Le monde intellectuel sous les Comnènes
Cours : Le monde intellectuel sous les Comnènes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Autokrator • 1 Mars 2018 • Cours • 3 365 Mots (14 Pages) • 569 Vues
Le monde intellectuel sous les Comnène
Il convient d'étudier le siècle précédent ce qui est évident 'est qu'à partir du XIe siècle et encore plus sous les Comnène on parle d'un nouvel essor intellectuel de Byzance ce que l'on voit dans la production des textes qui explose en quantité. Présence de gens cultivés et lettrés dans la société. Cela vient de la prospérité accrue de l'Empire et au XIe siècle d'un relâchement de l'effort militaire après Basile II et donc de plus grandes ressources consacrées à l'art et à la littérature. Forces et limites de cet essor que nous allons traiter.
Pour avoir des intellectuels il faut encore qu'il y a une transmission autrement dit un enseignement. La base c'est l'éducation primaire, des gens d'un niveau assez simple, les grammatistès, équivalent d'instituteurs qui apprennent aux enfants essentiellement l'écriture et la culture et certains textes de références comme les Psaumes. Cet enseignement bref à partir de 6, 7 ans débouche ensuite sur un enseignement qui est moins diffusé plus restreint avec une dominante rhétorique et littéraire avec le grammatikos qui est la littérature et le quadrivium et le trivium qui introduit aussi les mathématiques, l'astronomie avec la philosophie qui n’apparaît qu'à la fin. Cet enseignement n'est pas un enseignement d'Etat c'est à dire que comme dans le monde romain l’enseignement est à la charge des familles ce qui impose une forme de sélection sociale et parfois il semble qu'il y a une forme de gratuité de l'enseignement dans certains cas à travers les monastères destiné aux jeunes moines novices s'ils n'ont pas reçu une éducation car il faut qu'ils puissent lire les textes liturgiques et auprès de certains épiscopats qui doivent avoir une école pour les futurs clercs, et dans des cas très particuliers. Ce qui existe en revanche c'est un soutien de l'Etat et de l'Eglise à des entreprises éducatives c'est à dire que lorsque l'on a des écoles attestées à Constantinople au XIe XIe siècle, elles sont pratiquement toujours dans des églises de Constantinople. Cela ne veut pas dire comme on l'a décrit autrefois une école patriarcale qui serait gérée par le patriarche c'est plutôt simplement une mise à disposition de locaux, souvent les professeurs sont des clercs mais ce n'est pas toujours le cas et la main d'œuvre est à payer par les parents. Il y a quand même des grades qui sont reconnus par l'Eglise et en particulier maister du latin magister donné par l'Eglise à certains de ses professeurs, pour reconnaître leur qualité comme une sorte de labelle et parfois une forme de direction de ce réseau d'écoles. En province cela était plus restreint on voit à travers la vie de Lazare le Galezium qui meurt juste avant 1100, qu'il y a des jeunes moines qui reçoivent une éducation littéraire dans son monastère et même des jeunes destinés à une carrière laïque pour être notaire, simple juriste local et cela apparemment à titre gratuit mais il se peut que ce soit dans des réseaux très byzantins d'échange de services entre une famille et un monastère et un intellectuel etc etc qui facilite l'enseignement. Pour ce qui est de l'appui de l'Etat, il remonte déjà aux années 1050 avec Constantin Monomaque qui met en place deux postes qui font beaucoup parler celui de nomophylax littéralement gardien des lois et celui de consul des philosophes, hypatos mot grec qui sert à traduire consul. Ce sera Psellos qui fut un des favoris de Monomaque qui sera premier titulaire de la charge,le gardien des lois ça va être quelqu'un qui touche une pension impériale mais qui doit accessoirement fournir une sorte d'enseignement au public restant relativement discret, presque confidentiel, réservé à des gens déjà d'un fort bon niveaux. On a aussi à partir d'Alexis et de sa réforme du clergé, le système des didascales qui diffusent un enseignement religieux dans les différents quartiers de Constantinople mais qui ont aussi une fonction pédagogique. En 1136, nous avons une brève mention de ce système par un évêque allemand Anselm de Havelberg qui vient pour des discussions théologiques sous Jean II avec des clercs byzantins. Ce système semble bien fonctionner et quadriller