Comment le soldat peut-il garder espoir ?
Commentaire d'oeuvre : Comment le soldat peut-il garder espoir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cedou • 8 Mars 2015 • Commentaire d'oeuvre • 2 816 Mots (12 Pages) • 616 Vues
III. Comment le soldat peut-il garder espoir ?
a) Fraternisation.
Durant l’année 1914, il y eut des rumeurs à propos d’une fraternisation entre soldats ennemis à divers endroits en France. Ces rumeurs ont été confirmées grâce à des témoignages, des lettres ou des journaux de soldats, qui ont été retrouvés et qui racontent ce phénomène où deux camps ennemis, qui s’affrontent et s’entre-tuent, décident de cesser le feu pendant une période. Ce fut le cas à Noël 1914 dans le Nord de la France où soldats allemands, français et anglais ont, pendant une nuit, fait preuve de sympathie les uns envers les autres.
Voici quelques témoignages de soldats français et anglais qui ont vécu cette fraternisation. Nous pouvons également prendre pour exemple le film Joyeux Noël de Christian Carion, qui montre la fraternisation de camps ennemis lors de Noël.
La trêve de Noël 1914 vue par un caporal Français :
Le 26.12.14
Mes chers Parents,
Encore 36 heures de tranchées faites, mais celles-ci se sont passées dans des conditions particulières que je vais vous raconter.
Nous étions cette fois à 25 mètres des tranchées allemandes, que nous distinguions très nettement. Ceux que nous relevions nous dirent : depuis 36 heures que nous sommes là ils n’ont pas tiré un seul coup de fusil pour ne pas être ennuyés par une fusillade inutile. C’était sensément un accord entre nous et eux. Dans la journée, j’avais entendu dire qu’ils nous avaient causé, échangé des journaux, des cigarettes même. Je ne voulais le croire tant que je n’en aurais pas eu la preuve par moi-même.
Au jour, je risque vivement un œil par-dessus la tranchée, enhardi par le calme qui régnait des deux côtés. Je recommence à regarder plus attentivement. A mon grand étonnement, j’aperçois un Bavarois (car ce sont eux qui étaient en face de nous) sortir de sa tranchée, aller au-devant d’un des nôtres qui lui aussi avait quitté la sienne, et échanger des journaux et une solide poignée de main. Le fait se renouvela plusieurs fois dans le courant du jour. Un Alsacien qui se trouvait près de nous échangea avec eux une courte conversation par laquelle les Bavarois lui apprirent qu’ils ne voulaient plus tirer un coup de fusil, qu’ils étaient toujours en première ligne et qu’ils en avaient assez. Ils nous ont prévenus qu’ils seraient bientôt relevés par les Prussiens et qu’alors il faudrait faire bien attention, mais qu’avec eux il n’y avait rien à craindre. En effet, ça fait 4 jours qu’à 25m l’un de l’autre il ne s’est pas échangé un seul coup de fusil.
Nous étions amis des deux côtés, bien sincères, et quand notre artillerie tirait sur leur ligne nous étions ennuyés pour eux et s’il avait fallu aller à l’assaut de leurs tranchées, je ne sais pas ce qui se serait passé.
Dans la dernière attaque que nous avions faite, une vingtaine de nos morts sont restés, à quelques pas de leurs tranchées. Très poliment, un officier nous invita à aller les chercher, et que nous pouvions être certains. Nous avons refusé… Ils ont soigné nos blessés sans les faire prisonniers, l’un deux fut soigné pendant 5 jours. Vers le soir, c’était le 24, un Bavarois remit une lettre que notre Capitaine conserve précieusement, elle était conçue ainsi, autant que je m’en rappelle : «Chers Camarades, c’est demain Noël, nous voulons la paix. Vous n’êtes pas nos ennemis. Ils sont de l’autre côté (probablement les Anglais). Nous admirons la grande Nation Française. Vive la France, bien des salutations. Signé : les Bavarois dits les Barbares ».
La nuit vient interrompre nos échanges amicaux et minuit approche. Tout à coup, tout près de nous on entend chanter au son de flûtes et d’un harmonium. C’étaient les Bavarois qui fêtaient Noël. Quelle impression ! D’un côté les chants religieux, de l’autre la fusillade, et tout ça sous un beau clair de lune en pleins champs, tout recouverts de neige. Quand ils eurent fini nous poussâmes des hourrah, hourrah…
A notre tour, le Capitaine le premier, nous entonnâmes d’une seule voix : Minuit Chrétien, puis Il est né le Divin Enfant. Ils nous écoutèrent, puis eux poussèrent des applaudissements et des bravos. Enfin, trois qui savaient très bien l’Allemand chantèrent deux cantiques en chœur avec les Bavarois.
On m’aurait raconté cela je ne l’aurais pas cru, mais les faits sont là et ils se produisent un peu partout, mais malheureusement, ne serviront à rien.
Cette lettre vous parviendra peut-être l’année prochaine, dans cette circonstance je m’empresse de vous offrir mes meilleurs vœux pour 1915. J’espère que cette année reconstituera tout ce que 1914 a détruit, bonheur, foyers et espérances, et qu’elle apporte la paix, le travail et la récompense tant méritée par les sacrifices que cette guerre nous a forcés à faire.
J’aurais voulu vous écrire hier, mais nous avons été obligés d’aller nous réfugier dans la cave, à cause des percutants qui tombaient dans Villers aux Bois, petit pays où nous nous reposons, avant d’aller aux tranchées.
Merci encore de toutes vos bontés. Recevez, mes chers Parents, mes meilleurs vœux de bonheur et de santé pour la nouvelle année et mes plus sincères baisers.
Votre fils qui vous aime.
Gustave Berthier était un instituteur de la région de Chalon-sur-Saône, tout comme sa femme à laquelle il était marié depuis 1911. Ils habitaient Sousse, en Tunisie. Mobilisé en août 1914, Gustave a été tué le 7 juin 1915 à Bully-les-Mines. Il avait vingt-huit ans.
Le 28 décembre 1914
Ma bien chère petite Alice
Nous sommes de nouveau en réserve pour quatre jours, au village des Brebis. Le service tel qu’il est organisé maintenant est moins fatigant. Quatre jours aux tranchées, quatre jours en réserve. Nos quatre jours de tranchées ont été pénibles à cause du froid et il a gelé dur, mais les Boches nous ont bien laissés tranquilles. Le jour de Noël, ils nous ont fait signe et nous ont fait savoir qu’ils voulaient nous parler. C’est moi qui me suis rendu à 3 ou 4 mètres de leur tranchée d’où ils étaient sortis au nombre de trois pour leur parler.
Je résume la conversation que j’ai dû répéter peut-être deux cents fois depuis à tous les curieux. C’était
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