Partage Triparadisos

TEXTE ÉTUDIÉ : Arrien, Diadoques, « Le partage de Triparadisos »

Dictionnaire de la civilisation grecque, Pierre Devambez

Dictionnaire du Monde grec antique, Maurice Sartre

INTRODUCTION

La mort subite et inattendue d'Alexandre, survenue au mois de juin de l'année 323, laisse sans tête un Empire immense depuis l'achèvement de l'Anabase. Sa succession n'a pas eu le temps de s'organiser, la dynastie argéade manquant de prince, et aucun des deux prétendants possibles n'est convaincant, à court comme à long terme. En effet, Arrhidée, fils bâtard de Philippe II et donc demi-frère d'Alexandre, est déficient mental : il ne paraît pas apte à diriger la Macédoine et toutes ses conquêtes immenses. Par ailleurs, même si l'enfant que porte Rhoxane, la femme d'Alexandre, se révèle quelques mois plus tard être un garçon, cela suppose une longue régence, qui impose donc une organisation provisoire de l'Empire, en attendant qu'il soit apte à gouverner. Dès lors, les généraux qui entouraient le roi défunt décident de manière collégiale la prise en charge de l'Empire, assurant ainsi le maintien théorique de son unité. Ce premier partage profite à Cratère, Perdiccas ainsi qu'à Antipatros, qui forment ainsi un triumvirat au service de l'Empire. Cependant, les morts combinées de Cratère et de Perdiccas en 321, sur lesquelles nous reviendrons, imposent un nouveau partage, qui s'effectue à Triparadisos, au nord de la Syrie entre 321 et 320. C'est sur cet événement que porte le texte étudié, extrait des Diadoques d'Arrien.

Arrien (vers 95-175 ap. JC) : Lucius Flavius Arrianus, Grec originaire de Nicomédie, capitale de la Bithynie, élève d'Epictète, et ami de l'empereur Hadrien, effectua une carrière au service de l'Empire qui le mena jusqu'au gouvernement de la Bétique (129-130), puis de la Cappadoce (131-137), dont il donna une description vivante dans son Périple du Pont-Euxin.

Retiré à Athènes après la mort d'Hadrien (138), il y rédige l'essentiel de son œuvre d'historien à la manière de Xénophon et d'Hérodote, dont il est admiratif. En dehors d'un manuel sur la chasse et de la publication des Entretiens d'Epictète, il se consacre en effet à l'histoire, notamment à celle d'Alexandre le Grand : son Anabase (titre emprunté à Xénophon) constitue le récit le plus complet et le plus fiable sur l'expérience d'Alexandre. Il se décline en 7 livres, très précis et objectifs, et est fondé sur des ouvrages aujourd'hui perdus comme les Mémoires de Ptolémée Ier et ceux d'Aristoboule, deux contemporains d'Alexandre. En complément de cette œuvre majeure, il rédigea une description de l'Inde, c'est à dire du bassin de l'Indus, que complète le récit de l'expédition navale de Néarque depuis l'embouchure de l'Indus jusqu'à l'embouchure du Tigre, même s'il s'agit probablement d'un ouvrage de seconde main.

Die Fragmente der griechischen Historiker (les « Fragments d'historiens grecs »)

collection de fragments d'œuvres d'historiens grecs, assemblés par le philologue allemand Felix Jacoby (1876-1959) depuis 1923. Son but est de compiler l'ensemble des traces subsistant d'historiens grecs dont les œuvres sont aujourd'hui perdus : citations, fragments retrouvés, résumés..

Jacoby avait initialement prévu un plan en cinq parties. À sa mort, en 1959, 15 volumes sont parus mais seules trois parties sont achevées.

Diadoques est ainsi une œuvre présente dans la 3ème partie, dédiée aux historiens, et elle est supposée être d'Arrien : seuls des fragments sont disponibles. Celui-ci concerne donc le partage de Triparadisos

Jean-Marie Bertrand : professeur émérite à Paris 1

PQ : En quoi cet extrait, témoignant du partage effectué à Triparadisos, reflète t-il par ailleurs la fragilité de l'empire du défunt Alexandre, provoquée par les ambitions de la plupart des hauts dignitaires présents lors de cette conférence ?

I) Une conférence perturbée avant même d'avoir débuté :

a/ une solution provisoire suite à la mort de Perdiccas

b/ une tentative de résolution des « luttes entre Macédoniens »

c/ la persistance de certains problèmes

II) Un partage méthodique et global :

a/ une nouvelle division, entre confirmations des titulaires...

b/ … et nomination de nouveaux dirigeants

c/ une nécessaire adaptation dans l'optique de la stabilité

III) Un fragile équilibre, provisoirement maintenu par Antipatros :

a/ la prise en compte des intérêts des principaux hauts dignitaires

b/ l'arrêt du processus de désagrégation de l'Empire ?

c/ Antipatros, personnage respecté mais sur sa fin

I) Une conférence perturbée avant même d'avoir débuté :

a/ une solution provisoire suite à la mort de Perdiccas

« Avec l'approbation de l'assemblée, Peithon et Arrhidée furent proclamés à titre provisoire chefs de l'ensemble de l'armée à la place de Perdiccas » (lignes 1-2)

À la mort d'Alexandre, deux de ses principaux officiers prennent des positions clés. Le premier, Cratère, assume le titre de prostatès, soi le rôle de protecteur de la royauté, et contrôle ainsi l’administration du royaume. Le second, Perdiccas, était l'un des Compagnons d’Alexandre, à la tête des troupes en Asie Mineure. Pour cela, il prend le titre de chiliarchos, ce qui fait de lui le chef des armées en Asie Mineure, position importante au niveau administratif également, dans la mesure où cela lui donnait la liberté d'exercer un contrôle

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