Constantinople jusqu'à un certains points. Le revers de la médaille c'est sans doute en province où l'enseignement est beaucoup moins accessible au-delà du premier niveau du grammatistès. On sait aussi demander comment l'anciennement a pu se diffuser et se maintenir et comme l'a montré Sophie Métivier il y a un grand rôle des familles aristocratiques elles-mêmes. C'est à dire on enrôle de temps en temps des précepteurs et ça permet le maintien d'une catégorie celle des laïcs ayant une véritable culture littéraire capable d'écrire mais pas uniquement les clercs. Cela veut dire que l'enseignement supérieur est presque entièrement centralisé à Constantinople. On s'appuie pour le confirmer sur des sources qui sont intéressantes mais biaisés naturellement c'est les correspondances d'évêques nommés en province qu bien sûr sont des lettrés byzantins formés à Constantinople, qui systématiquement se lamente d'être au milieu des barbares et des gens incultes, avoir personne à qui parler, personne ne qui sache écrire et qui connaisse la littérature. Le problème étant bien sûr que ces gens se sentent isolés loin du centre de la culture et peuvent sans doute exagérer le tableau qu'ils dressent de la situation, cet anciennement est en cours dévolution par rapport à l'époque précédente, il garde les grandes structures qui sont celles de l'antiquité tardive mais ils se heurtent à un phénomène important c'est l'évolution du Grec partout. La différence entre le Grec réellement parlé et le Grec classique qui est le grec de la culture se fait de plus en plus sentir et on peut considérer qu'au XIIe a commencé la diglossie à l'intérieur du même espace linguistique, un phénomène qui va durer jusqu'à la Grèce moderne avec une distorsion considérable entre le Grec courant et le Grec de culture, c'est sans doute dû à une tendance accru que l'on est obligé de recourir à un nouveau procédé que l'on appelle la schedographie, le schedon c'est l'esquisse, cela veut dire qu'au lieu de donner à commenter et comprendre aux élèves des textes tirés de l'antiquité on va leur donner des textes artificiellement écrit par le professeur dans une langue correcte du point de vue antique mais plus simple, plus accessible. Cela permet sans doute d'enseigner à un public plus nombreux de combler le fossé entre le Grec écrit et oral et d'ailleurs Anne Comnène dans son Alexiade dis bien à quel point elle a du mépris envers ces gens qui contrairement à elle n'ont pas été directement confrontés aux vrais textes littéraires de l'antiquité, il y a une sous littérature artificiel d'emploi. C'est une époque où on va exalter le retour à la littérature d’Homère, l'Illiade et l'Odyssée, l'évêque Eustade de Thessalonique au XIIe va consacrer des livres entiers de commentaire suivis à l'Illiade et l'Odyssée pour les rendre accessible. La schedographie était un exercice qui demandait un bon niveau. Lorsque Theodore Prodrome fait l'oraison funèbre de l'évêque de Nicomédie Etienne Skylytze vante justement les schedographies. Il y a une nouvelle classe d'intellectuel bien entendu il faut savoir que même si ce milieu augmente, il reste numériquement faible ou très faible mais il exerce une certaine influence mais des gens qui peuvent lire des textes antiques complexes mais aussi peuvent écrire par-dessus avec un bon niveau de langue. Bonne diffusion de la capacité de lire à Byzance qui n'est pas infinie on peut le mesurer, par les actes, certains textes en 1150, prétendent que sur le marché il y a des milliers de sophistes mais cela est une exagération. On peut essayer d'évaluer les possibilités de ces intellectuels en revenant sur des carrières relativement bien connues en particulier avec Psellos né en 1018, mort en 1080. Ses origines sont relativement modestes avec un père qui est un petit fonctionnaire, ce surdoué va étudier et devient très vite professeur d'une autre école à St Pierre, en enseignant aux étudiants confirmés tout en continuant à étudier et c'est là qu'il devient l'élève du directeur de l'école ce qui lui permet d'être propulsé à la chancellerie impériale ceux qui sont chargés de la rédaction des textes impériaux et lé de devenir le favori de Constantin Monomaque cette carrière va jusqu'à un certains point, charge haute d'être un des confidents de l'empereur mais Psesllos n'arrivera pas à créer une famille, il n'a pas assez d'influence pour