histoire, dans une tradition littéraire, avec des historiens qui tiennent à écrire dans la lignée des auteurs romantiques du XIX ligne 14-15 : «Une tradition littéraire qui conférait au discours historique un pouvoir de prophétie (par la science du passé, esquisser les voies de l'avenir) et un pouvoir d'évasion (le charme mystérieux et romantique des mondes révolus ») . Pour Burguière cette manière de procéder est un abus de pouvoir de la part de l'historien, ça n'est pas parce qu'on a quelque chose à dire sur des faits passés que l’on peut comprendre ou encore connaître le temps présent à la ligne 14.
Au contraire, l’auteur, lui, met très bien en valeur cette double dimension de l'histoire . Selon lui, l’historien doit tracer l’avenir en s‘appuyant sur le passé pour mieux comprendre le présent. L’histoire est bien au service de la démocratie et de l’émancipation de l’individu. Ce n’est pas pour construire un récit, mais pour confronter de manière critique le présent et le passé dans le but de donner à chacun les moyens de maîtriser la contingence de l’histoire .
Cette idée d’éclairage du présent pas le passé est utile tant à l’historien qu’aux citoyens pour comprendre la société quand laquelle nous vivons.
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