L'étude Des Crises Actuelles En Afrique
Dissertation : L'étude Des Crises Actuelles En Afrique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bendri00 • 29 Septembre 2014 • 9 709 Mots (39 Pages) • 1 299 Vues
Introduction à l’étude des crises actuelles en Afrique
Prof. Stanislas Bucyalimwe Mararo
Association «Entente et Paix en Afrique»
Session d’été, 8-10 Août 2006, Savognin (Suisse)
Texte complété et enrichi par des notes et indications bibliographiques
1. Note préliminaire
Le continent africain:
a) est une réalité géographique ayant une histoire qui s’imbrique avec celle d’autres régions et d’autres aires culturelles depuis le 1er millénaire avant-Jésus-Christ :
o existence séculaire des dynamiques internes aux sociétés (au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest et au Centre),
o existence séculaire des relations commerciales et culturelles internes au continent et avec le monde extérieur; celles de l’Afrique côtière avec l’Europe, le Proche-Orient, l’Inde et la Chine sont fort anciennes.
b) est le berceau de l’humanité : les anthropoïdes et hominidés, de l’australopithèque (plus ou moins 5 million d’années avait JC) à l’Homo Sapiens (entre –2.000 et -1. 000 ans), et leurs vestiges culturels (paléolithique, mésolithique et néolithique qui a vu le passage de la cueillette à l’agriculture, de la chasse à l’élevage, du nomadisme à la sédentarisation et à la vie citadine, l’apparition des activités religieuses ou cultuelles) y sont présents selon les archéologues.
c) a vu la naissance et le développement de plus anciennes grandes civilisations antiques dans la vallée du Nil (Egypte et Nubie) et en Abyssinie (Ethiopie) avant la conquête islamique au 7ème siècle après JC. Leur évolution fut liée à celle des grandes civilisations de l’Europe méditerranéenne et celles du Proche-Orient et du Moyen-Orient ou du «Croissant fertile» .
d) a été divisé en deux par le désert du Sahara; le Sahara préhistorique était humide et donc habité; c’est autour du 1er millénaire avant JC qu’il aurait commencé à se déssecher et diviser l’Afrique en deux: Afrique tropicale ou sub-saharienne ou noire et l’Afrique du Nord ou Afrique blanche. Après avoir été une barrière infranchissable, il devint le trait d’union entre les deux Afriques et les peuples berbères y jouèrent un rôle important (voir le commerce transsaharien qui a fleuri avec l’expansion de l’islam en Afrique Occidentale à partir du 11ème siècle apr.JC). Pendant cette période, l’Afrique subsaharienne fut caractérisée par des migrations des peuples dits Bantu de la zone soudanaise (berceau du peuplement supposé) vers le centre et le Sud de l’Afrique.
e) avait une autonomie interne au départ; la période qui va du 12ème siècle au 16ème siècle est celle de grands royaumes et empires africains.
f) a perdu progressivement cette autonomie avec le processus de la colonisation et son intégration dans l’économie-monde ou l’économie capitaliste (point culminant étant la guerre froide et la mondialisation ou globalisation) . La colonisation a pris plusieurs formes (modes d’exploitation et modes de peuplement) et est passée par plusieurs phases et ce, en fonction de l’espace, du temps et des puissances colonisatrices.
○ colonisation gréco-romaine de l’Afrique du Nord: du 1er millénaire avant J.C jusqu’au 5ème siècle apr.J.C., période au cours de laquelle une grande partie de l’Afrique du Nord fut intégrée dans l’Empire Romain; depuis cette date, elle maintint des relations étroites avec l’Empire Romain d’Occident et l’Empire Byzantin.
○ colonisation arabo-musulmane: l’Afrique du Nord (dès le 7ème siècle apr.J.C.), l’Afrique de l’Ouest (dès le 11ème siècle via le désert du Sahara), l’Afrique Orientale (dès le 15ème siècle) et l’Afrique centrale (Est de la RDC) au 19ème siècle.
○ colonisation de l’Europe Occidentale avec trois sous- phases:
- celle du «old imperialism» (Fin 15ème siècle-Milieu du 19ème siècle) dominé par l’Espagne et le Portugal avant d’être supplantés respectivement par la Hollande, la France et la Grande Bretagne.
- celle du «new imperialism» (1885 aux indépendances, 1960 étant l’année de référence) dominé par les pays de l’Europe Occidentale (Grande-Bretagne, France, Belgique, et Allemagne) .
- celle du «neo-colonialism». En 1965, Kwame Nkrumah, président du premier pays de l’Afrique noire à avoir accédé à l’indépendance (1957), le Ghana, définissait le néocolonialisme par ces traits [it means power without responsibility for those who hold it, and it means exploitation without redress for those who suffer from it...It continues to actively control the affairs of the newly independent states. In most cases, it is manifested through economic and monetary measures. While neo-colonialism may be a form of continuing control by a state’s previous formal colonial master, these states may also become subjected to imperial power by new actors. These new actors include the United States or many international financial and monetary organizations. Because of the nuclear parity between the superpowers, the conflict between the two take place in the form of «limited wars». Neo-colonial territories are often the places where these «limited wars» are waged. As the ruling elites pay constant deference to the neo-colonial masters, the needs of population are often ignored, leaving issues of living conditions like education, development, and poverty unresolved] . A cause de sa lucidité et sa perspicacité, il fut étiqueté de leader dangereux. Kwame Nkrumah, père du panafricanisme , et tous ceux qui avaient des idées proches des siennes furent éliminés de la scène politique africaine; d’ailleurs, il semble que c’est lui qui a donné l’impulsion à la politique africaine des Etats-Unis .
Ainsi, la décolonisation qui a débuté après la seconde guerre mondiale pour atteindre le point culminant à l‘année de référence, cellle de 1960, a été piégée . La raison est que les puissances occidentales (anciennes métropoles regroupées au sein de l’Union Européenne et les Etats-Unis) n’ont pas cessé pour autant d’intervenir dans les affaires internes à l’Afrique; leurs interventions ont simplement changé de face et de stratégie . On ne peut donc pas s’étonner que, au cours de ces quatre dernières décennies,
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