durer en quelque sorte par-delà lui-même, sa carrière ne donne que des succès relativement limités. Certains vont réussir à se faire subventionner d'une façon ou d'une autre. Ainsi le poète et érudit Jean Tzetzes un caractère assez étonnant va être loger et nourris au Pantocrator qui est une fondation de Jean II Comnène. Tandis que Theodore Pogrom demande des pensions impériales mais ce sont des exceptions. La plupart du temps l'intellectuel qui réussit est propulsé car il fait une carrière grâce à ses talents intellectuels ce que l'on voit le plus fréquent est la carrière ecclésiastique qui donne des revenus considérables. Par exemple, le cas de Michel Attalikos né à la fin du XIe siècle et qui mourra en 1157, évêque de Philipopolis en Thrace, il se fait remarquer d'abord dans le cercle littéraire d'Irène Doukas, la femme d'Alexis, où il gagne le surnom de nouveau Platon, il a de nombreux élèves, en 1142, il est nommé didascale de l'évangile qui est le plus haut poste parmi les didascales et vérifiant le schéma de carrière, dès l'an d'après en 1143, il est métropolite, on trouvera d'autres carrières qui ne seront pas ecclésiastiques, c'est le cas de Nicétas Choniatès l'historien, qui est devenu logothète des finances c'est le cas aussi de Zonaras, ils ont trouvé dans la fonction publique le moyen de gagner leur vie. La possibilité de carrière est assez réelle pour qu'elle se diffuse dans les thèmes de gens importants, il y a des familles qui ont une stratégie éducative visant à obtenir pour leur fils des postes plus tard. On le sait bien pour Michel et Nicétats Choniatès, leur famille les a programmés pour des études supérieures en vue d'une carrière publique ou ecclésiastique. Le développement de ces carrières ouvre la voie à un groupe social qui par ailleurs est un peu bloqué c'est une part de l'aristocratie qui ne fut pas aspiré vers le haut par le mouvement d'ascension des Comnène et des Doukas et qui sont un peu déclassé par rapport à ce qu'ils étaient en particulier l'aristocratie civile de Constantinople. L'ennui c'est que ça ne marche pas toujours, trop d’intellectuels et pas assez de postes et cela explique sans doute que l'on trouve pas mal de textes où s'exprime une certaine amertume de gens qui n'ont pas l'impression d'avoir trouvé de carrière à leur talent. Explique le snobisme, décriant les autres concurrents, position de ces intellectuels fragiles et menacés ce qui explique qu'il la défende bec et ongle. Ça eu un effet un peu dommageable a influencé notre image de Byzance au XIXe les Byzantins étaient des gens grincheux entrant en querelle pour rien à côté de cela c'est aussi un phénomène social que l'on pourrait appeler un système de sociabilité dans les classes dominantes, l'intellectuel de l'époque a une carrière mondaine comparaison avec les salons littéraires du 17e 18e, l'œuvre littéraire est très rapidement exposée à un public relativement restreint qui est aussi producteur et gens de lettre. Avant la carrière officielle. Pour lancer un auteur il y a ces milieux officieux et ils se résument par le mot de theatron, qui veut dire théâtre, or il dégénère sous l'Empire romain tardif où les grandes œuvres classiques sont lues et plus jamais joués. A l'époque byzantine, il n'y a pas de vrai théâtre sauf peut-être des esquisses de tableaux religieux, il n'y a plus de représentation véritable. Le mot de théâtre désigne l'endroit où on est vu dans un cercle littéraire par un tout petit public dans un bâtiment privé. Cette littérature est dominée par des caractéristiques qui peuvent paraitre un peu étonnant d'une part l'oralité, il est destiné à être lu d'autre par un assez petit nombre de récepteur avec même un paradoxe qui est qu'il y a presque autant d'émetteurs que de récepteurs, l'essentiel du public est composé de personnes qui écrivent à côté. Cavalldo petit livre sur lire et écrire à Byzance. L'exemple par excellence est la lettre réellement envoyée d'un correspondant à l'autre bien clair et conçu que cela sera diffusé comme oeuvre littéraire. L'un des points importants est que ces cercles littéraires vont s'appuyer sur des mécènes où l'on va voir apparaître les femmes comme dans l'Ancien Régime français, c'était le cas de Marie d'Alanie, ex impératrice qui avait Theopilacte, le futur archevêque de Bulgarie dans son salon. Irène Doukas avait aussi son cercle dont l'étoile fut Michel