Marc arsis
Cours : Marc arsis. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ismanol • 27 Juin 2019 • Cours • 2 366 Mots (10 Pages) • 549 Vues
Au XVIIè siècle, reconstructions, aménagements ou créations d’édifices religieux se trouvent stimulés par l’ardeur apologétique de l’Eglise et en quelques années se constitue a Toulouse un foyer artistique de haute qualité. Si l’impulsion première est bien d’essence spirituelle, l’importance des enjeux, notamment financiers, crée les conditions de la venue d’artistes de valeur dont l’action sera déterminante et participe au dynamisme de cette production artistique. A l’aube des années 1670 disparaissent deux grandes figures du foyer artistique toulousain : Gervais Drouet et Pierre Affre. Cependant, la relève est assurée par le prometteur Marc Arcis qui est désigné comme l’héritier de Gervais Drouet. Avec Gervais Drouet, l’influence lente de ces sculpteurs formés en Italie s’accentue, portée par l’évolution du mouvement né de la contre-Réforme. La sculpture, instrument privilégié d’une reconquête des principes de l’Eglise et de la gloire de Dieu, bénéficie désormais de la virtuosité technique du baroque, qui affirme dans l’art du relief la notion essentielle de création. Cet élan est fortifié, en France, par le centralisme monarchique que Louis XIV impose au cours de son règne. Marc Arcis s’installe à Paris après ses premiers ouvrages toulousains et, pendant dix ans, participe aux chantiers les plus remarquables voulus par le roi ou les grands de la cour. Cette effervescence créatrice, issue de la mise en place de la monarchie absolue, marque profondément Arcis. De retour en province, loin de « la capitale des Arts » il va travailler pour des amateurs d’art, pour la plupart magistrats ou financiers. Gaspard de Fieubet, Premier président du parlement, est l’un des commanditaires les plus importants de cette période. D’abord au service essentiel de la religion catholique, la sculpture sert désormais les desseins de la monarchie absolue et se plie aux raffinements des grands du royaume, amateurs ou collectionneurs. Cependant, l’ornementation des lieux de culte reste l’activité majeure des sculpteurs toulousains. Gabriel de Vendages de Malapeire, fondateur, concepteur et mécène de la chapelle notre-dame du Mont Carmel, s’entoure des meilleurs artistes pour rendre hommage à la vierge. Considérées comme les seuls vestiges du programme sculpté, quatre statues conservées au musée des Augustins permettent de mieux appréhender ce décor. Attribuées dans un premier temps à Bor, elles ont été justement rendues à Marc Arcis, en 1912. Ces quatre figures, d’une forte stature, témoignent de la maîtrise d’Arcis dans le domaine de la terre cuite. Ces sculptures trahissent un artiste d’une grande habileté, tant dans le mouvement ample et fluide des drapés que dans les visages, expressifs et vigoureux. Ces sculptures ont probablement été conçues en 1690, lors d’une campagne de décoration de la chapelle. Ces œuvres conservées ne donnent qu’une faible mais précieuse idée de la splendeur de cette chapelle et de la virtuosité de certains des artistes appelés à la décorer. Au travers de ces quatre figures emblématiques de l’ordre des Carmes nous allons nous intéresser à la volonté d’enseignement qui anime le projet du mécène, ardent défenseur de l’orthodoxie romaine qui s’accompagne de riches influences artistiques.
I. Circonstance de la commande :
Les quatre statues en terre cuite du sculpteur Marc Arcis s’inscrivent dans la campagne de décoration de la chapelle Notre-Dame du Mont Carmel. Située dans l’enceinte du couvent des grands Carmes de Toulouse, elle était adossée au flanc nord de l’église, longée par la rue du Mont Carmel. Elle n’a été préservée qu’un siècle, victime de sa désaffection au moment de la Révolution, qui entraîna sa destruction en 1806. Fondateur, concepteur et mécène de cette chapelle, Gabriel de Vendages de Malapeire est né à Toulouse en 1624. Succédant à son père dans la charge de conseiller du roi et magistrat à la sénéchaussée de Toulouse, il se passionne pour les sciences et les arts. Il est l’ami du théoricien Dupuy-Dugrez, effectue plusieurs voyages en Italie et utilise sa fortune pour constituer une importante collection d’œuvres célébrant son culte passionné pour la vierge. Ce n’est qu’en 1671 qu’il obtient des carmes l’autorisation de démolir leur chapelle, dédiée à la vierge pour en élever une nouvelle. En 1691, Malapeire rédige un ouvrage qui demeure le témoignage le plus précis de cette étonnante création. Les principes régissant le programme iconographique de l’ensemble des décors sont directement empruntés à la doctrine des Carmes. Attentif aux théories architecturales, c’est par ce biais que l’auteur justifie le parti adopté pour l’ensemble de la construction en forme de croix latine. Le magistrat, dans ses écrits ne fit aucune allusion aux quatre statues de Marc Arcis, conservées au musée des augustins de Toulouse. Ces effigies représentant Agabus, Elie, Elisée et saint Simon Stock ont parfois été attribuées à Bor, sculpteur originaire de Saint Félix de Lauraguais. Aujourd’hui, leur facture ne laisse aucun doute, elles sont de la main D’Arcis.
Ces figures de l’ordre des carmes, dont l’image était reproduite à de nombreuses reprises dans le décor de la chapelle, étaient disposées sur les marches du sanctuaire. Cette disposition peut paraître surprenante, compte tenu des dimensions des sculptures (près de 1.70 mètres de hauteur) et de l’ampleur de leurs gestes ou de l’orientation des visages. Leurs proportions, complétées par le texte de Malapeire permettent d’imaginer que le sanctuaire comportait un décor particulièrement imposant. L’autel imaginé par Malapeire devait représenter la montagne du Mont Carmel, « revêtue et taillée de marbre » dans laquelle devait être ménagé un espace voûté pour l’autel. Au-dessus, un baldaquin composé de quatre colonnes torses en marbre de Caunes, devait rappeler le premier oratoire élevé sur la montagne du Carmel. Sous celui-ci devait être installée une image de la vierge. Les figures agenouillées ou assises de Marc Arcis devaient donc être disposées de chaque côté de cet oratoire dont l’élévation devait justifier l’attitude donnée à ces sculptures. Les effigies monumentales semblent avoir été conçues pour être disposées en symétrie. Les visages d’Agabus et d’Elie, les fondateurs, devaient être placés face à face, regardant une scène située probablement à hauteur de leur regard. En revanche l’attitude donnée aux continuateurs, saint Simon stock et Elisée, dont le visage est incliné vers le bas, incite à penser que ces représentations étaient posées en symétrie.
Deux d’entre elles, représentant Elie et Agabus, ont le visage incliné, les yeux levés dans un mouvement qui semble lié. En revanche, saint simon Stock et Elisée ont la tête penchée, les yeux baissés. Les figures devaient ainsi être regroupées, sur deux registres différents. Des traces d’apprêt et de dorure sont encore perceptibles par endroits. Ces sculptures en terre cuite étaient probablement recouvertes d’un enduit imitant le marbre. Cette hypothèse peut être évoquée à partir de la remarque, en 1759, de l’historien Jean Raynal qui décrivait « les quatre figures de marbre de la chapelle du Mont Carmel ».
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