Lettre D'Eudes De Blois Au Roi Robert Le Pieu
Mémoires Gratuits : Lettre D'Eudes De Blois Au Roi Robert Le Pieu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar FlowJ • 15 Avril 2013 • 1 912 Mots (8 Pages) • 5 789 Vues
Lettre d’Eudes de Blois au roi Robert II le Pieu,
Recueil des historiens des Gaules et de la France, X, Paris, 1974
Le texte soumis à notre commentaire est de nature épistolaire et historique. En effet, il s’agit d’une lettre datant de l’an 1022 écrite pas Eudes II de Blois à l’attention du roi Robert le Pieu. Eudes II de Blois, né en 983 et mort en 1037 et fils d’Eudes Ier de Blois et de Berthe de Bourgogne est un puissant vassal du roi de France actuel, Robert le Pieu. Il accède au titre de compte de Blois en 1004 à la mort de son frère aîné, titre qui comprend de nombreuses terres, faisant de lui un des « Grands » de l’époque. Il a pu être caractérisé à l’époque comme un « vassal turbulent et rebelle». En effet, il faut savoir qu’il intervenait dans toutes les guerres de son temps, lui causant des réussites comme des troubles. On sait également qu’il est croyant car c’est un seigneur dans une époque où l’Eglise est très importante, surtout dans l’aristocratie et l’on peut le constater dans sa lettre où apparaissent de nombreuses références à Dieu, « grâce à Dieu » (ligne 11) et « J’en atteste Dieu et mon âme » (ligne 19). Cet extrait nous est tiré de « Recueil des historiens des Gaules et de la France », qui est un ouvrage commencé en 1738 par un religieux et paru pour la première fois au tout début du XXème siècle, qui est une compilation de sources historiques de la France.
Les thèmes dont relève cette lettre sont les obligations féodo-vassaliques et la place du roi dans la société féodale. En effet, on peut voir qu’elle se décompose en trois grandes idées : la justice d’un seigneur par le roi, les droits concernant les concessions et commises, puis les rapports entre le roi et ses vassaux.
Il faut savoir qu’à la fin de l’époque romaine, l’arrêt de l’expansion extérieure à conduit l’Etat à une forte augmentation de la fiscalité sur les populations et activités économiques, pour combler le manque des richesses rapportées autrefois par les conquêtes militaires. Cette montée de l’imposition a conduit à un fort repli rural : en effet les grands domaines sont sous-imposés. Ces grands domaines appartiennent à des grands propriétaires qui concèdent des petits lots de terres à des tenanciers en échange de corvées et de redevances. Grâce à la ruralisation, ces grands propriétaires deviennent très puissants et règnent sur leur population de manière absolue, jusqu’à devenir presque indépendants du pouvoir central de l’Etat. A la suite des invasions barbares, ce mode de vie perdure. En effet, les peuples barbares et romains fusionnent et les élites, que ce soient les anciens aristocrates romains ou des chefs francs, deviennent les maîtres des grands domaines. Nous sommes alors à l’époque franque. Les grands propriétaires acquièrent de plus en plus de pouvoirs et certains accèdent même au pouvoir politique. Le roi se met à distribuer des chartes d’immunité à certains pour leur octroyer des privilèges comme celui de pouvoir s’administrer eux-mêmes, de rendre leur propre justice, … Ces grands propriétaires vont voir naître une tendance à l’enracinement et vont se créer des dynasties pour se transmettre le pouvoir et la fortune. C’est cette aristocratie qui domine la société, beaucoup sont plus puissants que le roi, par leurs terres, richesses ou armée et les hommes libres préfèrent se tourner vers ces autorités locales plutôt que vers le roi. Le pouvoir central est de plus en plus décadent et les relations entre les faibles et les puissants sont désormais fondées sur des liens personnels : on assiste à une large diffusion de la vassalité, avec la concession de fief de plus en plus courante.
A l’époque de la lettre d’Eudes de Blois, le roi Robert le Pieu est l’exemple même de la faiblesse de l’autorité royale. En effet, il est le fils du carolingien Hugues Capet qui a été élu roi par l’autorité des grands aristocrates. Ce dernier a sacré son fils avant sa mort pour faire perpétuer sa lignée et ainsi éviter une nouvelle élection des grands qui instaurerait une autre dynastie à sa suite. Robert le Pieu est donc roi grâce à son hérédité et non pas par sa légitimité face aux grands. De puissantes seigneuries comme celle de Blois et de Champagne entourent et menacent son domaine royal, c’est pour ça que lorsqu’Etienne 1er, comte de Champagne, meurt sans héritier direct, Robert décide d’hériter de ses terres et éviter ainsi qu’Eudes de Blois s’en accapare, le prenant alors en étau par ses duchés de Blois et de Champagne. Ce dernier estime pourtant que le duché de Champagne lui revient de plein droit, car il a un lien de parenté au 5° degré avec Etienne 1er alors que le roi n’en a qu’au 7° et prend alors possession du fief sans demander son avis au roi. Celui-ci ne peut rien faire contre et attend le moment où il pourrait récupérer ces terres. Il profite alors de la plainte de l’empereur Henri II envers Eudes de Blois qui l’accuse d’envahir ses terres. Lors du plaid judiciaire qui condamne Eudes à restituer ses terres de Lorraine à Henri II, Robert lui reprend également le Champagne troyen. Eudes, fou de rage fit quelques incursions dévastatrices sur le domaine royal, ce qui lui vaut la convocation à un nouveau plaid assisté de Richard de Normandie. L’accusé ne s’y rend pas et envoie alors une lettre au roi où il s’explique. C’est cette lettre qui est soumise à notre commentaire.
Les intérêts de ce texte sont donc juridiques et sociaux, car on étudie les relations entre le roi et ses vassaux, les obligations et sanctions qui en résultent. C’est pourquoi il convient de consacrer une première partie aux obligations vassaliques soulevées par le texte, puis en découlera dans une seconde partie la place du roi
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