Prédication De Saint Dominique En Languedoc

Prédication de saint Dominique en Languedoc.

Le catharisme apparaît en Languedoc au cours du XII siècle et six évêchés cathares s'y créent. Face à un clergé chrétien riche et parfois corrompu et dénonçant cette situation, cette nouvelle religion n’a aucun mal à se développer dans les classes inférieures de la population, puis à gagner les couches les plus hautes de la société. Contrairement à la doctrine catholique, les cathares considèrent qu'il existe deux principes supérieurs, le bien (Dieu) et le mal (Satan). La création du monde, imparfaite, relève du mal et les cathares doivent s'extraire de leur prison charnelle pour retourner à Dieu. Pour cela, ils prônent une vie de pauvreté et de renoncement pour atteindre une perfection spirituelle.

Cette situation est préoccupante pour l'Église, car c'est une véritable contre-église qui se développe en terre chrétienne. Dès la fin du XII siècle, les comtes de Toulouse tentent de combattre l'hérésie qui ne cesse de gagner du terrain mais elle est tellement bien implantée qu'ils ne peuvent rien faire sans susciter des révoltes. Au début de son pontificat, le pape Innocent III s'inquiète de l'influence grandissante de l'Église cathare en Languedoc. Il envoie de nombreux prêtres, dont Dominique De Guzman pour prêcher le retour au catholicisme. Les conversions sont rares et Dominique a l'idée de créer l'Ordre des Prêcheurs qui prend modèle sur la prédication itinérante de Jésus afin de mieux toucher les populations locales.

Dominique de Guzmán (1170/1175 – 1221) est le fondateur des Dominicains. C'est un castillan issu d'une famille de petite noblesse. Il reçoit une éducation cléricale et en 1196 il devient chanoine puis prêtre à la cathédrale d'Osma. Il accompagne son évêque Diègue d'Osma au Danemark pour une mission diplomatique en 1203 et à nouveau en 1205. Pendant leur voyage à travers le sud de la France, ils voient les problèmes causés par les Albigeois et les efforts militaires et religieux fait pour réprimer l'hérésie. Avec son évêque, Dominique commence (en 1206) à prêcher à la fois auprès des Albigeois et auprès d'un autre groupe de dissident, les Vaudois. Et il adopte le style de vie de simplicité et de pauvreté que ces groupes pratiquent.

Les trois textes sont extrait du Cartulaire ou histoire diplomatique de saint Dominique qui est un recueil de tous les actes, privilèges ou donations obtenus par saint Dominique.

Le premier document est une charte de fondation ou charte de coutume dans laquelle sont énumérées les conditions de la fondation du monastère de Prouille et son emploi : un refuge pour les femmes hérétiques converties et pour les filles des nobles languedociens morts ou ruinés.

Le deuxième texte relate la pénitence d'un hérétique. Avec ce texte on voit le déroulement de la pénitence, les différentes sanctions et les conditions que le pénitent doit respecter une fois converti.

Et le troisième texte est l'acte par lequel l'évêque Foulque érige canoniquement la communauté de Dominique et ses frères comme une congrégation religieuse de son diocèse, dont la mission est la propagation de la vraie doctrine et l'extirpation de l'hérésie. Dans ce texte, il indique aussi les coutumes qui régissent cette congrégation.

Donc on va voir qu'elle est la méthode employée par Dominique pour lutter contre l'hérésie et son impact sur le Languedoc au début du XIII siècle ?

Pour ça il faut voir comment Dominique s'est implanté dans le Languedoc (les moyens employés), ensuite une conversion d'un hérétique et pour finir, la mise en place de l'ordre des frères prêcheurs.

I) L'implantation de Dominique dans le Languedoc.

À son arrivée dans le Languedoc en 1206, Dominique organise les femmes converties du mouvement contre les Albigeois dans une communauté religieuse à Prouille.

A. La fondation du monastère de Prouille.

Ligne 1-4 : Cette charte de fondation est à destination de tous.

Charte : un acte officiel conclu entre particuliers, ou entre un souverain ou un seigneur et ses sujets. Document par lequel le suzerain accorde à ses sujets des droits particuliers et des exemptions de taxes. Cette charte est pour répondre à une demande faite par Dominique et elle est accordée par le pouvoir ecclésiastique ; l'évêque Foulque et le prévôt de Saint-Etienne.

Foulque de Marseille puis de Toulouse : (v.1155 - 1231), est issu d'une famille génoise établie à Marseille. Après avoir été marchand et troubadour, il fut moine de l'ordre de Cîteaux, puis évêque de Toulouse en 1205. Avec Dominique, il lutte contre l'hérésie cathare et assiste à la fondation des premiers monastères du futur Ordre des Prêcheurs, y compris Prouille.

(En 1207, il prend part au colloque de Pamiers, dernier grand débat contradictoire entre les cathares et l'Église catholique romaine.)

seigneur prévôt de Saint-Etienne : officier public, domanial ayant des fonctions judiciaires ou policières ou un chanoine administrant la mense capitulaire.

=> revenu ecclésiastique attribué soit à l’évêque ou à l’abbé (mense épiscopale ou abbatiale), soit aux chanoines ou aux moines (mense capitulaire ou conventuelle). La mense est habituellement un patrimoine foncier dont les revenus servent à l’entretien de son ou de ses titulaires (évêque, abbé, chanoines, etc).

=> Dominique, avec la permission de Foulque, évêque de Toulouse, fonde un couvent à Prouille en 1206, en utilisant l'ancienne église et quelques dépendances. Et il a donné la règle et les constitutions qui ont toujours guidé les nonnes.

B. Une fondation sur le modèle cathare.

Ligne 4-8 : Donation d'une église et de terres pour des femmes hérétiques converties.

Elles restaient cloîtrées dans le monastère et n'étaient pas autorisées à prêcher. Elles se devaient de rester dans l'enceinte du monastère et s'occuper d'accueillir les cathares repenties qui avaient été reconverties par Dominique et ses frères.

Ligne 8-12 : On voit également que ces femmes ne reçoivent pas les redevances prélevées sur les terres du monastère. Les taxes sont données à l'église de Fanjeaux => à Dominique puisqu'il

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