Frederick Antal, Florence et ses peintre
Compte rendu : Frederick Antal, Florence et ses peintre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nicolas Croiset • 19 Septembre 2024 • Compte rendu • 510 Mots (3 Pages) • 49 Vues
Frederick Antal, Florence et ses peintres. La peinture florentine et son environnement social, 1947, trad. franç., 1991, Paris
« Comment deux tableaux si profondément différents ont-ils pu être peints dans la même ville et à la même époque ? » (p. 8). Avec un exemple extrêmement simple, Frederick Antal nous plonge directement au cœur du problème que son ouvrage soulève. Il introduit deux vierges à l’enfant peintes par Masaccio et Gentile da Fabriano en 1426 et 1425 à Florence, aujourd’hui à la National Gallery de Londres, et s’interroge sur les différences qui opposent ces deux tableaux ; l’austérité de Masaccio au faste de da Fabriano, les plastiques des corps, les draperies. Autant d’éléments qui divergent tant bien même que ces deux tableaux ont été réalisés à un an d’intervalle et dans la même ville. Mais alors « quelle réponse l’histoire de l’art donnerait-elle à cette question ? » (p.8).
Cet ouvrage, Florence et ses peintres, La peinture florentine et son environnement social, est le seul publié par Frederick Antal dans ce qui aurait dû être une trilogie. Ce fils de la bourgeoisie hongroise, né en 1887, a étudié à Berlin et à Vienne sous la tutelle de Max Dvořák (un autre éminent historien de l’art), avant de devoir fuir la montée du nazisme en Allemagne et la peur de persécution vis-à-vis de ses opinions politiques. En effet, Frederick Antal se revendique marxiste, et il sera considéré probablement comme le plus grand historien de l’art marxiste et le père fondateur d’une histoire de l’art où le progrès ne peut se faire que si l’on cesse de se concentrer uniquement sur « une analyse formelle » des œuvres, mais en étudiant le contexte « social, économique et politique » qui entoure ces œuvres. Cette vision marxiste dans l’art se traduit par une volonté de replacer les œuvres dans leur contexte de création et de ne plus les aborder uniquement d’un point de vue stylistique, ou selon leur courant artistique. Ici, on veut voir une œuvre d’art dans son ensemble ; on parle alors de matérialisme : une œuvre d’art est l’expression de la totalité de son époque. Antal, comme Karl Marx, croit fermement que l’art, comme tout autre aspect de la culture n’est que le fruit de sa société, et est explicable par les changements de méthodes de production et de propriété.
A travers cet ouvrage et des questions en apparence plutôt simple, Frederick Antal tente d’expliquer une nouvelle façon de comprendre une œuvre d’art, mais en quoi cette vision est elle assez inédite pour son temps ? Y a-t-il une rupture avec ses contemporains ? Nous essaierons dans un premier temps de montrer comment le contexte social, économique et politique de Florence à la Renaissance se prête idéalement à une telle analyse, avant de montrer en quoi cette analyse se démarque de ses contemporains. Dans une seconde partie, nous mettrons en lumière les limites de l’analyse proposé par Antal, notamment à travers des erreurs historiques et sa façon assez réductrice d’étude d’une matière aussi complexe.
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