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Benedict andderson Imaginaire nationale

Commentaire de texte : Benedict andderson Imaginaire nationale. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 803 Mots (8 Pages)  •  342 Vues

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Villié Rémi

TD Science Politique

Résumé d’argumentaire :

Benedict Anderson, L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme

« introduction-concepts et définitions » p18-21

« Chapitre 2 – les origines de la conscience nationale »

        « La nation est une famille, le nationalisme est une abstraction »[1]. Comme le souligne André Frossard, ces deux termes souvent confondus ont pourtant des interprétations très différentes. C’est sur ces thèmes que Benedict Anderson publie en 1983 son œuvre L’Imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme. Historien et politologue irlandais, il se spécialise sur l’histoire de l’Asie du Sud-Est et particulièrement sur l’Indonésie, proposant une réflexion sur le nationalisme en s’inspirant d’exemples autres que les totalitarismes européens. Il différencie clairement la conscience nationale, qui représente l’adhésion aux valeurs de la nation, et le nationalisme, qui correspond à une dérive hiérarchisant ces valeurs comme supérieures à celle des autres nations.

        Selon lui, la force du nationalisme vient de sa capacité à combiner universalisme et particularisme pour rester cumulable avec d’autres idéologies. Cependant, Anderson se retrouve face à un concept de nationalisme doté de grands paradoxes : la modernité objective face à cette ancienneté subjective, son universalité comme concept socio-culturel (sui generis) face à sa singularité de définition, mais aussi la puissance politique de celle-ci malgré sa relative pauvreté de réflexion. Selon l’historien, ces paradoxes viennent  de la définition biaisée de la nation ; il va donc s’atteler à étudier la cause de l’émergence de cette conscience. La nation est selon lui une « Communauté politique imaginaire, et imaginée comme intrinsèquement limitée et souveraine » (p.19). « Imaginaire » comme création culturelle, « imaginée » car un fort sentiment d’appartenance se crée entre individus inconnus, « limitée » car elle n’a pas pour but l’universalité humaine, « souveraine » car elle sert de lien entre les individus pour exercer un pouvoir (en remplacement de l’Église et de la dynastie) et enfin « communauté » comme un lien qui gomme les différences.

        En présentant la nation comme une création culturelle, Benedict Anderson s’attache à développer sa thèse selon laquelle le moteur principal des nationalismes au XVIIe siècle est la diffusion des livres en langues vernaculaires rendue possible par le capitalisme d’imprimerie.

        Comment l’idée d’une conscience nationale a-t-elle émergé et s’est-elle ancrée dans la société ?

        C’est tout d’abord la « révolution vernaculaire » qui rend possible l’émergence de cette conscience. Le capitalisme d’imprimerie a, quant à lui, permis de rassembler en grands groupes linguistiques des populations, créant les langues d’imprimeries. Et enfin, ces langues d’imprimeries participent à ancrer cette conscience de la nation et à la cristalliser.

        La « révolution vernaculaire » a, selon le politologue, rendu possible l’émergence de la conscience nationale. Celle-ci a eu lieu grâce à plusieurs facteurs.

        Tout d’abord, grâce au changement d’intérêt du latin :  « […] il était mystérieux à cause de son statut de texte. Il devint alors mystérieux à cause de ce qui était écrit » (p50-51). L’intérêt de la langue latine est remplacé par l’intérêt de la signification et des connaissances du texte, du fait de la redécouverte de cette culture antique, perdue pendant le Moyen Age. Cela agit comme une dévaluation de la langue latine au profit de ses connaissances et constitue un facteur de la révolution des langues vernaculaires.

        L’impact de la Reforme protestante joue lui aussi un rôle. Lorsque Luther publie sa réinterprétation de la religion chrétienne, il surpasse la communication de Rome grâce à l’imprimerie et propose des écrits différents de ceux de l’Église catholique latine. Ce fut le début de la littérature de masse qui voit la publication de livres tripler de 1520 à 1540[2].

        « Le troisième et dernier facteur fut la propagation lente, géographiquement inégale, des langues vernaculaires comme instrument de centralisation administrative par certains monarques [...] » (p52). Cela correspond aux langues d’État durant le XVI qui ont été utilisées comme des langues administratives à la place du latin. Ce processus de choix inconscient se fit en fonction de la praticité et de l’utilisation antérieure de la langue.  Anderson prend l’exemple de «l’Angleterre » de l’époque : la langue de la cour était l’anglo-saxon et les textes royaux étaient rédigés en latin  puis l’anglo-normand remplaça le latin. Il y eu alors une fusion entre cette langue et l’anglo-saxon (du peuple) qui donna le vieil anglais faisant de celle-ci une langue d’État. Cela témoigne de l’émancipation de l’utilisation administrative du latin et de l’évolution des langues vernaculaires pour tendre vers une unification en une langue générale.

        C’est donc par ces trois facteurs que la « révolution vernaculaire » joua un rôle dans le détrônement du latin, poussant l’essor de nouvelles langues vernaculaires différenciant les individus.

        Toutefois, « l’essentiel réside dans l’interaction entre fatalité, technologie et capitalisme » (p54) et non seulement dans cette fatalité des langues vernaculaires. En effet, c’est l’imprimerie capitaliste liée à l’évolution de ces langues vernaculaires qui permit l’apparition de la conscience nationale.

        Inventée en 1454 par Gutenberg[3], l’imprimerie permet une généralisation d’idées nouvelles et représente un nouveau moyen de communication s’exportant et se conservant plus facilement, induisant un ancrage des visions et des réflexions permettant de construire d’une certaine façon une idéologie et une réunion d’idée par groupes, ce qui différencie en communautés les individus.

        Ce développement de l’imprimerie associée au capitalisme, qui est la recherche du profit notamment par l’atteinte du plus grand nombre, permet aussi d’intensifier cette émergence de la conscience nationale. Face au problème de la grande diversité des langues en Europe rendant l’accès au public difficile, l’imprimerie capitaliste va s’adapter : « […] ces diverses idiolectes étaient susceptibles d’être assemblés, dans des limites bien définies, en langues d’imprimerie bien moins nombreuses. » (p55). Cela donna lieu à un rassemblement de la diversité linguistique en grandes langues pour une meilleure diffusion. Appelées « langue d’imprimerie », cela créa une unité linguistique entre de grands groupes et est un facteur de définition commune, de conscience nationale émergente.

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