Napoléon, héritier ou fossoyeur de la Révolution?
Dissertation : Napoléon, héritier ou fossoyeur de la Révolution?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alexandre0101 • 25 Novembre 2018 • Dissertation • 2 519 Mots (11 Pages) • 10 468 Vues
Napoléon : héritier ou fossoyeur de la révolution ?
Introduction
« La révolution est terminée ». Cette citation de Napoléon, énoncée le lendemain du
coup d’Etat du XVIII brumaire, affirme de manière catégorique un des événements essentiels de l’Histoire française : Napoléon a été l’homme qui a mis fin à la Révolution, qui a porté la France à son apogée et qui a entrainé sa propre chute. Entre 1789 et 1799, la France est plongé dans le chaos révolutionnaire, une ère de changement brutal qui a bouleversée toute l’Europe et qui a permis l’avènement de l’empereur français. Elle a entrainé des modifications profondes dans l’exercice du pouvoir français, en consacrant la fin de la monarchie, et l’avènement de la Première République, un système ou les personnes au pouvoir sont élus. Elle a également fait émerger une nouvelle pensée issue des philosophes des lumières, qui impliquent des notions tel que l’égalité des droits, la liberté des peuples ou encore la liberté religieuse. Napoléon a pris part à l’évolution de la Révolution, y a mis fin et a instauré un nouveau pouvoir, l’Empire. Il a continué d’apporter de profonds changements pour la France, notamment par les conquêtes militaires, la mise en place d’une nouvelle législation et par sa pratique du pouvoir.
Napoléon est une figure controversée, décrite soit comme tyrannique et despotique,
soit comme un génie visionnaire. Ses réformes et sa participation à la Révolution
contrastent avec le fait qu’il ait mis en place un empire et qu’il ait exercé le pouvoir de
manière autoritaire nous amène à nous demander si Napoléon est l’héritier ou le fossoyeur de la révolution. Nous pourrions penser dans un premier temps qu’il est les deux, car il a mis fin de son propre aveux à la Révolution, devenant ainsi son fossoyeur, et qu’il a dirigé la France dans la période qui a suivi la Révolution, qui fit de lui automatiquement son héritier.
Cependant, nous nous intéresserons plus particulièrement aux continuités et aux ruptures entre la révolution et Napoléon. Notre problématique sera la suivante : « Quels furent les continuités et les ruptures entre la figure napoléonienne et la Révolution ? »
Nous suivrons un plan chronologique dans lequel nous étudierons la place de
Napoléon Bonaparte dans la Révolution française entre 1789 et 1799, puis nous analyserons la période entre le coup d’Etat du XVIII brumaire jusqu’à l’apogée de l’empire pour enfin nous concentrer sur la période qui couvre de 1807 à 1814, année de la chute de l’empire napoléonien.
- La période révolutionnaire
La révolution est l’événement qui a permis l’accès au pouvoir de Napoléon. Durant
cette période, il a montré de grands engagements pour les idéaux de la République.
Issu de la petite noblesse corse, Napoléon Bonaparte a fait ses classes militaires avec
une formation de canonnier. Il intègre la garde nationale de la république nouvellement
proclamée le 15 juin 1791, en tant que lieutenant du 4 e régiment d’artillerie. Cette entrée dans la carrière militaire s’accompagne d’une adhérence aux idées révolutionnaires. Napoléon est un membre actif du club « les amis de la Constitution », un groupe affilié au parti des jacobins, qui prônent « la souveraineté populaire et l’indivisibilité de la République ». De plus, on doit prendre en compte le fait que l’éducation de Napoléon a été baignée par les idées des lumières, on voit donc son affinité profonde avec les grands principes révolutionnaires. Ses positions politiques et ses compétences militaires (notamment lors du siège de Toulon qui prit fin en novembre 1793) lui valent une ascension importante au sein de l’armée (il sera commandant de l’artillerie de l’armée d’Italie) mais aussi la sympathie de l’ « incorruptible » Robespierre. D’ailleurs, Napoléon est persuadé que ce dernier veut mettre fin à la Révolution afin d’instaurer le calme. Cependant, la chute de Robespierre à la suite du coup d’Etat du 9 thermidor (le 27 juillet 1794) lui vaut d’être écarté temporairement de l’armée et même de passer quelques jours en prison. Cet événement constitue une rupture temporaire de l’action de Napoléon dans la période révolutionnaire. Elle sera néanmoins de courte durée, car il réintègrera progressivement l’armée, et le 5 octobre 1795, il est désigné par Barras, le commandant en chef de l’armée de l’intérieur, de réprimer une
forte révolte royaliste qui s’établissait au Palais des tuileries. Cet épisode fait de Napoléon le sauveur de la République aux yeux du peuple français, et lui octroie une grande popularité.
Fort de cet exploit, Napoléon se voit octroyer le commandement de l’armée d’Italie. Les
expéditions menées ont pour but affiché de répandre les idées révolutionnaires mais
également de lutter contre les ennemis extérieurs qui souhaitent la fin de la république.
L’adversaire de Napoléon en Italie est l’empire autrichien, qui souhaite fortement la fin de la Révolution française afin que ses idées ne se diffusent pas dans l’Europe, remettant en cause les monarchies des pays limitrophes de la France. Le combat de Napoléon est donc fortement révolutionnaire, et lui-même se décrit comme un défenseur de la République. D’ailleurs, suite à ses victoires, il officialise les « Républiques soeurs » italiennes dans le nord du pays, dont les institutions sont copiées sur celles qui ont été mises en place en France.
Cependant, on peut noter que pendant la gestion de la campagne d’Italie, Napoléon agit le plus souvent de manière autonome, sans l’accord du Directoire, ce qui montre un certain éloignement des représentants de la République. Ceux-ci décident alors d’envoyer le jeune général en campagne en Egypte, afin de l’écarter. Cette décision semble être une rupture entre Napoléon et les dirigeants du Directoire. La fin victorieuse de sa campagne, malgré l’anéantissement de la flotte française par les anglais dans la rade d’Aboukir le 2 août 1798, ainsi que l’affaiblissement politique du directoire vont permettre au général de participer au coup d’Etat du XVIII brumaire afin de renverser le Directoire.
- Du Consulat à l’Empire
A Paris, Emmanuel-Joseph Siyès veut changer le régime politique français afin de
mettre fin à l’instabilité du régime, mais il a pour cela besoin du soutient de l’armée. Il pense alors à Napoléon, qui accepte de devenir le “sabre du coup d’Etat”. L’action commence le 9 novembre 1799, le 18 brumaire. Napoléon et Siyès veulent faire voter l’annulation de la Constitution, afin de recréer le pouvoir français. Cependant, la situation échappe à tout contrôle, les députés traitent Napoléon de dictateur, d’hors-la-loi. Il fait alors intervenir ses soldats qui expulsent les députés, sauf une cinquantaine qui adoptent le changement de pouvoir. Cette scène est reprise dans un tableau très célèbre intitulé Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud.
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