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Côte D'Ivoire : Histoire

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Par   •  15 Février 2015  •  2 541 Mots (11 Pages)  •  1 467 Vues

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Côte d'Ivoire : histoire

Peuples et royaumes : une histoire complexe inégalement connue

L'histoire du territoire de l'actuelle Côte d'Ivoire, mais aussi celle de ses voisins (Ghana, Guinée), est caractérisée par l'installation à diverses époques de populations issues des régions voisines, les plus anciennes implantations étant localisées sur la lagune côtière. Les Sénoufos, puis les Malinkés vinrent du Nord (actuels Burkina Faso et Mali), les Baoulés, les Agnis, les Abrons, membres du groupe akan, de l'Est (actuel Ghana), les Bétés de l'Ouest (actuel Liberia). Sans que l'on puisse prétendre que cette coexistence fut totalement pacifique, il ne semble pas qu'elle ait donné lieu à des affrontements majeurs, aucun peuple n'érigeant de véritable empire conquérant. Il n'y a pas eu d'organisations politiques englobantes. Les groupes akans ignoraient la notion de pouvoir central : la richesse conférait l'autorité. L'activité de ces populations, très mobiles tout en restant liées à la lagune, était en partie dédiée à la pêche.

Lorsque les Achantis commencèrent à se structurer dans la zone de savane, il arriva fréquemment, à partir de la fin du xviie s., que des princes vaincus, mécontents du sort qui leur était réservé, quittent la région avec leur peuple pour aller fonder un royaume ailleurs et échapper ainsi aux querelles dynastiques. Parmi ces migrants, les Agnis fondèrent Enchi (Ghana) et le royaume littoral d'Assinie. Au xviiie s., les Denkyiras, vaincus, fondèrent le petit royaume de Ndemé et Moronou. Les Baoulés quittèrent eux aussi l'espace conquis par les Achantis pour fonder, au début du xviiie s., les villages de Béoumi et de Beglessou dans la moyenne vallée de la Bandama. La seconde implantation baoulée, venue de l'espace achanti en Côte d'Ivoire, date du début du xviiie s. Vers 1717, une querelle entre le roi achanti Opoku Ware et la reine Abla Pokou conduisit celle-ci à franchir la Comoé et à s'installer dans les environs de Bouaké avec un groupe qui prit le nom de Baoulés. Ce royaume n'eut qu'une existence éphémère : la nièce de la reine Pokou put maintenir l'unité du groupe mais, à sa mort sur le champ de bataille, les Baoulés se dispersèrent ; les clans furent la seule trace de l'organisation sociale baoulée qui subsista alors qu'ils se mêlaient aux Sénoufos ou aux Malinkés. Une partie de ces migrants prit la direction du nord puis de l'est pour fonder le nouveau royaume de Tyokosi (Togo).

Dans la région, seuls les Akans créèrent à l'est et au centre des royaumes durablement structurés. L'empire dioula de Kong, au nord, n'eut qu'une existence éphémère dans la première moitié du xviiie s. La ville de Kong vit s'installer la famille mandée de Tiéba Ouattara, qui fit fortune dans le tissage et acquit des armes pour ses trois fils. L'aîné, Sékou, chef d'une armée au service du roi de Kong, Kéréou Sésouma, le détrôna et devient roi grâce au soutien de ses hommes qui appréciaient son intégrité dans le partage des butins. Le cadet de Sékou, Famaghan, alla fonder quant à lui le royaume de Bobo-Dioulasso vers 1714, sans doute comme épilogue à une crise dynastique. Les relations entre les deux cités furent souvent tendues : les héritiers Ouattara se disputaient la primauté ainsi que des territoires qu'ils ambitionnaient de contrôler l'un et l'autre. Famaghan s'empara même des insignes du pouvoir de Kong et son fils Tiéba (1729-1742) refusa toujours de les rendre. Le royaume Ouattara de Bobo-Dioulasso s'assura le contrôle de vastes régions entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso jusqu'au début du XIXe s. Sous Maghan Oulé Ouattara (1749-1809), roi lettré et soldat, le royaume atteignit son apogée avant de s'effondrer sous la pression des peuples dominés à partir de 1851. Le royaume n'existait plus lors de la conquête française car, entre-temps, il avait été absorbé et dépecé par Samory Touré et ses alliés.

La puissance du royaume de Kong fut bientôt moins liée à la guerre qu'au contrôle des voies commerçantes au sud (or, kola, armes) et au nord (esclaves, bétail, sel et chevaux), à ses activités commerciales et à son rayonnement culturel. Les marchands musulmans firent construirent de vastes maisons à terrasse de style soudanais, s'entourèrent de lettrés et de marabouts et les cinq mosquées avec leurs medersa dominaient la ville protégée par des remparts. Sa défense n'était plus assurée quand Samory se présenta en mai 1897 et la rasa.

Les premiers Européens

Des navigateurs portugais abordèrent en 1469 et fondèrent les comptoirs de Bassam et de Sassandra. Leur succédèrent, deux siècles plus tard, les Hollandais, puis les Français à partir de 1842 (bien après une brève installation à Assinie, de 1687 à 1705). Les comptoirs européens avaient pour objectif de servir de points d'appui pour le commerce de l'ivoire, mais également du poivre et des esclaves. La Côte d'Ivoire fut toutefois relativement épargnée par la traite en raison du caractère plutôt inhospitalier de sa côte, mais aussi du fait de l'absence de royaumes guerriers et négriers.

La colonisation française suivit, à ses débuts, une voie pacifique à travers des traités de protectorats négociés par de jeunes administrateurs (Treich-Laplène, Binger, Delafosse), aujourd'hui encore honorés par les Ivoiriens. La Côte d'Ivoire fut érigée en colonie en 1893, et sa place dans l'Afrique-Occidentale française (A-OF) précisée en 1904. La conquête du centre du pays se heurta à une vive résistance des Gouros et des Baoulés, et celle du Nord à la présence du chef malinké Samory Touré, qui avait commencé son combat contre le colonisateur en Guinée. Il fut vaincu en 1898, mais des troubles sporadiques durèrent jusqu'à la Première Guerre mondiale.

De la colonie à l'indépendance

Félix Houphouët-Boigny

La Côte d'Ivoire connaît trois capitales successives : Grand-Bassam, Bingerville puis Abidjan, à partir de 1934, lors de la réforme qui rattache une partie de la Haute-Volta à la colonie. La mise en valeur, tournée vers la satisfaction des besoins de la métropole, commence très tôt. Elle se caractérise par le développement de plantations, de café principalement, et par l'exploitation des palmeraies naturelles et de la forêt. Les plantations ne sont pas exclusivement européennes :

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