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Commentaire, Virgile, Géorgiques ( v. 125 à 146 )

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Par   •  11 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  2 002 Mots (9 Pages)  •  2 852 Vues

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Commentaire, Virgile,
Géorgiques
( v. 125 à 146 )
Plan
I - Une évocation aux abords traditionnels.
1 - Un âge d’or idéalisé.
2 - En opposition avec le règne du Jupiter.
II - L’interprétation originale de Virgile.
1 - Un éloge du progrès associé à Jupiter.
2 - L’immobilisme lié à l’âge d’or.
I - Une évocation aux abords traditionnels.
Dans les 8 premiers vers, Virgile respecte la topos en décrivant le passage de l’âge d’or à l’âge de
Jupiter, comme un temps idyllique où régnait la douceur de vire.
1 - Un âge d’or idéalisé.
- Dans les 4 premiers vers, le poète décrit l’âge d’or de manière traditionnelle, sans le nommer directement,
mais en commençant par une circonstancielle de temps, «Ante jovem», qui nous place directement aux
temps mythique de l’âge d’or, règne de Saturne, idéalisé par les poètes depuis Hésiode (VIIIeme).
On retrouve alors les caractéristiques du topos :
- une nature généreuse et abondante : bêtes inoffensives, v. 5 ; mer calme « pontumque moverit», v. 6.
puis avec des termes comme « arva, captum, tellus »
- elle est montrée comme généreuse avec la proposition ‘ omnia ferebat ’ aux ver 3- 4 et on peut d’ailleurs
noter la position clé des deux termes ‘omnia’ et ‘ferebat’ qui ouvrent et ferment le vers pour bien montrer
que tout dépend d’une nature bienveillante.
- Cette générosité est aussi présentée comme naturelle, sans intervention extérieure l’emploi du déterminant
‘ipsa’ suggère l’image d’une profusion inné, ce qui renforcé par l’adverbe ‘liberius’ au vers 4.
Grâce à une nature prodigue et généreuse, les hommes peuvent s’abstenir d’un certain nombre de
contraintes, comme le soulignent différentes tournures négatives :
- absence de travail lié à l’agriculture, v. 1 ‘nulli coloni subigebant arva’ et ainsi que l’ablatif absolu du
v 4 , qui induit la même idée d’une terre travaillée ‘nullo poscente’.
- ‘absence de propriété privée puisque les terres agricoles ne sont pas délimitées: ‘ne fas erat aut partini
limite campum’ aux vers 2-3
- il apparaît l’idée d’un communisme primitif avec l’expression ‘in medium quaerebant’ v. 3 : temps
d’harmonie et de paix ( ils mettaient leurs ressources en commun) on a ainsi une image idéalisée d’un
temps d’harmonie et de paix où le partage est légion.