Attlatité. Un cousin de Jean II, Adrien Comnnène avait aussi son salon. Le salon le plus riche en personne c'est celui de la sebastokratorisa Irène une belle sœur de Manuel. On notera qu'Isaac Comnène avait aussi des relations avec des gens de lettre. Anne Comnène a fondé un cercle de philosophie, cette relation bien sûre n'est jamais une relation un peu comme en Europe occidental au départ de patronage et inversement celui qui joue le rôle du patron en retire un prestige social. Ensuite la littérature change un peu à côté de formes qui continues d’exister comme la géographie, l'histoire, on voit réapparaître des formes littéraires, une extension du grand discours oratoire. Le Xe siècle est au contraire l'apogée du discours à Byzance c'est d'ailleurs en partie institutionnel, on a un besoin de discours, on en produit à la chaine parce que à la fête de lazare, les mastores des écoles qui sont placées sous l'égide du patriacat vont l'un après l'autre faire des discours d'éloge du patriarche en place. On remarque que les occasions de faire des éloges impériaux sont très nombreuses. C'est donc la rhétorique qui est au centre du logos et de l'éducation, ces grands discours réellement prononcés en présence d'un public relativement importante, permet un cérémonial mais comme une forme de communication interne et de posture prises par le pouvoir politique ou ecclésiale avec peut-être aussi des formes de résolution de conflit de compromis, d’expression de doléances discrètes et aussi de moins de reconnaître le talent de quelqu'un en lui confiant tel ou tel discours. La fonction de maestore des rhéteurs est l'aboutissement de ce système ce qu'il s'agit de recréer sans cesse c'est l'image de la concorde sociale et politique sous la houlette ou de l'empereur ou du patriarche et en ce sens-là c'est très nombreux discours souvent très difficile d'un point de vue de la langue remplissent une fonction sociale, pour la philosophie Psellos va réinventer la philosophie Neo platonicienne celle de l'Antiquité tardive c'est un philosophie qui imite Platon encore plus qu'Aristote d'une façon quasi mystique presque comme un théologie chrétien lit l’Évangile ou la Bible à la recherche de signification qui ne sont pas le sens premier. Psellos va être légèrement inquiété à la fin de sa carrière, il s'en tira toujours en prétendant qu'il a laissé la philosophie paienne à sa place, celle d'une servante technique de la théologie, de la vraie pensée. Ce n'est pas par hasard que son disciple Jean Italos fut condamné et assigné à résidence avec interdiction de diffuser ses œuvres, c'est aussi un règlement de compte entre Doukas et Comnène car Jean Italos est un des clients des Doukas comme Psellos, il y a des limites qui sont fixées au retour de la philosophie pour éviter une remise en question de la primauté de la liturgie chrétienne. Michel Doukas en fera les frais, il sera assigné à résidence dans un monastère dans le XIIe s pour son livre les Apories qui fait un examen critique de plusieurs dogmes chrétiens en particulier l'eucharistie et pointe certains endroits de contradiction et de tension. Il y a un intérêt autonome pour la réflexion. Chez ces lettrés apparait quelque chose de nouveau l'idée de la profondeur historique du passage du temps même de la psychologie. Alors que la littérature du Haut Moyen Age est en Noir et blanc il n'y' a pas d'histoire, tout histoire est divine, il n'y a pas de causalité autonome des hommes et il n'y a que hérétiques et Orthodoxes. Cette conscience individuelle de la psychologie dans sa complexité c'est celle que l'on voit dans les deux grands historiens de la période. Psellos dans sa chronographie et Nicétas Choniatès qui fait des portraits psychologiques des empereurs. Cette conscience de l’épaisseur du passé historique et de l'évolution des mentalités on la voit très bien chez les canonistes. Zonaras et Basalmon quand ils commentent des canons qui remontent à l'antiquité tardive justement ils reviennent régulièrement sur l'idée que tel canon n'est en réalité plus appliqué ou applicable car les usages sociaux sur lesquels il portait ont disparu et que de facto ils sont désormais dépourvus d'intérêt ou réinterprétant les canons en disant qu'à la haute époque on procédait déjà différemment pour suivre telle ou telle évolution de la société.
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