Un Regard Sue Les Tensions Interethniques Dans Le Grand Sud De La Russie
Recherche de Documents : Un Regard Sue Les Tensions Interethniques Dans Le Grand Sud De La Russie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dandan80qc • 9 Mars 2015 • 2 796 Mots (12 Pages) • 883 Vues
Un regard sur les tensions interethniques dans le grand Sud de la Russie
INTRODUCTION
La Russie est un pays qui recèle dans son immense territoire une très grande variété géographique et ethnique: d'après le recensement de 1989 (le dernier de l'URSS), 128 nationalités vivaient (et vivent toujours) sur le territoire de la fédération. Le groupe le plus important est, bien évidemment, le russe qui représente environ 81% de la population , tandis que parmi les groupes minoritaires, les tatars constituent l'ensemble le plus nombreux (20,3% parmi les ethnies minoritaires, soit environ 5% de la population totale).
La subdivision territoriale de la Russie reflète sensiblement la carte ethnique. Il existe différents types de "sujets" pour refléter la complexité de la répartition ethnique sur le territoire: la république autonome représente la forme la plus autonome d'entité territoriale et accueille en son sein, généralement, un peuple, autre que russe, majoritaire ou très consistant. Leur répartition territoriale est souvent aux marges, voir en dehors, de la partie européenne fédération: huit républiques sont situées dans le district fédéral du Nord-Caucase, six dans celui de la Volga, deux dans celui du Nord-Ouest, quatre en Sibérie et un en Extrême-Orient.
La cohabitation de peuples de langue, culture et religion différente est une conséquence de la grande diversité ethnique de l'espace russe et engendre des tensions latentes qui peuvent également éclater de façon violente: cela a été le cas quelques semaines avant les Jeux Olympiques de Sotchi (décembre 2013 à Volgograd), qui se sont déroulés entre le 7 et le 23 février 2014. À la veille des jeux, il existait des craintes que des groupes terroristes auraient pu profiter de la grande visibilité offerte par ce grand événement sportif pour un coup d'éclat ou un attentat spectaculaire, aussi bien dans la ville hôte qu'ailleurs en Russie.
La problématique a été soulevée sur base d'articles et reportages parus dans les médias (presse écrite, audiovisuelle et articles internet), qui faisaient état d'un possible risque d'escalade dans les attentats en dehors des républiques autonomes du Caucase. De plus, j'ai pu m'appuyer sur le module 4 de notre cours relatif aux peuples et aux peuplements de la Russie et des républiques périphériques et aller ensuite remettre en contexte l’actualité en recherchant les raisons historiques et géographiques pouvant expliquer l’importance du thème dans le contexte russe d’aujourd’hui. Dans le cadre de la présente étude, je me concentrerai sur le grand sud russe, c’est-à-dire les districts fédéraux du Nord-Caucase et du Sud (voir figure 1)
Figure 1: L'espace géographique analysé
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L’ÉTAT DE LA QUESTION
Les tensions interethniques en Russie font régulièrement les manchettes de la presse russe et internationale depuis la chute de l’Union Soviétique (1991). Le conflit latent, qui puise ses racines dans l’histoire tourmenté de cet espace géographique et de son grand morcellement ethnique, culturel et religieux, comme la présence de plusieurs républiques autonomes dans la grande région en témoigne (Kalmukie, Tchétchénie, Daguestan, Kabardino-Balkarie, Ossétie du Nord, Ingouchie et Karatchaïévo-Tcherkessie).
Les deux guerres tchétchènes (1994-1996 et 1999-2000 la guerre proprement dite, suivi par neuf ans de guérilla) des années quatre-vingt-dix ont eu une couverture mondiale: lors de ces conflits, la Russie a été pointée du doigt par les médias occidentaux pour l’intervention armée dans la république rebelle, mais il y a un changement de perception après le 11 septembre 2001, lorsque des intérêts géopolitiques différents ont pris la relève et bon nombre de pays (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Italie etc.) étaient impliqués dans des conflits en Afghanistan et en Irak et l’attention mondiale n’a été plus aussi intense au Caucase. De plus, la rébellion au Caucase prenait de plus en plus des allures d'influence islamiste, et la vielle logique du "l'ennemi de mon ennemi est mon ami" semblait quelque peu s'imposer. La couverture médiatique a été donc plus discrète dans les années 2000, malgré le fait que les tensions dans la région ont tout de même touché des pointes particulièrement sanglantes lors d’attentats majeurs dans la région qui nous intéresse: l’attaque terroriste d’un train à Stavropol (Kraï de Stravropol, Caucase du Nord) en 2003 (46 morts) et la prise d’otages à l’école de Beslan (République autonome d’Ossétie du Nord) en 2004 (334 morts, incluant les preneurs d’otages, suite à une intervention musclée des forces spéciales russes pour libérer les captifs), sans oublier les très récents attentats de Volgograd en octobre (6 morts) et décembre 2013 (34 morts). Il ne faut pas non plus négliger le fait que de nombreux attentats ont également eu lieu en dehors du Caucase et du grand Sud de la Russie : cette stratégie d’exportation de la terreur a frappé le plus souvent à Moscou à plusieurs reprises depuis le début des années 2000. Ces attaques en dehors de la région ont eu l’effet de raviver le nationalisme russe qui a entraîné une dangereuse spirale, car cela a durci le ton de l’intervention gouvernementale qui a attisé encore plus la guérilla au Caucase dans un cercle vicieux, laquelle, comme j'ai mentionné précédemment, devient de plus en plus islamiste et il y a même des groupes qui visent la création d'un émirat dans la région.
Il faut néanmoins mentionner que, pendant la phase de guérilla successive à la deuxième guerre de Tchétchénie, des journalistes étrangers ont été interdits d’accès dans la région et le gouvernement fédéral a mis en place une forme de censure assez rigide sur les médias nationaux : l’accès à l’information avait été rendu plus difficile et un nombre inquiétant de journalistes est mort dans des circonstances troubles à la même période: le cas le plus connu est probablement celui de la célèbre, et très critique avec le gouvernement, Anna Politovskaya .
LES TENSIONS INTERETHNIQUES EN RUSSIE: DU GRAND-SUD AU RESTE DE LA RUSSIE ET AUX RÉPUBLIQUES PÉRIPHÉRIQUES.
Figure 2 : La composition ethno-démographique de la Russie: un
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