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Le Panégyrique d'isocrate

Commentaire de texte : Le Panégyrique d'isocrate. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Septembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 999 Mots (8 Pages)  •  691 Vues

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Héloïse Fournier29/03/2021

                     « Oh ! que les villes de la Grèce sont loin d’un état véritable de liberté et d’indépendance ! Les unes sont assujetties à des tyrans, les autres obéissent à des gouverneurs lacédémoniens, quelques-unes ont été ruinées de fond en comble, d’autres sont opprimées par les Barbares (…) » Panégyrique, 117. Telle est la vision que porte Isocrate sur le monde grec, en 380. Sparte règne sur les cités qui lui sont soit alliées, soit soumises. L’ambition spartiate d’émanciper les cités grecques du joug athénien s’est mutée en domination politique, financière et militaire. Athènes est dans une situation délicate. La priorité est de restaurer le pouvoir politique et financier de la cité et la difficulté et de ne pas provoquer les spartiates.

Isocrate, rhéteur et homme politique athénien du IV° siècle défendit en 380 l’union des peuples grecs face à la menace barbare dans son Panégyrique. Isocrate naquit à Athènes en 436. Fils d’un citoyen fortuné nommé Théodoros qui lui offrit la meilleure éducation possible à Athènes à la fin du V° siècle, Isocrate fréquenta les sophistes et les grands stratèges athéniens comme Alcibiade et Théramène. Isocrate devint professeur de rhétorique et ouvre une école très réputée à Athènes. Parallèlement, il mit ses talents d’éloquence et d’écriture au service du peuple et des rois. De tous ses discours, le plus célèbre et celui qui consacra sa renommée dans le monde grec est le Panégyrique, dont nous allons étudier un extrait. Sa préparation a pu commencer vers 391 mais il fut publié en 380. Panégyrique en grec classique désigne un discours prononcé dans une grande assemblée où se donnent rendez-vous des Grecs par milliers, parfois venus de très loin. Le sens du mot en français a évolué vers un discours à la louange de quelqu’un, une apologie. Cette mutation peut s’expliquer en raison du fond du discours d’Isocrate, qui repose sur un éloge d’Athènes. Mais il serait réducteur que de s’arrêter à ce simple éloge. Si la première partie du Panégyrique est en effet un éloge d’Athènes et de la politique des anciens, le discours se poursuit par un blâme de l’hégémonie spartiate et finit par une invitation à la réconciliation entre les deux cités grecques afin de s’unir face aux Barbares. Nous allons ici étudier un extrait portant sur le blâme de l’hégémonie de Sparte sur les cités du monde grec. Pour ce faire, nous nous demanderons en quoi l’ambition de ce discours est double : c’est à la fois une propagande dans le but d’affranchir les Athéniens de leur passé impérialiste, et une démonstration de l’échec spartiate en tant qu’hégémon du monde grec. Nous étudierons ce discours de manière linéaire tout en apportant une réponse à ces deux questions.

               C’est après avoir fait les louanges de l’Athènes d’autrefois, lorsque la cité était encore maîtresse du monde grec, qu’Isocrate écrit les lignes que nous étudions. « Ces remarques faites (…) » (l.1) sont en effet celles comme quoi les cités grecques se portaient mieux sous l’hégémonie d’Athènes que sous celle, actuelle, de Sparte. Selon lui, Athènes a rendu plus de services et apporté plus de bienfaits à la Grèce que Sparte ne le fera jamais.  Cet enchaînement est bien choisi par le rhéteur : l’éloge permet de transmettre une certaine fierté quant aux capacités politique d’Athènes. En effet, Isocrate écrit qu’il est « juste de s’indigner » : c’est en raison du passé glorieux d’Athènes et de ses accomplissements que la cité a toutes les raisons de s’exprimer. Par ces termes, Isocrate autorise les grecs à la critique de Sparte, en dépit du déclin de la puissance athénienne. Isocrate poursuit en déclarant que les Lacédémoniens justifient leur rôle dans la guerre du Péloponnèse par leur volonté de libérer les cités grecques opprimées « comme pour » (l 3). Le ton est ici ironique et Isocrate ne précise pas de qui les Grecs se devait d’être libérés. Ici, l’agresseur en question est la cité d’Athènes elle-même et affirmer qu’au commencement du conflit la volonté spartiate n’était pas de libérer les cités du joug athénien n’est pas totalement correcte. Certes, les Lacédémoniens n’agissait pas en altruiste simplement pour le bien des cités de la ligue de Délos, mais la montée de l’impérialisme athénien représentait une véritable menace que seul Sparte était en capacité d’éteindre. De plus, il leur fallait agir et prouver à leurs alliés de la ligue du Péloponnèse que Sparte était capable de les protéger. Donc oui, Sparte, en prétendant vouloir fraternellement libérer les cités n’a pas été honnête. Mais c’est Athènes qui abusa de son hégémonie ; Thucydide fait ici preuve de mauvaise foi, ce qui montre que l’orateur s’exerce ici à une forme de propagande afin de dédouaner les Athéniens pour mieux condamner les Spartiates. L’auteur place Athènes en sauveuse « notre ville (…) qui à plusieurs reprises les sauva » (l 4) en parlant des cités d’Asie mineure. Thucydide fait ici référence au troisième épisode de la guerre du Péloponnèse, les cités d’Ionie se révoltent en 412 face à « leur saveur » en raison de la domination athénienne trop pesante. Le rhéteur écrit que Sparte livra aux barbares les Ioniens : en effet, en cette fin de conflit, afin d’être en mesure de continuer les combats, Sparte s’allia aux Perses en échange des villes d’Ionie. À la ligne six, Thucydide souligne de fait le paradoxe entre l’attitude des Lacédémoniens à l’aube du conflit, qui reprochait aux Athéniens leur domination, et leurs actes à la fin de la guerre. Effectivement, Sparte n’a pas combattu pour la liberté des Grecs puisque la cité conserve le contrôle de cités en Asie Mineure et confie les autres aux Perses. Thucydide prononce ensuite une plainte envers les Ioniens « soumis à un tel esclavage » (l 7) : les cités grecques passées sous le joug spartiate ayant en effet subi une domination pire que celle subie sous le joug athénien, une domination que l’on pourrait comparer à de l’esclavage. En effet, si Athènes imposait le phoros, Sparte instaure sur les cités d’Asie Mineure des décarchies, soit des régimes oligarchiques radicaux, et surveille de près ces territoires avec des garnisons de Néodamodes et la présence d’un harmoste. De plus, le tribut à remettre à Sparte est bien plus lourd que le phoros athénien. Ainsi, même si Thucydide dit faux lorsqu’il écrit qu’Athènes commandait les Grecs dans la « légalité » (l 6), la domination athénienne fut bien moins tyrannique que celle de Sparte.

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