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Paul Véronèse, Le repas chez Simon

Commentaire d'oeuvre : Paul Véronèse, Le repas chez Simon. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Mars 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 017 Mots (9 Pages)  •  338 Vues

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Commentaire d’œuvre : Le repas chez Simon

Au XVIème siècle, la République de Venise est florissante, d’abondants festins sont organisés et les plus grands peintres d’antan sont dépêchés pour illustrer comme il se doit ces somptueux évènements à travers des tableaux de tailles monumentales.

Ainsi Paul Véronèse, célèbre peintre dominant la peinture vénitienne du Cinquecento réalise une série de toiles représentant des repas bibliques. Parmi elles, Le repas chez Simon, une huile sur toile de 275 centimètres de hauteur sur 710 centimètres de largeur réalisée entre 1567 et 1570.

Exposé à la Pinacothèque de Brera depuis 1817 suite à la suppression des couvents par Napoléon Bonaparte, l’œuvre est à l’origine commandé pour le réfectoire du couvent San Sebastian à Venise dans laquelle elle reste un temps. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle le peintre est sanctionné par l’inquisition en 1573, effectivement Le repas chez Simon comporterait de nombreux détails profanes non conformes à son exposition au sein d’un couvent et aux mœurs de l’époque. Dans un contexte politique complexe et marqué par les tensions entre catholiques et réformés, Paul Véronèse joue pourtant de son art pour défier les structures sociales et religieuses du XVIème siècle.

Nous sommes alors en mesure de nous demander en quoi Le repas chez Simon est une représentation politique des banquets vénitiens ?

Dans un premier temp, il s’agira de démontrer que Véronèse dépeint de manière démesurée la richesse et le luxe des repas dans la Venise du XVIème siècle et dans un second temps, il s’agira d’expliquer que le peintre opte pour une version anticonformiste de son œuvre.

I) Une représentation majestueuse des banquets vénitiens

  1. L’abondance et le luxe matériel

Si Paul Véronèse est appelé à réaliser de grandes toiles très onéreuses, c’est avant tout pour sublimer la ville de Venise connue pour ses fêtes et ses festins inégalés. Pour mettre en avant la grandeur de ces évènements, Véronèse utilise les costumes non seulement comme référence historique mais également pour illustrer la richesse de ses personnages notamment grâce aux couleurs vives et multiples de leurs apparats, mais également grâce au tonalisme qu’il emprunte à Tintoret.

Dans Le repas chez Simon, il est possible d’apercevoir une quarantaine de personnes vêtus de manière à installer une certaine hiérarchie.

En effet, au premier plan assis sur la seule chaise visible, il est possible d’apercevoir Simon le Pharisien, homme riche et influent en Israël. Celui-ci porte une longue étoffe bleue qui semble très couteuse. L’importance du personnage est indéniable, au-delà de la qualité de son habit, la couleur que Véronèse choisit pour la robe de Simon le Pharisien n’est pas anodine. Effectivement, au XVIème siècle le bleu est une couleur qui représente la moralité et la noblesse et possède une valeur économique importante représentant ici la richesse du personnage.
Devant lui, il est possible d’observer une multitude de plats diverses illustrant parfaitement l’abondance du festin, le tout disposé dans de somptueuses vaisselles comme la cruche de vin disposé sur la table de droite entièrement décorée d’ornements.
Toute cette abondance matérielle, ce luxe et cette démonstration de richesse démesurée permet un contraste parfait avec l’attitude et l’apparence du christ et de la pécheresse.

Effectivement, face à Simon le pharisien, reconnaissable au halo lumineux entourant l‘arrière de sa tête, le christ vêtu d’une robe rouge et d’une cape bleu représentant ici la dualité entre sa divinité (le bleu) et sa nature humaine (le rouge). A ses pieds, une pêcheresse identifié comme étant Marie-Madeleine. Celle-ci est vêtu d’un apparat de couleur identique à celui du christ. En effet, la robe rouge de Marie-Madeleine possède ici une double symbolique, dans un premier temps celle-ci représente son péché mais aussi la grâce de Dieu, le pardon et l’humilité du christ portant un apparat similaire au sien.

Ainsi, l’habit humble de Jésus exacerbe la pureté du personnage et la gloire céleste en opposition avec l’opulence matérielle.

  1. La grandeur par la technique

Si les œuvres de Paul Véronèse rendent hommages aussi fidèlement aux festins vénitiens,

c’est en grande partie grâce aux techniques utilisées par le peintre et à ses connaissances architecturales. Effectivement, dans son œuvre Le repas chez Simon, Paolo Caliari place le festin dans une somptueuse villa depuis laquelle il est possible de voir le jardin au centre du tableau. Ce mode spécifique de représentation théâtrale est courant chez Véronèse, notamment dans ses représentations de banquets. Dans les Noces de Cana ainsi que dans Le repas chez Levi par exemple, on retrouve ces mêmes colonnes et ces mêmes ornements. Il y’a ici une volonté de l’artiste de respecter les normes de la scena tragica à travers un décor noble. Il existe d’ailleurs une relation stylistique entre Paul Véronèse et Andrea Palladio, architecte italien du XVIème siècle à l’origine de théâtres italiens qui explique la reproduction d’architecture à l’apparence de théâtres antiques dans la plupart des œuvres de festins de Paolo Caliari. Ainsi, Andrea Palladio et Véronèse ont longtemps travailler de pair, le peintre s’inspirant notamment des méthodes de Palladio pour respecter le decorum structural, c’est-à-dire l’adaptation d’une composition murale à la salle pour laquelle elle est conçue.

Mais si Véronèse respecte les normes stylistiques architecturales, il n’en est en revanche rien concernant les perspectives. Effectivement, dans Le repas chez Simon les lignes de fuites ne convergent pas vers un point central, elles s’interrompent pour attirer le regard du spectateur vers l’ampleur de l’espace et ainsi l’œil se déplace et regarde l’œuvre parties par parties.
Ce déplacement de l’œil est également accentué par la structure de l’œuvre en tripartie.

En effet, on retrouve dans Le repas chez Simon une séparation de l’œuvre en trois parties séparées par deux grandes architectures, une vue du paysage extérieur mais également par deux tables en « L » qui donnent une impression de grandeur et de profondeur de l’espace.

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