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Le triomphe de Paul-Emile (Plutarque)

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Par   •  8 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 736 Mots (7 Pages)  •  4 615 Vues

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       Le triomphe de Paul-Emile

Plutarque est né dans la cité grecque de Chéronée, en 46 après J.-C. Si les historiens disposent de peu d'informations sur sa vie, il semble qu'il appartienne à la lignée du roi thessalien Opheltias. Plutarque suit sa formation à l'école platonicienne d'Athènes, où il étudie la philosophie et les sciences. Il est l'élève du savant platonicien Ammonios d'Athènes, auquel il fait fréquemment référence dans ses écrits. Plutarque devient également médecin, après avoir suivi une partie de sa formation à Alexandrie. Après obtention de la citoyenneté athénienne, le philosophe effectue de nombreux voyages à Rome, où il enseigne notamment la philosophie et le grec. Sous l'empire de Trajan, Plutarque est fait prêtre d'Apollon à Delphes et reçoit les ornements consulaires vers 100 après J.-C. Il devient citoyen romain à cette même période. Une de ses œuvres principales se nomme Vies parallèles des hommes illustres dans laquelle il s’intéresse à la vie d’hommes tantôt Grecs, tantôt Romains ayant marqué l’histoire.

Dans cet extrait, Plutarque se livre au récit du triomphe de Paul-Emile. Paul-Emile (227-158 av. J.-C) est un général romain qui, après plusieurs succès militaires, fut chargé de la guerre contre Persée, roi de Macédoine. Il le vainquit à Pydna en juin de l’année 168 av. J.-C. C’est un véritable coup de maître puisqu’il parvient également à s’emparer de toute la Macédoine. C’est à son retour à Rome qu’il reçoit le triomphe, pour le récompenser de toutes ces victoires. Le triomphe est une cérémonie romaine au cours de laquelle un général vainqueur défile dans Rome à la tête de ses troupes. Dans quelle mesure ce texte exprime l’importance considérable qu’incarne la cérémonie du triomphe à Rome ?

Dans un premier temps, nous aborderons le rôle des différents acteurs dans le processus d’octroi du triomphe. Ensuite, nous étudierons la cérémonie et ses multiples enjeux puis, enfin, nous montrerons comment, à travers le texte, Plutarque fait un véritable éloge de Paul-Emile.

Après son retour à Rome, Paul-Emile est censé recevoir le triomphe. En effet, il a livré de lourdes batailles en Macédoine, dont il est sorti vainqueur. Mais certaines personnes s’y opposent. Entre autres, les soldats qui avaient combattu à ses côtés : ils lui reprochent de ne pas avoir partagé le trésor et également d’avoir été trop autoritaire ; « les soldats qui avaient jeté un œil d’envie sur les trésors du roi et n’en avaient pas obtenu la part », « sourde rancune contre Paul-Emile », « Ils finirent par l’accuser ouvertement de s’être montré rude et despotique » (l. 5-7). Un autre opposant au triomphe est Servius Galba. Cet homme, tribun militaire et ennemi de Paul-Emile, clame qu’il ne mérite pas cet honneur. Il met alors tout en œuvre pour annuler la cérémonie et s’attelle à écrire un discours accusateur envers l’empereur romain : « s’enhardit ouvertement jusqu’à dire qu’il ne méritait pas le triomphe » (l. 9-10) ; « il demanda aux tribuns de la plèbe de remettre l’assemblée à un autre jour » (l. 11) ; « il entreprit de faire un long discours, plein de diffamations de toutes sortes » (l. 13).

De l’autre côté, il y a les partisans de Paul-Emile, qui prennent sa défense lorsque son triomphe est remis en question. En effet, l’auteur souligne que le peuple est du côté du général : « la foule, outrée de l’insulte faite à Paul-Emile, protesta bruyamment » (l. 17). Les sénateurs se rangent également derrière lui : « les sénateurs les plus en vue (…) les honneurs dus à sa victoire » (l. 18-20). Enfin, dans le « camp » de Paul-Emile, on compte un consul du nom de Marcus Servilius. Ce dernier prend la parole pour défendre le général. A cet instant, le peuple tout entier se tait et écoute avec attention : « Tout le monde s’arrête et le silence se fait » (l. 22). Il commence son discours en s’attaquant à l’armée : selon lui, Paul-Emile a fait preuve de force en dirigeant des troupes si rebelles « en voyant avec quelle armée pleine d’indiscipline et de mauvais instincts il a pu mener à bien de si belles et si grandes entreprises » (l. 24-25). La décision de lui accorder le triomphe a lieu réellement à ce moment-là. En effet, cet homme qui « avait tué vingt-trois ennemis en combat singulier » (l. 22-23) impose ses convictions et parvient à persuader les sceptiques.

On comprend donc que le triomphe ne dépend pas uniquement du général mais de tout un peuple. En effet, chacun peut contester l’octroi du triomphe et la décision ne revient pas à une seule personne.

C’est une cérémonie qui s’étend sur trois jours. Elle mobilise un grand nombre de ressources, notamment matérielles. Par le biais de cette cérémonie, le général, ses troupes et toute la ville cherchent à montrer la supériorité qu’ils ont acquise face à leurs ennemis. Pour ce faire, ils exposent toutes leurs richesses, ainsi que les biens pillés à leurs adversaires. La première journée, il y a un défilé de statues et de tableaux pris à l’ennemi (les Macédoniens) et transportés par 250 chars : « les statues, les tableaux, les colosses pris à l’ennemi, que transportaient deux cent cinquante chars » (l. 34-35). Le deuxième jour, c’est le défilé des armes des ennemis. Derrière, « trois mille hommes qui portaient de l’argent monnayé dans sept cent cinquante vases du poids de trois talents » (l. 37). Enfin, le troisième et dernier jour, « s’avançaient cent vingt bœufs engraissés, aux cornes dorées, parés de bandeaux et de guirlandes » (l. 42). La cérémonie présente un caractère scénique : tout est mis en œuvre pour épater le spectateur.

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