Commentaire d'histoire Thucydide

Brossier

Eléa

LSHC

HISTOIRE

COMMENTAIRE DE TEXTE

Thucydide,  Histoire de la guerre entre les Péloponnésiens et les Athéniens

        « L'histoire est un perpétuel recommencement ». Thucydide présuppose deux éléments avec cette même phrase. Bien sûr, tout d'abord il insinue que l'histoire se répéterait, qu'elle se reproduirait d'une certaine manière à l'identique. Mais l'on peut distinguer aussi un autre élément : l'histoire, en tant que travail, que recherche, engendrerait l'histoire. En d'autres termes, c'est le travail de l'historien qui est mis en avant ici, travail qui peut s'appuyer sur un travail préalable, et ainsi se crée l'Histoire. Le travail que nous allons produire s'attarde sur un extrait du livre VI de l'Histoire de la guerre entre les Péloponnésiens et les Athéniens de Thucydide lui-même. L'œuvre a essentiellement été écrite lorsqu'il était en exil, à la fin du V° siècle, et reste inachevée, probablement à cause de la mort de l'auteur vers 399. Elle est souvent considérée comme l'une des premières œuvres historiques. En effet, Thucydide innove beaucoup ici : il essaie d'établir une compréhension historique des événements, notamment en tentant de montrer la Guerre de manière réaliste, sans morale. Il y condamne toute forme de superstitions parasites à l'histoire. Et ce qui est certainement le plus important est qu'il est le premier à faire une présentation chronologique, il ramène les événements dans l'ordre logique, en établissant ainsi des liens de causalité. Le livre VI là traite en général de l'expédition en Sicile entre 415 et 413 avant notre ère. L'événement traité dans l'extrait se situe au tout début de cette période, en 415, lors de l'affaire des Hermès.

        Pourquoi l'affaire des Hermocopides est un événement majeur de l'histoire de la cité Athénienne ? Pourquoi y accorder tant d'importance ?

        Nous constatons directement à la lecture du texte que Thucydide expose les éléments d'une manière logique. Dans un premier paragraphe, il amène les faits concernant l'affaire des Hermès : il dit clairement ce qu'il s'est passé. Par la suite, l'auteur soutient que cette affaire a conduit à des dénonciations, et surtout à des accusations. Il porte une  il examine sur ces blâmes. Finalement, dans le troisième paragraphe il démontre aussi que cette affaire a nécessité une enquête, par laquelle il va souligner de grands enjeux politico-juridiques.

        Le texte s'ouvre sur l'évocation de « préparatifs », Thucydide amène dès le début le cadre ou plutôt le contexte dans lequel le reste des événements va se dérouler. Fin mars -415, les députés athénien revenus de Sicile constitue une assemblée pour faire un rapport. Il lancent un débat sur l'opportunité d'une nouvelle expédition sur cette île. Ces préparatifs évoqués sont donc ceux de la l'expédition de Sicile, une expédition militaire lors de la Guerre du Péloponnèse. Elle consiste à répondre à l'appel de Ségeste, attaquée par Sélinonte et Syracuse. Athènes pense donc qu'en infligeant une défaite à Syracuse, la cité pourrait récupérer son hégémonie sur l'île, qui est une position considérable en Méditerranée. En réalité cette position ramène surtout au conflit contre Sparte en général : elle permettrait notamment d'interrompre le ravitaillement des alliés de Sparte. C'est donc durant ces préparatifs qu'à lieu l'événement crucial dont traite le texte : l'affaire des Hermès. Thucydide affirme que ces Hermès de pierres ont presque tous été mutilés pendant la nuit, « à la face avant ». Pour être plus précis, ces Hermès sont des blocs quadrangulaire, avec une tête barbue et un sexe masculin. Ces statues se situent dans les rues devant les temples ou alors dans les carrefours. Or, pendant la nuit, le nez, les oreilles et le sexe auraient été brisés. Thucydide ne s'attarde pas sur les statues des Hermès, c'est surtout la signification et les conséquences de cet acte. En effet, l'historien évoque les événements tels qu'ils se sont produits, mais ne s'y attarde pas. Il ne donne pas de détails effectifs sur ce qu'il s'est passé quant à l'affaire. Il n'évoque pas notamment comment la cité a pris les décision pour la suite.

        Pour préciser, une assemblée citoyenne s'est réunie, et pour faciliter l'enquête, il a été décidé d'instaurer une prime de 10 000 drachmes pour celui qui dénoncera les coupables. De plus, ils décident l'impunité pour le coupable s'il dénonce ses complices. C'est ce que présume le décret, c'est à dire une loi votée par les citoyens. Nous nous rendons compte, grâce à ces informations supplémentaires l'ampleur et l'importance de l'affaire. La récompense est énorme déjà pour l'époque (elle représentait deux ou trois as de travail à Athènes). De plus toute la cité est investie, car tous, « citoyen, étrangers ou esclaves », sont invités à témoigner. La réaction est immédiate de la part d'Athènes et elle peut même sembler démesurée. Alors la question suivante se pose : dans cette société Athénienne, quel rôle a la justice ? Comment fonctionne-t-elle ? La dénonciation est-elle fréquente ?  En effet à Athènes cette dénonciation paraît assez fréquente, elle semble même être comme un pilier de la démocratie. Elle permet au peuple par exemple de dénoncer les abus des magistrats. Mais elle incite aussi à la surveillance commune, elle se pose comme un devoir civique. Il est sûr que d'autres récompenses ont été proposées pour d'autres affaire. Andocide dans Sur les mystères, écrit : « le peuple décida que les initiés réunis dans le tribunal des Thesmothètes entendraient les dénonciations faites par chacun, et statueraient. Leur vote attribua la plus forte récompense à Andromachos, la seconde à Teucros ».La dénonciation était considérée dès lors comme un service rendu à la justice, et les récompenses n'étaient absolument pas négligeable. Nous remarquons que Thucydide ne porte aucun jugement sur cette forme de justice : il effectue un réel discours historique, d'une manière très objective. Tous les faits sont exposés avec beaucoup de neutralité. Alors avec ce fonctionnement de la justice, nous serons amenés dans un second temps à nous demandé si les accusations ne seront pas perverties par le désir de récompense. La justice a donc eu un très grand rôle dans cette affaire, mais toutes les questions religieuses et politiques étaient aussi centrales.

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