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Origine de la guerre de 100 ans

Rapports de Stage : Origine de la guerre de 100 ans. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Mai 2014  •  2 206 Mots (9 Pages)  •  1 131 Vues

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Au début du xive siècle, le royaume de France, irrigué par de grands bassins fluviaux, bénéficiant d'un climat favorable et d'une agriculture florissante compte entre 16 et 17 millions d’habitants1,2,3, ce qui en fait la première puissance démographique d’Europe. En 1328, une grande enquête administrative, portant sur près des trois-quarts de la population et recensant les feux fiscaux, permet de donner un aperçu du territoire. On y compte 2 469 987 foyers soit environ 12 millions d’habitants et 32 500 paroisses4. Paris à elle seule compte selon ce recensement plus de 200 000 habitants5. Cette augmentation de la population n’est pas sans effet sur l’aménagement du territoire, puisqu'une grande partie des forêts est défrichée au profit de l'agriculture fondée sur un régime féodal et religieux très hiérarchisé. La capacité agricole et le développement massif de l'énergie hydraulique permettent de nourrir la population (il n'y a plus eu de famine depuis le xiie siècle6) et avec la croissance proto-industrielle de l'usage du fer, avec l'apparition de nouvelles techniques de labour ou d’attelage mais aussi l’utilisation du cheval au détriment du bœuf, des zones peu fertiles permettent d’avoir des exploitations qui fournissent de la nourriture à une population dense, la noblesse quant à elle ayant pour devoir de défendre les terres7.

Plus que sa population, le royaume est imposant aussi par sa taille. Au couronnement de Philippe VI de Valois, la France s’étend de l’Escaut aux Pyrénées, de l’Atlantique au Rhône, à la Saône et à la Meuse, un pays que l’on met « 22 jours à traverser du nord au sud et 16 d’est en ouest » selon Gilles Le Bouvier au xve siècle8 soit près de 424 000 km2 9. Près de soixante régions se différencient entre elles par de grandes disparités linguistiques, culturelles, historiques voire à certains moments religieuses (comme les cathares au sud). Ainsi le nord du royaume parlant la langue d’oïl et proche du berceau de la dynastie capétienne possédait de riches terres agricoles et une population plus nombreuse (14 foyers par km2 pour l’Île-de-France et jusqu’à 22 foyers par km2 pour les bailliages de Senlis et de Valois pour une moyenne de 7,9 foyers par km23) se démarquant nettement du sud. Ce dernier, où la langue d’oc était utilisée, avait une culture imprégnée par l’ancienne présence romaine mais était aussi plus pauvre sur le plan agricole (en revanche, l'élevage y était plus riche) et moins peuplé (près de 4 foyers par km2 pour les comtés de Bigorre, de Béarn par exemple), mais surtout il était plus indépendant vis-à-vis du roi, car si ce dernier transférait une partie de son autorité entre les mains de ses vassaux, il devait tenir compte de leur avis. Toutefois le souverain ne se privait pas de s’immiscer dans la politique intérieure de ses subordonnés puisque depuis le xiie siècle, il bénéficiait de pouvoirs inégalés jusque là. Il était au sommet d’une pyramide où les échelons inférieurs lui devaient fidélité10.

Le clergé joue un rôle social majeur dans cette organisation de la société. Les clercs, sachant lire et compter, gèrent les institutions ; les religieux font fonctionner les œuvres caritatives11 et les écoles12 ; par le biais des fêtes religieuses, le nombre des jours chômés atteint 140 par an13. Toutefois sur ce plan aussi une différence Nord/Sud existe. Le Midi, moins marqué par la renaissance carolingienne et les ordres religieux que le Nord, se tournait essentiellement vers les sciences telles que la médecine alors que le Nord avait une préférence pour la philosophie ou la théologie. Deux villes démontrent ce clivage, Paris et Montpellier ; alors que la première possédait une des universités les plus réputées du monde chrétien sur le plan théologique, la seconde avait quant à elle une des plus prestigieuses facultés de médecine d’Occident où il n’était pas rare de voir des étudiants venus du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord y étudier.

De la même manière, la noblesse doit conjuguer richesse, pouvoir et bravoure sur le champ de bataille : vivant du labeur des paysans, le maître se doit de manifester sa bravoure et sa loyauté envers eux7. L’Église a œuvré pour canaliser les chevaliers-brigands dès la fin du xe siècle. À partir du concile de Charroux en 989, les hommes en armes sont priés de mettre leur puissance au service des pauvres et de l'Église et deviennent des milites Christi (« soldats du Christ »)14. Depuis le xiiie siècle, le roi de France a réussi à faire admettre l'idée que son pouvoir de droit divin lui permettait de créer des nobles15. La noblesse se différencie donc du reste de la population par son sens de l'honneur et doit faire montre d'esprit chevaleresque, protéger le peuple et rendre justice en préservant un certain confort matériel. Elle doit justifier sur le champ de bataille son statut social : l’adversaire doit être vaincu face à face dans un combat héroïque. L’armée est donc structurée autour de la chevalerie la plus puissante d’Europe, cavalerie lourde combattant de front, au corps à corps2. Cette volonté de briller sur les champs de bataille est accrue par l’habitude de l’époque de faire des prisonniers et de monnayer leur libération contre rançon. La guerre devient donc très lucrative pour les bons combattants et les risques d’être tué sont donc amoindris pour les autres16. Depuis Philippe le Bel, le roi peut convoquer « le ban et l'arrière-ban », c'est-à-dire tous les hommes libres de 15 à 60 ans, de toute condition (chevaliers et paysans, jeunes et vieux, riches et pauvres). Vers 1340, Philippe VI peut compter sur 30 000 hommes d'armes ainsi que 30 000 hommes de pied. Numériquement, c'est inégalable, car l'entretien d'un tel nombre de combattants représente un coût extraordinairement élevé, mais c'est une armée hétéroclite et peu disciplinée17.

Pour asseoir leur pouvoir face à la grande noblesse et à la papauté, les Capétiens ont donné des gages au peuple : créations de villes franches avec octroi de chartes de franchises, création des états généraux18… L'équilibre social passe par l'acceptation par le peuple d'un pouvoir royal fort, qui l’émancipe de l’arbitraire féodal, et une administration de plus en plus centralisée qui lui assure un certain confort matériel. À la veille de la guerre de Cent Ans, ce système se fragilise car à la suite de la croissance démographique qui a lieu depuis le xe siècle, on assiste à une surpopulation des campagnes et à une demande d’autonomie des villes19,1,20. La taille des parcelles des paysans se réduit et les prix agricoles chutent : les

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