La vie de la reine Bérénice
Commentaire de texte : La vie de la reine Bérénice. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tdujuyh • 9 Février 2014 • Commentaire de texte • 1 187 Mots (5 Pages) • 780 Vues
ison entre le futur empereur Titus et la reine Bérénice, universellement connue grâce à la tragédie de Racine et à la « comédie héroïque » de Corneille, n'est évoquée que très rapidement par trois historiens antiques: Tacite (Histoires II.2), Suétone (Titus, 7, 1) et l'historien tardif Dion Cassius (Histoire Romaine, LXVI, 15)33. Juvénal en parle aussi dans ses Satires (Satires, VI). « Flavius Josèphe n'en dit rien, car proche d'Agrippa II et de sa sœur, il ne veut pas rappeler à celle-ci un souvenir particulièrement humiliant33. » De plus Flavius Josèphe a besoin de l'imprimatur de Titus puis de son frère l'empereur Domitien pour pouvoir publier.
Cette relation dura plus de dix ans, de 68 à 79, avec une période de séparation d'au moins quatre ans (71 à 75)33. Pendant « l'année des trois empereurs (68) » (Galba, Othon, Vitellius), Vespasien envoie son fils à Rome pour y saluer Galba le nouvel empereur qui vient de succéder à Néron33. En route pour Alexandrie, Titus apprend que Galba vient d'être assassiné par Othon. Il décide alors de rebrousser chemin, la désignation d'Othon remettant en cause sa mission33. Titus veut s'entretenir de la situation nouvelle avec son père. Il lui paraît hasardeux de poursuivre son voyage vers Rome, il craint qu'Othon ne le retienne prisonnier34. Après cet exposé, Tacite ajoute: « certains racontent qu'il rebroussa chemin à cause de son désir de revoir la reine Bérénice. » La relation existe donc depuis au moins 6834. Elle a probablement commencé pendant la campagne de Vespasien en Galilée (67-68), à laquelle Agrippa II participe à la tête de troupes auxiliaires34. Titus est alors veuf et âgé de 29 ans, tandis que Bérénice en a 4034.
Le 1er juillet 69, le préfet d'Égypte Tibère Alexandre — ex beau-frère de Bérénice, qui avait été procurateur de Judée de 46 à 48 — fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Selon Tacite, Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien34. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme « à la fleur de l'âge et de la beauté », pour une Bérénice probablement encore très belle à quarante-deux ans34.
Tandis que Vespasien attend à Alexandrie, le gouverneur de Syrie Mucien marche sur Rome et fait proclamer Vespasien empereur le 20 décembre 69. Vespasien retourne alors à Rome et laisse Titus à la tête de ses légions. Le 29 août 70, le Temple de Jérusalem est livré aux flammes, et la Judée perd ce qui lui restait d'autonomie.
Titus rentre à Rome pour assister à son triomphe (fin 70 ou début 71). À partir des écrits de Dion Cassius, on apprend que Bérénice n'a pas suivi son amant à Rome34. Elle ne vient le retrouver que quelques années plus tard en 75, à la faveur d'un voyage de son frère34. Cela donnait probablement à sa visite le caractère d'un voyage officiel, mais à l'issue du voyage elle s'installe au palais où elle vit maritalement avec Titus35.
Depuis 71, Titus est associé au pouvoir par Vespasien qui l'a désigné comme héritier de la couronne impériale35. Bérénice est alors au sommet de sa puissance, mais en l'absence de mariage avec le prince sa position demeure fragile35. Selon Dion Cassius, « elle attendait qu'il l'épouse et se comportait en toutes occasions comme si elle avait été sa femme36 »35. Suetone parle de la « célèbre passion » de Titus pour Bérénice « à laquelle, dit-on, il avait même promis le mariage37 »34.
En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome34 et elle retourne en Galilée. Suetone et Dion Cassius donnent la raison de cette rupture: Titus se rend compte que de nombreux romains sont opposés à son union avec Bérénice35,34. Il renvoie Bérénice, « malgré lui, malgré elle » — invitus invitam, écrit Suétone —. Cette phrase est à l'origine des tragédies de Corneille et de Racine34. Il meurt après seulement deux ans de règne, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.
Fin de vie[modifier | modifier le code]
« Bérénice meurt à une date inconnue, vraisemblablement dans le palais de son frère38. » Agrippa II disparaît en 101 ap. J.-C. troisième année du règne de Trajan selon Photios Ier de Constantinople qui cite Juste de Tibériade39,38. L'épitaphe d'un soldat découverte dans le Hauran confirme qu'Agrippa est mort sous Trajan38.
Julia Crispina, petite fille de Bérénice ?[modifier | modifier le code]
Il n'existe plus d'information au sujet de Bérénice ou de sa progéniture dans la littérature antique après la mention de Dion Cassius en 79. Toutefois, certains chercheurs estiment qu´une femme nommée Julia Crispina (Julia Brnyakianos Krisfina), mentionnée dans les papyrus en grec découverts en Égypte et en Israël, pourrait être sa petite-fille. Julia Crispina est notamment citée dans des documents découverts par Yigaël Yadin, issus probablement des archives de Babatha trouvées dans la Grotte aux lettres. Julia Bérénice est le même nom que celui de Bérénice. Brnyakianos renvoie à Berenicianus (Bérénicien), un des deux fils que Bérénice a eu avec Hérode de Chalcis. On dispose de manuscrits documentaires qui montrent qu'une Julia Crispina vivait en Égypte en 133. C'est en 132-133, au début des hostilités de la Révolte de bar Kokhba, que Julia Crispina semble être venue se réfugier en Égypte. Dans les archives de Babatha, Julia Crispina est désignée pour superviser les neveux orphelins du second époux défunt de Babatha appelé « Yehoudah (Judas) ben Eleazar connu comme Khtousion ». Julia a représenté en 130-131 les orphelins et leurs tuteurs dans un procès civil contre Babatha. Dans cette affaire, Julia Crispina n´agit pas en tant que tuteur (epitropos), fonction interdite aux femmes tant au regard des lois juives que des lois romaines, mais en tant que superviseur (episkopos)40.
L'identification de Julia Crispina comme une descendante de Bérénice est toutefois contestée. Simon Claude Mimouni estime qu'elle est la fille de Gaius Julius Alexander Berenicianus consul en 116, lui aussi descendant de la dynastie hérodienne41.
Arbre généalogique[modifier | modifier le code]
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