L’ère des révolutions (1789 - 1848) – Eric J. Hobsbawm
Fiche de lecture : L’ère des révolutions (1789 - 1848) – Eric J. Hobsbawm. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gaétan Fabregas • 28 Mai 2016 • Fiche de lecture • 2 168 Mots (9 Pages) • 2 259 Vues
Compte-rendu
L’ère des révolutions (1789 - 1848) – Eric J. Hobsbawm
Traduit de l’anglais par Françoise Braudel et Jean-Claude Pineau.
Fayard/Pluriel, Mayenne 2013, 434 pages, 18.70 CHF
L’auteur :
C’est l’un des historiens britanniques les plus réputés mondialement mais aussi un polyglotte cosmopolite de par ses origines diverses et ses nombreuses pérégrinations. Il considérait la France, un pays où il se rendait régulièrement, comme sa deuxième patrie.
Eric John Hobsbawm est né le 9 juin 1917 à Alexandrie d'une mère autrichienne et d'un père anglais. Il a grandi à Vienne puis à Berlin. Après la mort de ses parents, il quitta la capitale allemande en 1933, peu de temps après l’accession au pouvoir d’Hitler, pour s’installer à Londres avec sa sœur, son oncle et sa tante. Il étudia l’histoire en premier lieu à la St. Marylebone Grammar School. En 1936, il devient membre du Parti communiste anglais et continuera ses études d’histoire au King's College de Cambridge où il obtiendra son doctorat. Il était maître de conférences au Birkbeck College de l'université de Londres à partir de 1947 mais ses choix politiques ont retardé sa carrière universitaire et il n’accèdera au poste de professeur qu’en 1970. En effet, ses activités étaient indissociables de ses idées politiques. En 1952, il fonda la revue Past & Present[1] avec des collègues historiens (Edward P. Thompson et Christopher Hill notamment) qui sont, tout comme lui, des marxistes hétérodoxes[2].
Eric Hobsbawm vivra difficilement les tournants historiographiques et idéologiques des années 1970 au Royaume-Uni avec notamment la création de l’History Workshop Journal[3] par l'historien Raphaël Samuel et d’autres collaborateurs. Finalement, il entra à la British Academy[4] en 1976. Il collabora également avec la revue Marxism Today[5] jusqu’au début des années 1990. Il est décédé le 1er octobre 2012 à l’âge de 95 ans.
Concernant sa bibliographie, il aura traité de sujets divers et variés dans ses ouvrages publiés. Il s’intéressa par exemple à la figure du bandit social, au jazz ainsi qu’à une histoire sociale et culturelle avec laquelle il traite le sujet du « révolté primitif ». Cette histoire socio-culturelle, qui se différencie par rapport aux courants historiographiques répandus de cette période, est abordée dans des ouvrages tels que « Les Primitifs de la révolte dans l'Europe moderne » ou « Les Bandits ».
Par la suite, Eric Hobsbawm délaissera un peu ce champ d’étude pour se consacrer aux conséquences des révolutions européennes du XIXe siècle avec d’un côté la Révolution française et de l’autre sa contemporaine britannique, la Révolution industrielle. Cela lui permettra d’étudier longuement l’évolution des sociétés occidentales avec l’émergence du capitalisme industriel en Occident. Il en résultera une trilogie composée de « L'Ère des révolutions 1789-1848 », « L'Ère du capital 1848-1875 » et « L'Ère des empires 1875-1914 ». Ces ouvrages seront largement inspirés des fresques de l’historien français Fernand Braudel, adepte d’une histoire globale et pluridisciplinaire. Publié en 1994, le plus grand succès d’Hobsbawm sera « L’âge des extrêmes » même si la traduction française est arrivée tardivement à cause des opinions contraires d’Hobsbawm à l’idéologie dominante en France. Toutefois son apport historiographique est incontestable malgré sa réputation avérée de franc-tireur.
Résumé :
L’ouvrage conséquent d’Eric Hobsbawm a pour but de décrire non pas l’histoire du monde ou de l’Europe mais plutôt comme, il l’annonce lui-même dans sa préface[6], une histoire des répercussions des deux révolutions françaises et britanniques sur la société et les mentalités d’autrefois. Ce pan de l’histoire globalisé qu’il nous fait découvrir couvre la période allant de 1789 à 1848. Le plan du livre est divisé en deux grandes parties pratiquement égales en termes de quantité de pages : l’évolution et les résultats.
Dans la première partie, il explique les différentes phases de l’évolution du monde durant la période annoncée et dans la seconde partie, on découvre les aboutissements de l’expansion, non seulement européenne mais également dans d’autres régions du monde, du double foyer révolutionnaire de l’Angleterre et de la France à partir duquel le monde actuel s’est formé.
Le fil conducteur principal de L’ère des révolutions est la naissance du capitalisme dans les sociétés modernes qui s’industrialisent depuis la fin du XVIIIe siècle. Hobsbawm traite, sous des angles économiques, sociaux et culturels, la transition d’un monde presque entièrement féodal en une société capitaliste issue de cette dualité révolutionnaire. Cette histoire du capitalisme se caractérise par une succession de crises et de restructurations.
Il relate dans les premiers chapitres la situation du monde au niveau social et économique notamment en 1780 avec les difficultés liées à la mobilité des marchandises et des personnes. Puis nous entrons dans le vif du sujet lorsqu’il nous explique les tenants et aboutissants de la Révolution industrielle et de la Révolution française. Les guerres font parties intégrantes de cette partie initiale dans laquelle on en apprend davantage sur les conflits qui ont émanés de la Révolution française. Les régimes monarchistes européens furent effrayés des conséquences de l’abolition de ce pouvoir monarchique dans un pays aussi puissant que la France. Les jacobins et les sans-culottes sont les protagonistes de cette chute de la monarchie française.
Cependant les alliances européennes formées ne réussirent pas à vaincre cette nouvelle idéologie bourgeoise qui, avec l’arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte[7], contrôla un empire en Europe certes éphémère mais gargantuesque. Après la défaite de Napoléon en 1815, on instaura de nouvelles frontières et restaura la monarchie en France lors du congrès de Vienne. Les vainqueurs firent attention à ne pas froisser l’orgueil de la France en leur infligeant des sanctions mesurées de peur de revivre une situation de troubles semblables. Mais cette tentative de retour en arrière ne put empêcher l’inexorable évolution de la société que l’on peut observer à travers les épisodes au contexte social bouillonnant des révolutions de 1830 et surtout 1848.
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