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Un Prieuré Rural De L'ordre De Saint Ruf : L'Isle Sous Quirieu

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Par   •  18 Novembre 2014  •  4 211 Mots (17 Pages)  •  1 183 Vues

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UN PRIEURÉ RURAL DANS LE BAS-BUGEY:

L’ISLE SOUS QUIRIEU À SERRIÈRES DE BRIORD (AIN)

Fouillé en 1984, le prieuré de l’Isle-sous-Quirieu reste à ce jour un des rares établissements de l’ordre de Saint-Ruf examiné dans notre région. La fouille porta sur l’intégralité du site, trois bâtiments enserrant une cour mais aussi un cimetière paroissial. Elle permit d’étudier l’évolution d’une petite communauté implantée au bord du Rhône en un lieu exposé aux caprices du fleuve.

Cette présentation qui ne peut prendre en compte la totalité des résultats vise plus modestement à replacer les principales caractéristiques de l’organisation du prieuré dans son cadre topographique. Les différents éléments constitutifs seront donc présentés successivement. En revanche les données portant sur la vie quotidienne seront écartées et la présentation du cimetière réduite.

PRÉSENTATION GÉNÉRALE

Localisation et contexte sédimentologique

Le prieuré de l’Isle se situait à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Lyon à l’écart du village de Serrières-de-Briord sur la rive droite du Rhône, au pied du massif du Bugey (fig 1 et 2) (C.L. :X: 840,825/840,900 ; Y : 2093,575/ 2093,828).

1 La morphologie de la vallée du Rhône à Serrières de Briord

Le Rhône, dans cette partie de son cours, se faufile entre les massifs formant l’extrémité méridionale de l’arc jurassien, l’Isle Crémieu à l’ouest et le Bugey à l’est.

Au pied de celui-ci, le bassin de Briord, qui sert de cadre environnemental au prieuré de l’Isle-sous-Quirieu, correspond à une portion de la vallée du Rhône délimitée par le défilé de Saint-Alban en amont et par les rapides de Sault en aval. Dans ce tronçon, le tracé du Rhône fut directement influencé par la déglaciation wurmienne, notamment son dernier stade, vers 12000 av. J.-C. Les glaciations quaternaires successives avaient précédemment, entre Seyssel et Grenay, creusé une série d’ombilics dont le bassin de Briord qui fut colmaté par un remplissage de lits d’argile bleue et de sable fin d’origine glacio-lacustre mais aussi de poches de tourbes ou de craies lacustres.

Au droit de Serrières-de-Briord le Rhône fut, à l’époque tardi-glaciaire, repoussé vers l’Ouest contre la balme morainique de Bouvesse-Quirieu. Le lit du fleuve, qui présente en cet endroit une pente très faible, est exhaussé par une importante masse de blocs calcaires mobilisés par les cônes de déjection lui conférant un débit impétueux impropre à la traversée et soumettant la vallée à des risques de crues accrus (fig. 3).

L’Isle-sous-Quirieu, un milieu instable

Le quartier de l’Isle-sous-Quirieu dessine encore dans le cadastre moderne un îlot d’une dizaine d’hectares s’individualisant clairement du parcellaire adjacent (fig. 4) :

La formation de cette île trouve son origine dans la mise en place, en un secteur où le fleuve se divisait en plusieurs chenaux, d’un banc caillouteux qui fixa une sédimentation de sables entrecoupés de strates de limon argileux illustrant une variabilité dans le débit du fleuve dont les crues tendent toutefois à se réduire (fig. 5 couche 3).

Il semble que le chenal principal du fleuve puisse être localisé à son emplacement actuel dès la mise en place de la couche 3. Une phase d’incision érode ensuite la berge initiale, le matériel déplacé étant redistribué sur une largeur d’une dizaine de mètres en une épaisse couche composée de galets et sables grossiers. Cette érosion précède un nouveau déplacement vers l’Ouest de l’axe du chenal propice à la reprise de l’empâtement des berges. Cet épisode d’alluvionnement dont on ne peut évaluer la durée fut enfin suivi d’une ultime phase d’érosion qui rabota la berge sur une dizaine de mètres (fig. 5 couche 4). Il est donc probable que l’installation du prieuré ait correspondu à un encaissement du Rhône et à amoindrissement sinon un arrêt, des crues.

Les sondages creusés en périphérie du site au Nord-Ouest du prieuré, ont pour leur part permis de confirmer l’existence d’un bras secondaire limitant le quartier de l’Isle sur trois côtés. Le colmatage de cette lône devait déjà être largement engagé lors de la création du prieuré comme l’atteste un échantillon de bois daté entre +1040 et +1100 (Lyo 4122 : 760± 80BP) recueilli dans son remplissage, à une profondeur de 3,80 mètres. Néanmoins, on peut raisonnablement supposer que le processus d’assèchement de ce bras mort n’était pas encore achevé lors de l’édification de l’établissement.

Bien qu’ils aient bénéficié de conditions provisoirement relativement favorables, les fondateurs du prieuré procédèrent néanmoins à un aménagement préalable du terrain. Un remblai de pierres et de galets emballés dans un limon terreux (fig. 5 couche 6) nivèle la majeure partie du site à l’exception notable des abords de la berge où il présentait un pendage d’environ 10%.

L’occupation des bords du Rhône

L’occupation de ce segment de vallée reste mal connue, la plupart des informations à notre disposition portant les abords immédiats du fleuve. En l’état de nos connaissances il semble que le peuplement ait été relativement dense dès l’époque gallo-romaine mais qu’une réorganisation complète affecte ce territoire au haut Moyen âge. Si le uicus de Briord reste fréquenté, les établissements de berge qui sont souvent perduré durant toute l’Antiquité ont tous disparu dès le VIe siècle. Rien ne permet de croire que les abords du fleuve aient été particulièrement prisés au XIe siècle.

Le réseau de peuplement paraît largement structuré autour de grands monastères qui se multiplient entre le XIe et le XIIIe siècle. Le massif d’Innimont, au pied duquel est fondé le prieuré de l’Isle, accueillit plusieurs confréries religieuses restées longtemps rivales. À faible distance du site, une abbaye est attestée à Briord au milieu du XIe siècle1. Les clunisiens créèrent le prieuré d’Innimont en 1110, deux moines d’Ambronay fondèrent la Chartreuse de Portes en 1115, l’ordre de Saint Ruf, de son côté, prenant possession du prieuré d’Ordonnaz en 1129. Pour cette période le peuplement laïc demeure mal connu. La seule exception notable est le bourg castral perché de Quirieu (fig. 2) qui surplombe le Rhône face à l’Isle-sous-Quirieu, et est attesté pour la première

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