Judith décapitant Holopherne, Artemisia GENTILESCHI, Rome, 1612-1617
Commentaire d'oeuvre : Judith décapitant Holopherne, Artemisia GENTILESCHI, Rome, 1612-1617. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jade17. • 3 Mars 2024 • Commentaire d'oeuvre • 2 635 Mots (11 Pages) • 140 Vues
Commentaire TD Histoire de l’art
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Œuvre choisie : Judith décapitant Holopherne, Artemisia GENTILESCHI, Rome, 1612-1617
L'œuvre de Artemisia Gentileschi, "Judith décapitant Holopherne", constitue un témoignage de la maîtrise artistique de cette peintre baroque du XVIIe siècle. Réalisée vers 1620, cette toile expose la dramatique scène biblique où Judith, accompagnée de sa servante, tranche la tête d'Holopherne, le général assyrien. À travers cette œuvre, nous sommes invités à plonger dans l'univers de la peinture baroque, tout en explorant les thèmes de la résilience, du pouvoir féminin et de la maîtrise artistique qui font de cette toile un témoignage intemporel de l'héritage d'Artemisia Gentileschi. Dans ce commentaire nous verrons en quoi l'œuvre de Artemisia Gentileschi, "Judith décapitant Holopherne", témoigne-t-elle de la place singulière de l'artiste dans le contexte artistique et social du XVIIe siècle, et comment son traitement de ce sujet biblique reflète-t-il les enjeux de son époque en matière de genre et de pouvoir ? Nous analyserons dans une première partie, une artiste féminine dans un monde masculin puis, dans une deuxième partie nous décrirons et analyserons l’œuvre et enfin, nous terminerons sur l’héritage de cette œuvre et son influence
- Artemisia Gentileschi : Une femme artiste dans un monde masculin
- Une femme, une artiste, une carrière : la vie d’Artemisia Gentileschi.
Artemisia Gentileschi, née en 1593 à Rome, émerge comme une figure exceptionnelle de la peinture baroque italienne, non seulement en raison de son talent artistique indéniable, mais aussi en tant que femme évoluant dans un contexte largement dominé par des artistes masculins. Sa vie et son œuvre reflètent le défi constant auquel étaient confrontées les femmes artistes du XVIIe siècle, tout en mettant en lumière les opportunités rares mais significatives qui se présentaient à elles. Artemisia Gentileschi nait dans une famille d'artistes, son père, Orazio Gentileschi, étant lui-même un peintre renommé. Cependant, dès son plus jeune âge, elle montre un talent exceptionnel qui dépassait les attentes traditionnelles liées au genre, ayant plusieurs frères dans le même domaine artistique, son père se rend vite compte du talent supérieur d’Artemisia. Son apprentissage artistique débute ainsi aux côtés de son père, ce qui, à l'époque, était une rare opportunité pour une jeune fille. Sa maîtrise des techniques artistiques et sa capacité à capturer l'émotion dans ses tableaux furent rapidement reconnues par son père qui décida de lui fournir un enseignement avec un professeur privé ce qui lui permet de jeter les bases d'une carrière artistique qui allait transcender les limites imposées par son statut de femme.
- L’œuvre et son contexte artistique mais aussi historique.
Le XVIIe siècle était une période où la participation des femmes dans le domaine artistique était largement restreinte. Les institutions artistiques étaient principalement contrôlées par des hommes, et les femmes artistes devaient surmonter des obstacles sociaux et culturels pour être reconnues. Malgré cela, Artemisia Gentileschi parvint à percer ces barrières, en partie grâce à la tutelle de son père et à son propre génie artistique. Son histoire personnelle reflète ainsi une lutte constante pour se faire accepter dans un monde professionnel dominé par des hommes, tout en illustrant les exceptions notables où les femmes pouvaient trouver un espace pour s'exprimer artistiquement. L'œuvre emblématique de Gentileschi, "Judith décapitant Holopherne", constitue une manifestation saisissante de cette lutte, à la fois dans le choix du sujet et dans la manière dont elle le représente.