enfin, l’emploi d’un imparfait à valeur durative montre la permanence de cette vie sans contrainte et
harmonieuse.
Virgile commence donc par une peinture traditionnelle d’un âge d’or idéalisé qu’il va opposer à la
période suivante, marquée par le règne de Jupiter.
2 - En opposition avec le règne du Jupiter.
Jupiter apparaît comme celui qui a mis fin à la vie idyllique des hommes sous l’âge d’or : il devient au
vers 5 le sujet des verbes jusqu’au vers 8, notamment du verbe ‘jussit’ (commender) placé au centre du
vers 6 comme pour marquer l’omnipotence (avoir tous les pouvoir des éléments ) du dieu qui commande
à tous les éléments.
- le démonstratif ille du vers 5 qui renvoie à Jupiter est tout de suite suivi par l’adjectif «malum», un
terme à connotation péjorative. Cela donne l’impression que le mal est apporté par Jupiter.
De fait, plusieurs caractéristiques de cet âge vont être en opposition avec celles que nous avons relevées
pour l’âge d’or
- image d’un monde instable lié :
a - aux dangers provoqués par des bêtes sauvages qui dans l’imaginaire collectif suscite l’effroi « virus
serpentibus addidit atris praedarique lupos jussit» aux vers 5 et 6. On note d’ailleurs des sonorités
plus sèches qui connotent la violence allitérations en labiales, dentales et sifflantes vibrantes et même
gutturales. L’harmonie n’est plus de mise.
b - a une nature agitée les vers 5 à 6 « pontumque moveri » mettent en avant un monde instable avec le
terme « pontum » qui désigne la haute mer lieu inquiétant pour les Romains et le verbe « moveor » qui
induit une idée de mouvement et d’agitation.
- monde de privation opposé au monde d’abondance précédent :
- les verbes aux vers 7 à 8 ‘decussit’ (enlever), ‘removit’ (écarter), ‘repressit’ (arrêter) employés en rythme
ternaire suggèrent tous une idée de manque et de recul. Ils ont pour complément de noms connotant la
douceur et le bien-être : le miel « mella » le feu « ignem » et le vin « vina » Le hommes se retrouvent
ainsi privés des bienfaits d’une nature généreuse.
De plus, ces mêmes verbes sont employés au parfait, ce qui amène une accélération des faits évoqués
et met donc en évidence les conséquences de l’action divine les difficultés s’additionnent, semblent
s’enchaîner, ne laissant aucun répit aux hommes.
Dans les huit premiers vers, Virgile se livre donc à une opposition traditionnelle entre l’âge d’or et les
temps ensuite dominés par Jupiter qui amènent l’homme à s’extraire d’une vie oisive dénuée de soucis.
Mais à partir du vers 9, le poète propose une vision originale du mythe en estimant que cette vie idyllique
liée au temps de Saturne n’a pas eu que des conséquences positives pour l’Homme.

Dimensions sombre :
a ) noms à connotations négatives « serpentibus atris »
b ) Jupiter retire les privilèges « lupos » aux Hommes « ignemque removit » ; Création du besoin avec
‘UT’ + erit des hommes.
- Nature agitée, qui donne un sentiment d’insécurité «purtum movent ».
II - L’interprétation originale de Virgile.
Contrairement à la tradition, Virgile présente les maux envoyés aux hommes par Jupiter comme une
manière de les faire évoluer, alors qu’auparavant, pendant l’âge d’or, ils vivaient dans un état de
passivité.
1 - Un éloge du progrès associé à Jupiter.
- ‘UT’ effectue une rupture entre 2 âges, passage de l’âge d’or à l’âge de fer.
- nous avons un changement de temps, passage du parfait au subjonctif imparfait = un changement de
vision entre les deux époques.
L’évocation de Jupiter au vers 5 présentait déjà la divinité de manière ambiguë puisque le démonstratif
ille à valeur emphatique était associé au nom malum à connotation dépréciative le poète suggérait par là
que les épreuves envoyées aux hommes allaient finalement se révéler salutaires pour eux :
1 - les obstacles font surgir l’ingéniosité humaine mise en évidence par :
a ) l’emploi du gérondif meditando au centre du vers 9
b ) la réflexion, l’Homme arrive à maîtriser des savoir-faire comme le montre la répétition de l’expression
varias artes (v. 9 et 21).
c ) et l’emploi d’un vocabulaire technique « sulcis » (vers 10) « laqueis » (vers 15) « funda » (vers 17) «
cuneis » (vers 20) « fissile lignum » (vers 20)
2 - énumération des techniques de travail, technique que l’homme a acquit au cours du temps :
a ) apparition de l’agriculture « sulcis frumenti herbam », v. 10. ( chercher dans les sillons la jeune
pousse du blé ).
b ) maîtrise du feu « ignem abstrusum silicis venis », v. 11.
c ) maîtrise de la mer, navigation, « alnos cavatas ». v. 12, et la référence au marin « navita ».
d ) invention de la cartographie « navita tum numeros et nomina fecit stellis ». v. 13
e ) invention de la de l’astronomie : « énumération des étoiles » v. 14.
f ) invention de la de l’élevage au v. 16 « circumdare saltus » + « canibus ». v 15 - 16
g ) invention de la de la pêche, v. 17 « latum amnen funda ». v 17-18
h ) invention de la de la chasse, v. 15 « captarer feras laqueis et fallere visco ».v 13-14
- Il y a aussi le travail du fer au service de l’agriculture. v. 18 « ferri rigor », où l’allitération en r mime
le bruit de la scie et donc souligne la rigidité du fer.

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