L Afrique En Crise

1- L'Etat africain en crise face à de multiples enjeux

La crise ou la mutation de l'Etat débute dans les années 80 et se perpétue aujourd'hui. L'Etat est un héritage colonial. Dans les années 60, il est repris par les élites politico-administratives formées en son sein et dans sa logique par les anciennes puissances coloniales. Il se construit sur la rente et la prédation comme agent unique de promotion du fait national, de production des territoires.

Dès les indépendances, l'Etat exogène, doit faire face à une série d'enjeux qui se perpétuent aujourd'hui. Trois exemples d'enjeux permanents

- La démographie. Le continent compte 230 millions d'habitants en 1950 contre plus d'un milliard en 2010. La croissance exceptionnelle s'explique par le décalage considérable entre la natalité et la mortalité. Le taux de natalité est encore supérieure en moyenne à 35 pour mille (en raison de la jeunesse de la population – 45 % de moins de 15 ans) alors que la mortalité se situe à 12 pour mille. L'Afrique est encore dans la transition démographique (qui est exogène étant issue de la colonisation). La mortalité est encore élevée en raison du maintien de la mortalité infantile (90 pour mille) et surtout de la mortalité juvénile (170 pour mille). Le milieu tropical, les endémies comme le paludisme et la faillite des systèmes de soin expliquent la forte mortalité tout comme le poids du VIH – SIDA et des conflits dans les zones grises. La natalité reste élevée comme la fécondité (7 enfants par femme en 1975, 4,5 enfants par femme en 2010) mais elle tend à se réduire notamment en lien avec l'urbanisation.

- L'urbanisation. La population est encore majoritairement rurale (de 60 à 65 %) mais l'urbanisation est extrêmement rapide (en passant de 5 à 35 % en un demi-siècle). La croissance est de l'ordre de 5 % par an (avec presque 350 millions d'urbains).  C'est encore une fois une conséquence de la colonisation. La ville s'affirme à partir des années 50 en Afrique notamment les villes portuaires et les villes minières (dans le Copperbelt ou en Afrique du Sud). La croissance des très grandes villes notamment des métropoles littorales tend à se réduire (avec 2 à 3 % en moyenne) mais les armatures urbaines se renforcent. Une double tendance apparait à l'échelle continentale : la métropolisation et l'affirmation des villes moyennes. Le continent associe à la transition démographique la transition urbaine.

- le mal développement et l'exemple de la malnutrition. Les rapports de la FAO sont toujours alarmistes : la famine a disparu mais la malnutrition est encore largement présente. Pourquoi ? - le permanence des conflits, la famine est instrumentalisée dans les zones grises. - le continent est marqué par les aléas climatiques et économiques. C'est le système de la malnutrition : faible encadrement (sanitaire, scolaire, administratif, technique …), les endémies … 75 % de la malnutrition est rurale. - les potentialités agricoles ne sont pas en cause, l'Afrique a juste besoin d'intensification. Le continent a toujours répondu par l'extensif face à la charge démographique (mise en culture des bas-fonds, des fronts pionniers

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