Le Serment Carolingien

Le serment à l'époque Carolingienne.

Le serment est une affirmation orale effectuée par une tierce personne dont l'objectif est d'affirmer son engagement ainsi que la sincérité d’une promesse. Pour l’époque mérovingienne il existe un seul type de serment connu à ce jour: le serment de l'antrustion. Les antrustions sont les gardes rapprochée du roi en ayant au préalable prêter serment devant ce dernier. Les autres sujet du roi ne sont pas soumis à un serment de fidélité dans la mesure où il ne s'agit pas d'une pratique généralisée. A cette époque, l'engagement et les promesses autrement dit la fidélité s'affirme par les liens de parenté. Bien que l'exemple des nombreuses faides ( système de vengeance au sein d'une famille) semble en indiquer les limites. Cependant l’époque carolingienne présente un intérêt particulier quant au serment. En effet, sous l'égide de Charlemagne le serment se généralise devant la tâche difficile de gouverner un véritable " empire géographique ". Le serment à l'époque carolingienne s'affirme dans sa dimension juridique mais surtout politique. Le serment n'est pas exigé à l'ensemble de l'aristocratie et à la masse des sujets mais devient peu à peu prépondérant dans la société carolingienne et plus fortement sous le règne de Charlemagne ( 768-814 ).

Dans quelles mesures les spécificités du serment à l'époque carolingienne montrent l'évolutions de la vassalité en son sens politique et judiciaire comme un rituel social dans un contexte de christianisation ?

Tout d'abord, il faut s'interesser au serment en tant que tel, ce qui le définit et le distingue, puis de s'attarder sur l'utilisation du serment à l'époque carolingienne, enfin il faut déterminer quels sont les apports du serment et ses limites dans époque transitoire qu'est celle des Carolingiens quant à la fonction de celui-ci.

Selon Philippe Depreux, historien français spécialiste du Haut Moyen-Age, dans Les sociétés occidentales du milieu du VIe à la fin du IXe siècle, il y a une " invasion du serment dans la vie politique et sociale des Francs ". En effet, nombreux sont les Francs qui effectués des engagements sous le regard du divin. Pour autant le serment reste néamoins peu " codifié " et ne fait pas l'objet d'un rite bien définit. Il tend à le devenir lors de la généralisation de celui-ci notamment par l'impulsion de Charlemagne. Le serment est alors effectué dans un lieu solennel souvent sacré en son sens religieux devant le roi ou son représentant. Les serments de Strasbourg en 842 décris par Nithard, petit-fils de Charlemagne et bien que ne s'agissant pas de serment de fidélité ou d'allégance ( il faut distinguer les deux et fait l'objet d'une explication plus en avant), ne font pas mentions d'un quelconque geste pour la prestation d'un serment. De plus l'utilisation de plusieurs langues montrent que le serment tient plus d'oralité de celui-ci qu'un rituel bien définit. En outre, Il convient de distinguer le serment de fidélité du vassal et le serment d'allégeance du sujet à l'époque franque selon le médiéviste français Ferdinand Lot dans la revue belge de philologie et d'histoire en 1933. Le sujet affirme son devoir envers le roi par un intermédiaire alors que le vassal le fait envers son seigneur le roi ou autres en sa présence. La forme du serment est identique dans les lois mais il semble néamoins avoir un degrès d'importance différent dans les faits selon Auguste Thomas dans le serment de fidélité et la conception du pouvoir du Ier au IX, paru en 1931 dans la Revue Histoire de droit.

Il faut aussi tenir compte de l'étendue territoriale concernée par l'époque carolingienne et par conséquent de sa diversité de population. Selon P.Depreux, il ne s'agit pas " d'un serment " mais de plusieurs " types de serment ". En effet les annales royales en 811 par exemple, évoquent une paix conclue entre danois et francs " selon le rite et les usages de chacun ". Cela montre bien une forme de diversité du serment au sein de ce qui l'Empire Carolingien après 800. Les historiens médiévistes s'accordent sur la dimension religieuse du serment dans le " monde franc". A l'époque carolingienne, la dimension sacrée du serment se renforce en parrallèle de la christianisation de la société. Dans le serment apparait alors le fait de poser les mains sur l'autel par exemple ou encore

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