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La Traite négrière Au XVIIIe Siècle

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Par   •  17 Mars 2013  •  2 721 Mots (11 Pages)  •  1 535 Vues

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INTRODUCTION :

Le 21 avril 2001, sous l’impulsion de Christiane Taubira, la République française a reconnu la traite négrière européenne comme un crime contre l’humanité. Cette décision a été confirmée par la Conférence mondiale de Durban quelques mois plus tard. Cette entrée en matière a pour but de montrer à quel point le débat autour de la question de la traite négrière est loin d’être apaisé. Mais afin de bien définir le sujet, la distinction entre traite négrière et esclavage est indispensable. La confusion peut exister entre ces deux termes indissociables. Pourtant, aussi liés soient-ils, ce sont des phénomènes parfaitement distincts occupant des espaces temporels et géographiques différents. L’esclavage était plurimillénaire quand débuta la traite par l’Atlantique et il se maintint des dizaines d’années après l’abolition de la traite dans les différentes colonies. Dès le XVe siècle, les navigateurs portugais enlèvent des Africains pour en faire des esclaves dans leur pays. La découverte de l’Amérique va voir naître la traite atlantique. Les colonies développent peu à peu le système de plantations qui accroît les besoins en esclaves. C’est donc au XVIIIe siècle que le dispositif négrier va connaître son apogée : au cours de cette période, chaque année, 60 000 Africains seront envoyés aux Amériques par les Européens. Deux questions simples guideront notre étude : pourquoi et comment s’est organisée la traite négrière atlantique ? Nous verrons donc dans un premier temps le rapport existant entre nation et traite négrière avant d’envisager les modalités techniques de la traite.

I- Le rapport entre nations et traite négrière

Dans l’histoire de la traite, quelques puissances ont tour à tour concentré l’armement négrier. Au XVIIIe, la France et l’Angleterre tiennent le haut du pavé du marché, même si les anciennes puissances négrières (le Portugal et les Provinces-Unies) continuent à jouer un rôle mineur.

A- Politiques négrières nationales

• Politique négrière espagnole : l’Asiento.

L’Asiento est le système espagnol d’importation. L’Espagne est essentiellement une puissance de colonisation. L’étendue de ses colonies et la nécessité de s’y dédier totalement a entraîné la concession de la traite des esclaves dont elle avait besoin à d’autres puissances.

A l’origine, le mot « asiento » désigne simplement une sorte de système d’attribution de marché public, qui concède un monopole + ou – grand. En ce qui concerne la traite négrière, les asientos deviennent généraux dès 1580 et concèdent un droit de monopole absolu.

Au XVIIIe siècle, on peut dégager trois phases dans l’attribution de l’Asiento.

- pendant la guerre de succession espagnole (1702-1714) : on assiste à une brève tentative de domination française au travers de la Compagnie française de Guinée. Mais la contrebande anglaise et hollandaise accapare en réalité la majorité de la fourniture d’esclaves

- dès 1713 par le traité d’Utrecht et jusqu’en 1759, le privilège de l’asiento est concédé à la compagnie anglaise South Sea Corporation (Compagnie des mers du sud). Ce privilège exerce alors une influence considérable sur l’assainissement des finances anglaises.

- En 1765, les Basques récupèrent pour un temps très court (jusqu’en 1779) le privilège de l’asiento avant que l’Espagne ne le supprime, introduisant ainsi la liberté du commerce négrier

• Politique négrière française

Le développement de la traite en France n’est dû qu’à la crise du commerce traditionnel. Jusqu’en 1716, la traite négrière française était réservée à des entreprises d’état monopolistiques.

Les Lettres Patentes de 1716 et 1717 permettent aux ports français de « faire librement le commerce des nègres » contre le reversement de 3% des bénéfices à la Compagnie des Indes et d’un droit de 20 livres par Noir introduit aux îles. En 1768, les ports sont exemptés du droit par tête ramenée entre temps à 10 livres.

Entre 1784 et 1789, les efforts financiers de l’Etat pour promouvoir la traite négrière furent grands (< traite négrière abîmée par guerre de sept ans remportée par UK → flotte française en très mauvais état) : tout navire négrier recevait : une prime d’encouragement de 40 livres par tonneau payée avant départ, et au retour, une prime de 160 à 200 livres pour chaque captif débarqué aux colonies.

La révolution mit fin à cette manne en supprimant les primes puis l’esclavage sous la Convention (1794) que Bonaparte réhabilitera en 1802.

• Politique négrière anglaise

En 1698, le parlement anglais libéralise le commerce négrier en échange d’un prélèvement de 10% des biens anglais exportés en Afrique.

C’est le traité d’Utrecht de 1713, concédant le privilège de l’Asiento qui va donner le coup d’envoi à une explosion de la traite négrière anglaise. A Utrecht, l’Angleterre promet à l’Espagne une livraison de 144 000 esclaves sur trente ans, soit 4 800 esclaves par an. La Compagnie des mers du Sud obtient le monopole total.

En plus de la traite dans le cadre de l’Asiento, s’ajoute la traite libre aux colonies anglaises en Amérique, la Jamaïque et la Barbade disposant de livraisons incessantes.

La politique anglaise sera donc tout au long du XVIIIe siècle axée autour de la question de la traite. En effet, le système bancaire anglais s’est développé pour assurer une rotation des capitaux exigée par une traite négrière intensive.

B- Evolutions portuaires intra nationales

Les grands ports négriers européens : Londres, Bristol, Liverpool, Nantes, Bordeaux, Amsterdam

• Les ports français :

Au XVIIIe siècle, 17 ports français participent à la traite négrière. Trois ports se détachent : Bordeaux, Le Havre et La Rochelle. Nantes domine franchement : on dénombre 1427 expéditions au XVIIIe siècle, soit 42% de la traite française.

Cependant, il faut nuancer la domination nantaise. En effet si au début du siècle, Nantes est le leader négrier français (65% de la traite entre 1713 et 1722), le port subit un déclin progressif, et ne représente plus que 34% de la traite française entre 1783 et 1791. Ce déclin

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