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Commentaire sur Antigène de Sophocle

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Par   •  21 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 580 Mots (11 Pages)  •  764 Vues

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Commentaire sur le texte Antigone de Sophocle

"Il y a une justice et une injustice dont tous les hommes ont comme une divination et dont le sentiment leur est naturel et commun, même quand il n’existe entre eux aucune communauté ni aucun contrat ; c’est évidemment, par exemple ce dont parle l’Antigone de Sophocle" écrit Aristote dans son oeuvre la Rhétorique (1373b). La tragédie Antigone a été écrite en vers par le poète grec Sophocle. Ce texte de nature littéraire a été pour la première fois donné en représentation aux alentours de 441 ou 442 avant notre ère. Son auteur s’adresse alors aux citoyens athéniens, dont la cité se voit être le lieu d’ancrage de la démocratie. Ce texte a donc une visée éminemment politique se juxtaposant à la nature littéraire. Son intérêt est alors double. Il a tout d’abord un intérêt théorique. En effet, la démocratie athénienne s’est réellement ancrée au début du siècle suite à une crise politique et sociale que les grecs nomment la stasis. En a résulté une modification drastique de l’organisation politique qui donne naissance à ce que les historiens appellent la période classique. Elle est considérée comme la période de floraison de la démocratie athénienne. De nombreuses réformes ont été mises en place, dont une forme de hiérarchisation des lois, ayant pour vocation de conférer le pouvoir au peuple tout en délimitant sa souveraineté. Périclès parachève notamment cette démocratie en -451 en réformant entre autres le statut du citoyen qui doit être désormais né de père et de mère athéniens et en améliorant la cité avec le Parthénon par exemple. Néanmoins seule une petite partie de la population accède au statut de citoyen, environ dix pour cent de cette dernière. Ce sont des hommes libres de pères et de mères athéniens, âgés de plus de dix-huit ans, inscrits au registre de leur dême et qui ont fait leur éphébie. Ils sont au coeur des institutions et de l’administration de la cité et sont par conséquent ceux auxquels s’adresse Sophocle. L’intérêt théorique de cette pièce se substitue alors à son intérêt pratique. Le dramaturge met en effet en exergue dans sa pièce, les risques d’un pouvoir politique ne s’appuyant que sur une législation dénuée de morale. Il est lui-même depuis -443, héllénotame, c’est-à-dire un trésorier de guerre. Cette même année, Périclès devient stratège, plus haute fonction de la magistrature athénienne. Durant l’Antiquité, certains auteurs comme Sophocle ont voulu transmettre un certain nombre de théories notamment sur les rapports de la justice et de l’ordre. Il dénonce dans cette tragédie le règne de la violence, qu’il appelle l’ubris, signifiant littéralement la "démesure". L’objet de sa pièce est alors la loi, la loi des dieux opposée à la loi des hommes.

Dans quelle mesure la suprématie du droit naturel est-elle prépondérante au droit positif ?

Dans la onzième édition du Vocabulaire juridique de Gérard Cornu, "les droits naturels [sont des] droits innés et inaliénables que chaque individu possède par la naissance et nature sans avoir besoin de les tenir en acte ni pouvoir les aliéner et dont les gouvernements sont tenus d’assurer le respect". Le droit positif quant à lui est l’"ensemble des règles de droit […] en vigueur dans un pays donné à un moment donné, par opposition à droit naturel (ou idéal)". Le droit naturel est alors un droit sempiternel antinomique avec un droit positif variable (I) et synonyme de l’idéal de Justice (II).

I- Un droit naturel sempiternel antinomique avec un droit positif variable

Tout d’abord, dans cette tirade, le personnage principal Antigone explicite son choix d’avoir accordé une sépulture conforme aux rites, à son frère Polynice. Elle a bravé les ordres de son oncle Créon. Il avait pourtant proclamer un édit interdisant aux personnes ayant combattu contre la cité d’être inhumées. Elle argue que ce droit est inné et donc indépendant de toute forme d’intervention humaine.

A) Des lois transcendantes en conflit avec les lois humaines

A cette époque, le terme d’"édit" n’a pas de définition consensuelle. Il est apparu pour la première fois dans le droit romain. Cependant la définition de ce terme dans la onzième édition du Vocabulaire juridique de Gérard Cornu semble être conforme à celle de l’extrait. Un édit est "sous l’Ancien Régime, un acte juridique à caractère général, statuant sur une matière déterminée et émanant du roi". Créon est en effet roi de la cité de Thèbes. Cela signifie que la pièce se déroule sous un régime monarchique. De plus, il semble être à la fois juge et législateur : il est l’instigateur de la sanction s’appliquant à Antigone et également à l’origine de l’édit. Dans cet extrait, elle invoque alors un type de loi qui serait supérieure aux lois des hommes notamment à l’édit proclamé par Créon. Selon le Vocabulaire juridique, la loi est définie comme étant "toute norme ou système de normes d’ordre juridique ou extrajuridique ; en ce sens on parle de loi naturelle ou de loi morale, par opposition à la loi positive". Il est important de spécifier que le droit naturel et le droit positif ne sont pas encore théorisés à cette époque. Les lois émanant du droit naturel seraient d’origine divine. Les dieux étant par définition supérieurs aux hommes, les lois humaines sont donc inférieures "car ce n’est pas Zeus qui les a proclamés" (l.1). Il y aurait donc une hiérarchie dans la législation. Antigone prend de plus comme témoin le dieu suprême, afin de renforcer la validité et l’évidence de ses arguments. Les lois naturelles seraient au-dessus des lois positives. Elles justifieraient la légitimité des règles mises en place par les hommes. Antigone insiste d’ailleurs sur ce point fondamental : "Je ne croyais pas, certes, que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines." Le terme "violer" met en avant le fait que Créon ne respecte pas le caractère sacré de ces lois. Cela revient à penser que Créon se considère comme étant plus puissant que les dieux. S’il n’est pas question de puissance, il veut du moins laïciser le droit. Sophocle met alors en garde les citoyens d’Athènes contre cette laïcisation (même si ce terme n’existe pas encore). Créon, par opposition à Antigone, a en effet une conception profane du droit. Il veut assurer l’autonomie

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