Fiche de lecture : De la bouche même des indigènes, Cécile Van den Avenne
Fiche de lecture : Fiche de lecture : De la bouche même des indigènes, Cécile Van den Avenne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hange.20 • 16 Octobre 2022 • Fiche de lecture • 1 740 Mots (7 Pages) • 321 Vues
Vernay
Chiara
LS3
Fiche de lecture : De la bouche même des indigènes, Cécile Van den Avenne
Introduction
► ouvrage qui tente de reconstruire le « code de communication » qui a été utilisé entre les Européens et les Africains pendant la colonisation de l’Afrique subsaharienne par l’empire français
► intérêt particulier pour les « figures d’intermédiaires » qui ont contribué à cette communication
► France = « État de conquête »
► instauration par l’État français d’un système monolingue → volonté de faire part des « pratiques multilingues » (le mandingue, le français et l’arabe)
►histoire retracée entre la fin du XVIIIe siècle jusque dans les années 1930
► question des sources → difficulté de produire une « histoire à parts égales »
Les langues de l’exploration
► multiplicité linguistique (≈300 langues)
Communiquer en territoire exploré
► explorateurs (Mungo Park, Théodore Mollien)
► lingua franca = langue véhiculaire utilisée sur une large aire géographique
► foreigner talk = langue volontairement simplifiée pour parler à un étranger
► réussite des expéditions dépend de qualité des interactions
► fin du XIXe → expéditions militaires/de conquête
Sur les traces du polyglotte Louis-Gustave Binger (1856-1936)
► militaire français parti en expédition, raconté dans un ouvrage Du Niger au golfe de Guinée (1891) → territoires placés sous influence française
► apprentissage de nombreuses langues (bambara, mandinque, arabe) + liste de vocabulaires → passe-temps
Conquérir par les mots
► palabre (mot d’origine espagnole) → 2 sens = transaction opérée par échange de marchandises/discours qui caractériserait la parole en Afrique (connotations nég)
Sous « l’arbre à palabres »
► expédition de J. Eysséric en 1897 → bcp de stéréotypes + mauvaise relation interculturelle
« Par ces causeries familières, on gagne le cœur de la population »
► comment, au cours du XIXe, palabre → signature de traités → capitaine Parfait-Louis Monteil dans l’actuel Niger
L’armée, laboratoire linguistique
► conquête coloniale = aussi violente et les « tirailleurs sénégalais » ont été recrutés parmi d’anciens esclaves avant qu’une forme de conscription soit instaurée en 1912 : une diversité des origines et donc des langues qui ont forgé une « communauté sociale fortement plurilingue »
écoles à partir de 1884 dans la région du Haut-Fleuve pour former des auxiliaires (télégraphistes, interprètes)
Bambara militaire et français tirailleur
► peu de choses connues des pratiques langagières dans l’armée avant la 1GM→ mandingue est couramment utilisé mais contacts avec la pop demeurent difficiles même si quelques officiers blancs apprennent des éléments des langues locales (le bambara simplifié)
► « français tirailleur » = français simplifié enseigné dans les colonies françaises d’Afrique, en particulier dans les bataillons de tirailleurs sénégalais
► difficulté de communication entre soldats et officiers même si enseignement rudimentaire du français pour comprendre les ordres
Le langage « identitaire » des Soudanais
► rôle identitaire, de cohésion, de ce langage au sein des « Soudanais » → jargon militaire colonial (bambara & français tirailleur) = forme d’acculturation
L’œuvre linguistique des missionnaires
► autre pop européenne en contact avec les langues africaines → les missionnaires
► contribution à la description des langues avec le Fourah Bay Institute à Freetown ou les travaux de la Congrégation du Saint-Esprit au Sénégal qui décrivent la langue wolof en 1855
Se faire « nègres avec les nègres »
► travaux du père Kobès (dictionnaire wolof, pôle catholique actif)
► 1ère grammaire bambara 1897 puis 1905 (Émile Sauvant)
► « villages de liberté »
La « grammaire de vive voix »
► but des manuels produits par les missionnaires = moins connaissance de la langue que possibilité de traduire catéchisme dans les langues locales (mission civilisatrice) → nombreuses difficultés méthodiques pour la transcription
« Aux choses connues nous avons donné les noms communs »
► travaux de Kobès sur la langue wolof
par ex : difficulté de la reconnaissance des « classes nominales »
► importance de la traduction comme socle d’apprentissage mais aussi notions pour décrire la langue
La traduction du catéchisme en bambara
► contes locaux + courts textes religieux → mise en place d’un voc approprié, capable de transmettre la doctrine chrétienne
► « bricolage » linguistiques pour traduire des notions inexistantes dans la culture locale
De la langue à l’ethnie
► regard des occidentaux sur les langues locales (« borborygmes ») → « invention » d’ethnie
« Cela a été bien montré à propos du bambara : on peut dater l’invention de l’ethnie bambara des travaux de Maurice Delafosse »
► projection de l’idéologie nationale européenne → « tentation standardisante »
► Maurice Delafosse, La Langue mandingue et ses dialectes, 1929 → s’inscrit dans l’africanisme comme vu en France, c-à-d « une approche scientifique […] élaborant un savoir sur les peuples et sociétés de l’Afrique subsaharienne, ayant pour particularité de s’être développée dans un contexte colonial »
Écrire sa langue dans celle de l’autre
► peu d’exemple d’une pratique écrite parmi les populations noires, sauf usage de l’arabe par les lettrés
► Samuel Crowther : premier à avoir expliquer le fonctionnement tonal du yoruba
► deux cas d’écriture en français :
David Boilat, métis de Saint-Louis et locuteur en wolof, 1853, Esquisses sénégalaises, un témoignage ethnographique sur la période de transition entre comptoirs et colonisation
Moussa Travélé, interprète malien, 1910, Petit manuel français – bambara → « indigène » réapproprié au discours européen
► question d’une littérature en langue locale → travaux de Travélé sur la coutume, le droit, les proverbes ou recueils de contes réunis par les missionnaires
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