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La Révolution industrielle

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Par   •  17 Janvier 2013  •  3 095 Mots (13 Pages)  •  1 024 Vues

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LES RÉVOLUTIONS INDUSTRIELLES

L'expression « révolution industrielle » est aujourd'hui récusée par les historiens, qui lui préfèrent les termes « décollage » ou « take off » et insistent à la fois sur le caractère progressif de l'industrialisation, sur l'enracinement du phénomène dans des structures agraires et sur l'existence d'une phase précédant l'industrialisation proprement dite, la « proto-industrialisation ».

La première révolution industrielle

La proto-industrialisation

Le XVIIIe s. est favorable aux productions rurales, grâce à l'expansion des marchés et à l'effritement des privilèges qui jusque-là protégeaient les corporations urbaines. Il existe plusieurs types de répartition des tâches et des responsabilités entre ville et campagne (la ville se chargeant toujours de la finition des vêtements et disposant de la maîtrise des capitaux) : elles sont soit nettement rassemblées sous la tutelle urbaine (système des « marchands-fabricants »), soit organisées triangulairement (entre marchands des villes, maîtres tisserands des bourgs et familles paysannes travaillant à domicile). Ces « nébuleuses » proto-industrielles existent un peu partout en Europe et travaillent chacune pour un marché précis : le lin des Flandres et de la Bretagne du Nord pour les Caraïbes et l'Amérique du Sud, la laine languedocienne pour les pays méditerranéens. Le système a d'ailleurs continué de prospérer au XIXe s., comme le montrent, côté français, la ruralisation des activités de la soierie lyonnaise à partir de 1820-1830 et le maintien de dizaines de milliers d'ouvrières à domicile dans les campagnes du Calvados (dentellerie), de la région de Saint-Étienne (bonneterie), ou du Nord (filature du lin) jusque vers 1900.

Les facteurs déterminants

L'industrialisation est le résultat d'une interaction entre différents facteurs : la croissance démographique de l'Europe à partir du XVIIIe s., les progrès de l'agriculture grâce à la généralisation des cultures fourragères, qui permettent d'éviter la jachère, l'amélioration des voies de communication (canaux, routes), la levée des contraintes s'opposant à la mécanisation de la production ainsi qu'à la création d'un marché national et, plus encore, les progrès techniques, à l'origine de cette mécanisation. Le développement du machinisme suppose, d'autre part, l'accumulation de capitaux, liée à l'essor des institutions de crédit et à la circulation de la monnaie.

Ces transformations sont elles-mêmes liées au développement du rôle de l'État, qui préserve la liberté d'entreprendre et garantit la monnaie.

Les progrès techniques

Dès la fin du XVIIIe s., en Grande-Bretagne, diverses inventions permettent la mécanisation de la filature, puis du tissage, principalement du coton. C'est ainsi que, dans l'industrie textile, l'innovation est partie du tissage (avec la « navette volante » mise au point par John Kay vers 1730 et diffusée autour de 1760, améliorant beaucoup la productivité), puis est remontée vers la filature. La spinning-jenny et le water-frame mis au point en 1767-1768, et surtout la mule-jenny de Samuel Crompton, introduite en 1779, permettent d'obtenir un fil de coton à la fois fin et résistant avec une productivité bien supérieure à celle du rouet. Ce rétablissement de l'équilibre entre le filage et le tissage ouvre la voie, en Angleterre, à une rationalisation accélérée des méthodes de production. Il s'ensuit une chute des salaires des tisserands, une prolétarisation et une féminisation de la main-d'œuvre, une transition vers l'usine, et surtout une mécanisation – qui s'impose entre la fin des guerres napoléoniennes et 1850, alors que le métier à tisser mécanique d'Edmund Cartwright était au point depuis 1780. L'événement essentiel consiste en l'utilisation de la vapeur, via la machine mise au point par Watt entre 1765 et 1785, qui contribue à accroître la concentration, dans la manufacture, autour de la source d'énergie.

La métallurgie prend son essor avec la découverte du procédé de la fonte au coke, qui évite de recourir au charbon, devenu rare. En fait, la fonte au coke a fait son apparition en Angleterre entre 1705 et 1720, à la suite des trouvailles de la famille Darby, mais un siècle entier s'est écoulé avant que disparaissent complètement les fourneaux au charbon de bois, et l'extraction de minerai n'a décollé vraiment que dans les années 1780 (2,5 Mt à la fin du XVIIe s., 5 Mt en 1750, 10 Mt en 1800, et plus de 50 Mt en 1850). Plusieurs autres perfectionnements seront nécessaires (technique du laminoir, machine à aléser en 1775, tour à fileter, puddlage, c'est-à-dire passage de la fonte à l'acier par décarburation, en 1784) pour que la fonte et le fer atteignent des qualités de solidité et de résistance suffisantes pour permettre leur emploi dans les ouvrages d'art (premier pont édifié en 1779, sur la rivière Severn) et la construction navale (premier navire construit par Wilkinson, en 1787).

Source d'énergie capable de mettre en mouvement les machines, la vapeur est à l'origine, dans la première moitié du XIXe s., de l'essor de la production de charbon. L'apparition de la locomotive, mise au point par Stephenson en 1815, entraîne la construction de vastes réseaux de chemin de fer, dont les premières lignes apparaissent dans les années 1830. L'équipement ferroviaire des territoires, encouragé et partiellement financé par l'État dans le cas français, augmenta incontestablement la vitesse de la diffusion technologique, homogénéisant les espaces (ainsi la grande région industrielle Belgique-France du Nord-Rhénanie) et les systèmes productifs, et contribuant, dans le cas des États-Unis (lignes transcontinentales achevées entre 1869 et 1883), à la conquête du territoire. Il est permis de voir dans l'ère des chemins de fer une relance, ou une seconde phase, de l'industrialisation ; ils ont joué, beaucoup plus nettement que le coton auparavant, le rôle d'un « secteur moteur », exerçant un effet d'entraînement sur les autres. Leur demande fit franchir un palier décisif à la sidérurgie (pour la quantité et pour la qualité), à la construction de machines, à l'industrie du bois. Les compagnies ferroviaires mirent en outre en place un système original d'organisation/division du travail entre services, hiérarchisé

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