Cependant, Gentileschi a souvent été analysée par les historiens de l'art à la lumière d'un événement tragique et personnel qui a marqué sa vie et son art. Agostino Tassi, un peintre avec qui son père, Orazio, avait tissé des liens amicaux, a été sollicité pour enseigner la perspective à Artemisia. Cependant, en 1611, lors d'une leçon privée pendant l'absence du père d'Artemisia, Tassi a abusé d'elle, ce qui a conduit à un procès en 1612 après que Orazio ait dénoncé cet acte répréhensible. Le procès qui a traversé les âges comprend le témoignage bouleversant d'Artemisia Gentileschi décrivant comment Tassi l'avait agressée. Au cours du procès, outre la violence de l'agression, l'engagement rompu de Tassi à épouser Artemisia a été fortement critiqué. L'expérience du procès a été traumatisante pour Artemisia, soumise à des examens humiliants et à une époque où la torture était considérée comme une méthode d'interrogatoire acceptable. Cette période difficile a sans aucun doute laissé une marque indélébile sur la vie et l'œuvre d'Artemisia Gentileschi, alimentant la perception que ses créations artistiques étaient influencées par ses expériences personnelles. Ainsi la question se pose, cette mise en scène extrêmement brutale lui aurait-elle été inspirée par le viol qu'elle a subi ? Le tableau ferait-il office d’un défoulement pour la jeune femme ? Plusieurs théories contemporaines semblent supposer cette thèse. Sans doute à titre d’échappatoire, elle réalise ce tableau en donnant à Holopherne les traits du violeur. Devenue Judith par procuration, Gentileschi se venge.
- Analyse et description de l’œuvre
- La maitrise des détails : la lumière.
L'œuvre d'Artemisia Gentileschi, "Judith décapitant Holopherne", se déploie comme une scène dramatique. La composition est centrée sur l'action principale : Judith, assistée par sa servante, Abra, décapitant le général assyrien Holopherne. Les corps des personnages occupent l'espace central de la toile, capturant l'attention du spectateur.
Gentileschi utilise habilement la lumière pour intensifier le drame de la scène. La lumière semble provenir d'une source extérieure, créant des jeux d'ombres et de lumières qui accentuent la tension et renforcent le contraste entre le bien et le mal. Les visages des protagonistes sont éclairés de manière à mettre en valeur l'expression intense de Judith, concentrée et déterminée, contrastant avec la souffrance et la surprise figées sur le visage d'Holopherne. En effet, Artemisia Gentileschi montre une maîtrise remarquable de la lumière pour amplifier l'intensité émotionnelle de la scène. La source lumineuse extérieure crée des jeux d'ombres saisissants, plongeant la toile dans une atmosphère à la fois dramatique et énigmatique. Les contrastes entre la lumière et l'obscurité soulignent les aspects clés de la narration. Ainsi dans son œuvre, la lumière joue un rôle crucial dans la mise en avant des protagonistes. Le visage de Judith est éclairé avec une grande clarté, mettant en lumière son expression déterminée et concentrée. Son regard fixe et résolu est en contraste avec la scène brutale qu'elle accomplit. Cette mise en lumière crée une aura de force et de décision autour du personnage de Judith, soulignant sa détermination. À l'opposé, la lumière qui orne le visage d'Holopherne révèle une autre dimension de l'œuvre. Son visage, qui est imprégné de douleur et de surprise, est capturé au moment précis où la vie le quitte. La lumière ici accentue non seulement la terreur de sa mort imminente mais suscite également une réflexion sur la dualité de la victime et du bourreau. Les contrastes entre les effets de lumières porté sur Judith et Holopherne contribuent à renforcer la tension dramatique et morale de cette scène. En outre, les jeux de lumière et d'ombre contribuent à la composition dynamique de la peinture. Les plis des vêtements, les drapés du linge de lit et les armes sont modelés avec une grande précision grâce à ces contrastes, conférant une profondeur et un réalisme à l'ensemble de la scène. La composition elle-même est équilibrée, mais l'attention est attirée vers Judith, mettant en avant son courage et sa détermination. La diagonale formée par le bras tendu de Judith avec le glaive jusqu'à la tête tranchée d'Holopherne guide le regard du spectateur à travers la scène, renforçant le sentiment de mouvement et d'action.
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