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Brève histoire de Pézenas ou Pézenas en trois actes

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Par   •  30 Mai 2014  •  Fiche de lecture  •  1 838 Mots (8 Pages)  •  788 Vues

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BRÈVE HISTOIRE DE PÉZENAS OU PÉZENAS EN TROIS ACTES

ACTE PREMIER : Le premier indique, au cœur du beau XIIIe siècle, une ville mar-chande, associée à sa voisine Montagnac dans un cycle annuel de cinq foires de Champagne, pour le Nord.

A la croisée des chemins est-ouest, du Rhône aux Pyrénées et à la Garonne (l’ancien chemin d’Héraclès, la voie Domi-tienne, le chemin de la Reine Juliette …) et sud-nord, de la mer à la montagne riche en minerais, au cœur de la vallée de l’Hérault, la position géographique est certes intéres-sante. Dès le premier âge du fer, elle a d’ailleurs fixé, sur une butte à un kilomètre en amont du site actuel, un îlot de peuple-ment, qui commerce avec le monde médi-terranéen, comme l’atteste le mobilier, en particulier étrusque, exhumé à la nécropole de Saint-Julien (fin VIe-début VIIe siècle avant Jésus-Christ).

Établie dans la plaine de l’Hérault, la colo-nie du droit latin, dont Pline vante la quali-té des laines s’efface bien vite au vent des invasions et sous les limons du fleuve. Lorsqu’il réapparaît vers la fin du Xe siècle, le site, qui s’est à nouveau déplacé, n’est plus occupé que par un pauvre « castrum » sur une « motte » défendant le passage de l’Hérault et l’accès à la Montagne Noire orientale par la vallée de La Peyne.

C’est aux Capétiens que Pézenas doit, avec son rattachement au domaine royal, une première fortune. Dix ans après son achat par Saint-Louis en 1262, le souverain lui accorde sa première foire marchande. D’autres suivront, qui feront sa renommée jusqu’au début du XIXe siècle. Pour la fête de la Nativité de la Vierge en septembre, la Saint-Amans, début novembre, le lundi de Pentecôte, places et rues dont la rue de la Foire, appelée autrefois rue droite, qui longe le rempart sud-ouest, sont encom-brées par les « alas » et « tabularia » des marchands et changeurs. Montpelliérains, mais aussi Provençaux, Dauphinois, Sa-voyards, Piémontais, et

Florentins viennent y chercher épices, merceries, monnaies et lettres de change, mais surtout ces pièces de « petits draps » fabriquées par les paysans des avants-monts du Massif Central et des Pyrénées. Les marchands sont protégés dans leurs voyages et leurs transactions. En échange, le roi tire de substantiels profits des péages et autres « tasques », la ville des loyers et de l’afflux de populations. Jacques Cœur, le Grand Argentier du roi Charles VII, ne s’y trompe pas. Au lendemain de la Guerre de Cent Ans, il afferme plusieurs années durant les foires de Pézenas-Montagnac pour 9 000 à 12 000 livres.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles encore, bien qu’ayant beaucoup perdu de leur rayonne-ment, elles restent un bon « baromètre » de l’économie languedocienne. Les prix des matières premières et textiles y sont établis, comme celui des eaux-de-vie, chaque samedi, marché des « Trois Six », par les distillateurs de la ville, de ses environs, et les négociants du port de Cette.

De cette activité d’échanges, qui fut à l’origine du développement de la ville, subsiste encore aujourd’hui le traditionnel marché hebdomadaire, transféré du jeudi au samedi par lettres patentes du roi Charles VIII du 28 novembre 1484, et une zone d’influence commerciale qui s’étend sur une trentaine de villages alentours « le Pays de Pézenas ».

ACTE DEUXIÈME : Du milieu du XVIe au premier tiers du siècle suivant, la ville construit peu à peu son image de centre politique, jusqu’à devenir en effet la capi-tale gobernorale de la province de Langue-doc et la ville des États, avant d’être bruta-lement dépouillée de cette nouvelle fonc-tion.

Malgré les misères des guerres religieuses, accompagnées de leur cortège de pestes, qui perdurent jusqu’au siège de Montpellier de 1622, et en raison même des conflits qui déchirent la province comme le royaume, s’affirme le rôle des chefs militaires que sont les gouverneurs de province choisis par le roi. Ici, en Languedoc, ils tiennent pendant plus d’un siècle à une même famille, celle des Montmorency, originaires d’Île de France. En grands seigneurs, Anne, suivi d’Henri Ier, puis Henri II, établis aux portes de la ville, dans leur domaine de la Grange des Prés, s’appuient sur une aristocratie et une bourgeoisie is-sues du beau XVIe siècle. Ils tissent peu à peu des liens de vassalité, de clientèle, qui les placent au rang de souverains dans leur province. Et ce, au moment même où le pouvoir royal, contraint à faire vivre la guerre, renforce son emprise par un tour de vis fiscal sans précédent.

Richelieu annonce Mazarin et la révolte de 1632 sera un prélude à la Fronde.

À la charnière des XVIe et XVIIe siècles, la ville atteint son apogée, alors qu’Henri de Navarre, devenu roi de France, la dote d’un collège, que les consuls veillent à la construction d’une nouvelle enceinte et que le nouveau chapitre de la Collégiale Saint-Jean fait accompagner les « Te Deum » par les six jeux d’un nouvel orgue à volets peints.

Cette ville se veut d’agrément, dotée de la fameuse promenade du Quai, bordée de ces hôtels aristocratiques, qui font encore son charme. Elle accueille, il est vrai, plus fréquemment que d’autres, pourtant plus grosse en population, les États provinciaux, cette assemblée des trois ordres (Clergé, Noblesse et Tiers-État), itinérante et déli-bérante, qui consent l’impôt au roi sous forme d’un « don » et contrôle le manie-ment des deniers de la province de Lan-guedoc. Parce qu’à l’abri des querelles de type féodal qui opposent parfois les sei-gneurs évêques à leurs sujets – le siège épiscopal est à Agde - loin de l’agitation des parlementaires

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