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Le Congrès De Vienne

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Par   •  30 Novembre 2013  •  3 509 Mots (15 Pages)  •  1 399 Vues

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L’œuvre du Congrès de Vienne et son héritage : la restauration contrariée (1815-1848)

Accroche : Le Congrès de Vienne rassemble les représentants des États européens vainqueurs de la France napoléonienne, dans le but explicite de refermer la parenthèse de la domination française, populaire dans son amorce révolutionnaire et impérialiste dans son prolongement napoléonien.

Commentaire des termes du sujet : Le Congrès, ce rassemblement fastueux de quelque deux cents délégués, prétendait restaurer l’Europe des États monarchiques de droit divin qui avait précédé le choc démocratique. Son œuvre avait une prétention de globalité systémique, de construction parfaite et d’impact sur les sociétés bouleversées par la domination française. Pourtant, ces idées de légitimation nationale sinon populaire des États modernes que promouvait la France triomphante avaient aussi contribué à la défaite de Napoléon à la bataille de Leipzig en 1813 : ses vainqueurs pouvaient-ils rétablir une Europe traditionnelle qui s’était écroulée devant la Grande Armée nationale mue par le sentiment patriotique – à la seule exception de la libérale Angleterre ? Les réalités sociales et politiques risquaient de contrarier l’œuvre des élites si elles ne se montraient pas de leurs temps.

Problématique : Comment les acteurs du Congrès rétabliraient-ils l’Europe des dynasties légitimes tout en leur évitant le divorce avec les sociétés civiles et les opinions publiques naissantes, sensibles aux arguments nationalistes du vaincu français et libéraux de l’arbitre britannique de l’équilibre continental ?

Annonce du plan : À Vienne, une restauration monarchique à l’usage des vainqueurs ne peut empêcher les survivances libérales et l’adaptation des monarchies au nationalisme ; suivent deux décennies d’affrontement entre réaction dynastique et libéralisme national jusqu’au ralliement de la monarchie prussienne au libéralisme et au nationalisme économiques avec l’union douanière de l’Allemagne (1834) ; après ce pas des conservateurs vers la bourgeoisie libérale, celle-ci est sommée de choisir entre monarques tentés par le patriotisme libéral et peuple travaillé par la question sociale, dilemme qui trouva sa solution avec le printemps des peuples en 1848.

I – À Vienne, une restauration monarchique à l’usage des vainqueurs ne peut empêcher les survivances libérales et l’adaptation des monarchies au nationalisme

A/ Les règlements territoriaux et statutaires entre restauration, réalisme brutal et rationalisation

L’heure était au démantèlement sans grands égards de l’Empire napoléonien entre puissances, notamment en Allemagne et en Italie. La Prusse imposait donc sa force nouvelle avec des annexions en Allemagne -une partie de la Saxe, ainsi que la Rhénanie et la Sarre pour surveiller la France - et la Posnanie polonaise. La Bavière annexait le Palatinat toujours dans le but de surveiller la France. L’Autriche donnait ses possessions en Souabe au Wurtemberg et la Belgique à la Hollande ; elle retrouvait la Galicie polonaise, l’Illyrie et le Tyrol ; toujours au Nord de l’Italie, elle formait le royaume lombardo-vénitien -comme la Russie venait de former le royaume autonome de Pologne.

La brutalité de la méthode se retrouve à l’échelle de l’Allemagne : Vienne et Berlin discutent seules sa réorganisation, par l’Acte du 8 juin 1815, puis l’imposent au reste des princes. La nouvelle Confédération germanique est un rassemblement de trente-neuf États et ne répond donc pas aux aspirations d’unité nationale des patriotes : le Bundestag, sa Diète de Francfort, comporte soixante-dix représentants des différents pays, non-élus, et dont les décisions doivent être ratifiées par leurs gouvernements ; l’Autriche et la Prusse se partagent trente-quatre voix et peuvent donc imposer leur volonté au reste de l’Allemagne si elles se mettent d’accord. Enfin, l’organisation interne des États déçoit aussi les nationalistes progressistes : les réformes prussiennes de démocratisation effectuées sous la pression de l’occupation napoléonienne sont revues à la baisse. Bref, aucun des principes d’unité, de représentativité, de constitutionnalité ou d’égalité ne fut respecté.

En Italie, le Congrès restaure le pouvoir de l’Église et les dynasties. Il attribue au Piémont Sardaigne Gênes et la Savoie pour surveiller la France et renforce la tutelle de l’Autriche en Toscane et à Parme. L’Autriche reçoit aussi le royaume lombardo-vénétien.

Bref, l’Allemagne et l’Italie étaient sous le contrôle de Metternich, chancelier d’Autriche, la Pologne sous celui d’Alexandre Ier ; la France, mécontente et turbulente, était entourée d’un cordon sanitaire.

B/ Survivances libérales et adaptation des monarchies au nationalisme

Faut-il conclure que l’héritage révolutionnaire a été éradiqué ? En fait, des survivances du nationalisme libéral et du rationalisme survivent à l’œuvre de restauration opérée par le Congrès. L’absolutisme n’existe pas en Angleterre ou en Suisse, il a également disparu en France, en Hollande, en Norvège et même en Pologne -dont le tsar voulait faire une image de modernisation de son Empire à l’intention des Occidentaux. Mais c’est la Révolution de Juillet 1830 qui ouvre la France à tous les réfugiés politiques d’Europe. Les libéraux français, comme Benjamin Constant, attirent les jeunes idéologues et artistes européens. Le poète allemand Heine passe de longues années à Paris, Mazzini fonde à Marseille en 1831 une société secrète, la Jeune Italie, Adam Mickiewicz enseigne les lettres slaves au Collège de France et les jeunes étudiants roumains participent à la révolution de 1848 avant de l’exporter sur les bords du Danube. Les Polonais y sont particulièrement nombreux et motivés en raison de la dureté de la répression russe de 1830 : ils seront de toutes les tentatives insurrectionnelles en Allemagne, en Italie, en Suisse, puis en Hongrie en 1848.

Mais l’essentiel ne se trouve pas dans ce patriotisme libéral sans peuple pour le soutenir. La nouveauté réside dans la prise de conscience par les monarchies conservatrices de leur intérêt, à terme, de rallier l’opinion naissante des milieux urbains, afin que la modernisation socio-économique cesse de se construire contre elles. De nombreuses théories autour des conceptions romantiques de l’État en Allemagne tendent à exalter l’adhésion affective des sujets à la dynastie héréditaire. La monarchie est présentée comme garante de la cohésion publique et

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