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Isocrate, extrait Du Panégyrique

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Par   •  11 Décembre 2012  •  3 773 Mots (16 Pages)  •  2 280 Vues

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Isocrate, extrait du Panégyrique

(380 av J-C)

Tel que l’a constaté Xénophon dans l’Anabase, les Lacédémoniens sont à la fin du Vème siècle avant J-C, les chefs de la Grèce, ils détiennent l’empire sur terre et sur mer et peuvent agir selon leur gré dans les cités. En effet, à partir de 404 avant J-C et de sa victoire lors de la guerre du Péloponnèse, Sparte exerce seule son hégémonie sur l’ensemble de la Grèce et cela durant trois décades. La cité avait justifié le renversement d’Athènes comme une lutte contre l’impérialisme en se faisant la protectrice de l’autonomie (autonomia) des cités, mais Sparte s’empressa en réalité de les soumettre à ses exigences, en leur imposant un tribut ou même un gouvernement à sa solde. En vue de critiquer la stratégie politique de Lacédémone et de faire un éloge d’Athènes, Isocrate, un logographe athénien (436 av J-C – 338 av J-C), déclama à l’occasion de la panégyrie d’Olympie en 380 avant J-C, un long discours favorable à l’entente entre les deux cités. Dans cet éloge, le Panégyrique, considéré comme son chef d’œuvre, Isocrate prêche avant tout l’unité panhellénique contre les Barbares, mais dans l’extrait qui nous est présenté, il remet particulièrement en cause la nouvelle politique spartiate et regrette la période d’hégémonie athénienne.

Provenant du mot grec panèguris qui désigne un rassemblement populaire à l’occasion d’une fête, le panégyrique est un discours à la louange d’une personne illustre, d’une nation ou d’une cité et qui dans le cas présent fut énoncé en présence de nombreux citoyens. De ce fait, l’objectif de l’orateur semble clair, car en exprimant ainsi sa vision du contexte politique de l’époque, il sensibilise les individus présents au sort de la Grèce et plus précisément d’Athènes, et les incite peut-être de façon implicite à réagir. Au fil de cet extrait, Isocrate s’indigne de la situation actuelle qui touche la Grèce et reproche à Sparte son impérialisme et sa collaboration avec les Barbares au détriment des cités grecques qui furent ses alliées. Il énumère les exactions perpétrées par les spartiates et les conséquences qui ont alors été encourues par les cités grecques.

L’intérêt de ce document réside tout particulièrement dans le fait que la description critique de la politique de Sparte soit effectuée par un athénien, et manque donc peut-être de recul. Dès lors, il semble intéressant d’analyser l’opinion d’Isocrate à travers ce discours ainsi que celle des autres cités grecques vis à vis de l’hégémonie spartiate. En quoi cet extrait du Panégyrique d’Isocrate constitue t-il une véritable diatribe à l’encontre de la stratégie politique de Lacédémone, tout en faisant preuve de louange envers les autres cités grecques, et principalement Athènes ? Nous aborderons dans un premier temps la condamnation de la politique spartiate par l’auteur ainsi que ses regrets de la période hégémonique athénienne, puis dans un second temps, nous étudierons les conséquences directes de cet impérialisme lacédémonien sur les cités grecques.

Dès le début de l’extrait, Isocrate révèle ses intentions critiques à l’égard de Sparte et semble scandalisé par le contexte actuel de rédaction, « il est juste de s’indigner des conditions présentes » mais également par le contexte passé. En effet, il fait auparavant référence à des affirmations qui sont hors de l’extrait, « Ces remarques faites » et qui concernent fort probablement les exactions passées des Lacédémoniens. Ainsi, après avoir abordé des événements passés, il va désormais s’attacher aux faits présents. Le ton de l’auteur souligne immédiatement ses ressentis à l’encontre de Sparte, « s’indigner », et il justifie d’emblée les raisons de son courroux en précisant qu’ « [il est juste] de s’en prendre aux Lacédémoniens ». Isocrate emploie la troisième personne du singulier « il est juste », ce qui prouve qu’il s’exprime en tant que porte-parole de nombreux grecs et emphase donc l’impact de sa dénonciation. Cependant, en tant qu’Athénien, l’orateur n’a pas un regard particulièrement objectif sur la situation, il est ainsi nécessaire de nuancer ses propos et de déterminer s’il s’insurge contre Sparte car celle-ci à considérablement réduit l’influence athénienne « la perte de notre hégémonie », ou parce qu’elle n’a pas donné l’autonomia promise aux cités grecques. Les Lacédémoniens sont désignés comme les responsables de tous les maux des cités grecques, et il semble logique qu’un Athénien les considère comme les meilleurs des coupables si l’on prend en compte les relations houleuses entre les deux cités.

Isocrate inscrit son récit dans la temporalité en utilisant des compléments circonstanciels de temps en vue de préciser certains événements. En effet, même s’il ne donne aucune date de faits précis, il établit un point de départ à cette stratégie politique négative de Sparte, « au départ ». Nous pouvons penser que l’auteur fait référence en premier lieu à la guerre du Péloponnèse durant laquelle les spartiates se sont présenté comme les garants de l’autonomia des cités grecs et de la liberté « comme pour délivrer les grecs », mais ce sont révélés être en réalité tout aussi impérialistes qu’Athènes, sinon plus. L’auteur accentue ce changement stratégique des Lacédémoniens en montrant que leur objectif d’origine « au départ, ils ont participé à la guerre comme pour délivrer les Grecs » a été modifié au fur et à mesure de l’évolution du conflit « finalement ils ont en livrés bon nombre ». Cependant, l’orateur semble penser que l’objectif altruiste de Sparte était en réalité une feinte destinée à tromper les Grecs, en effet, l’usage de l’expression « comme pour » insiste sur la véritable intention des spartiates qui était en réalité fort éloignée de ce qu’en avaient déduit les autres grecs. L’auteur semble donc scandalisé par ce comportement trompeur de Lacédémone, qui s’est présenté tel d’un sauveur, pour se révéler être par la suite un véritable traître en livrant des compatriotes Grecs aux barbares.

De plus, les spartiates ont considérablement porté atteinte à Athènes en s’alliant avec la Perse en échange des villes d’Ionie, « ils ont séparé les Ioniens de notre ville qui était leur métropole […] pour les livrer aux Barbares » et en trahissant une fois encore les Grecs au profit des Barbares. Cet épisode auquel fait allusion Isocrate date probablement de 414-413 avant J-C, et a affaibli Athènes en livrant

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