Compte rendu de l’article : « Image performative et liturgie : Les sept chapiteaux de l’abside de la cathédrale de Lyon, XIIème siècle » par Nicolas REVEYRON (universitaire de Lyon 2) dans Église lieu de performances paru en 2016.
Commentaire d'oeuvre : Compte rendu de l’article : « Image performative et liturgie : Les sept chapiteaux de l’abside de la cathédrale de Lyon, XIIème siècle » par Nicolas REVEYRON (universitaire de Lyon 2) dans Église lieu de performances paru en 2016.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar histogenol • 6 Mars 2023 • Commentaire d'oeuvre • 1 798 Mots (8 Pages) • 277 Vues
Compte rendu de l’article :
« Image performative et liturgie : Les sept chapiteaux de l’abside de la cathédrale de Lyon, XIIème siècle » par Nicolas REVEYRON (universitaire de Lyon 2) dans Église lieu de performances paru en 2016.
Nicolas Reveyron est un historien de l’art français spécialiste du Moyen-âge ; il enseigne à l’Université de Lyon et est membre du Laboratoire Archéométrie et Archéologie. Il travaille sur les techniques de construction au Moyen-âge, sur l’organisation des espaces religieux et leur lien avec la liturgie, la lumière et son lien avec l’architecture, l’iconographie ornementale, etc. Il a produit plusieurs ouvrages sur la ville de Lyon et notamment sur ses églises. En 2016, il publie un article intitulé « Image performative et liturgie : Les sept chapiteaux de l’abside de la cathédrale de Lyon, XIIème siècle ».
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L’article s’ouvre sur une citation de Roland RECHT insistant sur le fait que l’œuvre d’art a un aspect matériel certes, et qu’il n’empêche pas cette œuvre d’appartenir au « monde des idées ». Cette citation, placée avant même l’introduction de l’article, situe le lecteur au cœur du sujet ; les œuvres étudiées par la suite ne vont pas recevoir une simple analyse formelle et stylistique, elles vont être soumises à quelques spéculations…
L’auteur, dans une courte introduction, présente très partiellement le sujet : les sept chapiteaux de l’abside de la cathédrale de Lyon (dernier quart du XIIème siècle) ; mais insiste sur la composition et l’organisation loin d’être anodines, et sur le discours théologiques qu’elles apportent. Il affirme ensuite que les sept images sont « augmentées d’une huitième : le programme » et saisit ainsi la curiosité du lecteur avant d’annoncer de quoi va traiter précisément son analyse : soit « [la reconsidération de la notion d’image performative dans sa relation intrinsèque avec l’architecture ».
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Dans une première partie, l’auteur revient sur la notion « d’image performative » : il distingue l’image performative dite « par destination » ; qui concerne « l’objet lui-même, la relation qu’il suscite et celui qui intervient » de l’image performative dite « par position » qui est l’image « considérée simplement dans sa relation avec [...] l’église ». Nicolas Reveyron souligne ensuite qu’il y a des études qui mènent à des résultats pratiquement certains : le spectateur est acteur puisqu’il déclenche le miracle ou la vision par la prière devant l’image, c’est très probable ; mais qu’il reste des notions qui sont trop abstraites pour les hommes du XXIème siècle. L’historien d’art travaille sur des faits identifiables, il s’interroge sur le contexte de réalisation d’une image : qui la commande ? Pourquoi ? Quelle était la politique de l’époque ? Quel Saint était adoré dans la région ? Etc. Ensuite il travaille sur une esthétique, mais ne saisit pas forcément l’œuvre avec la sensibilité d’un homme du Moyen-âge ; quelle signification l’artiste, si ce terme peut être employé, a-t-il apporté à l’image ? Certains éléments peuvent difficilement être compris, la signification d’une image par exemple : une église traverse les siècles contrairement aux fidèles qui se voient, involontairement, modifier, réinterpréter les images ; la signification initiale demeure inconnue.
Nicolas Reveyron disserte ensuite sur la sempiternelle question de la primauté de la couleur ou du dessin qui sont, dans la culture occidentale, en conflit. Le dessin serait fidèle, et la couleur chercherait à séduire, à tromper. Il s’appuie sur le raisonnement de Plutarque, qui présente une analogie entre peinture et rhétorique : « comme la parole, l’image colorée enseigne et séduit », idée qui est conservée au Moyen-âge comme le prouvent les écrits d’Alain de Lille. La couleur offre deux qualités, l’une éducative et l’autre fallacieuse qui engendrent dans les églises, des images dotées d’une vitalité qui est parfois manifestée « sous la forme de lumière ». Ces qualités s’apparentent à l’ekphrasis en littérature, que R.Web définit comme « Making absent Thigs present ».
Par la suite, l’auteur explique un lien plus profond entre image et architecture grâce à l’éclairage. Selon son agencement, la lumière pénètre et donne vie aux images présentes dans l’église ; ce qui a donné naissance à de nombreux témoignages, le vitrail offre une nouvelle dimension d’images, se déplaçant sur les murs. En l’occurrence, Nicolas Reveyron cite Fortunat de Poitiers qui, dans sa description de la cathédrale de Nantes au VIème siècle évoque l’image des personnages de la tour lanterne qui se meut sous les rayons du soleil. Puis il explique un extrait de La queste del Saint Graal du XIIIème siècle dans lequel Perceval et ses compagnons assistent à une apparition du Christ entouré du tétramorphe, expliquée aujourd’hui par un jeu de lumière à l’intérieur de l’église. Les personnages entendent également une voix descendre parmi eux, qui serait une confusion avec la voix de l’officiant disant la messe.
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La seconde partie de l’article est dédiée à l’analyse des sept chapiteaux de l’abside de l’a cathédrale de Lyon. L’auteur commence par faire un historique du chœur de la cathédrale lyonnaise. L’archevêque de Lyon, Guichard de Pontigny entreprend en 1175 de restaurer la cathédrale de manière assez radicale : construire ex-nihilo après avoir supprimé la crypte (église du Vème siècle restaurée au IXème siècle). Nicolas Reveyron affirme que « le sol relevé de quelque 2m aurait permis de [conserver cette crypte] », et c’est important de le souligner, car il est tout de même étonnant dans ce domaine si conservateur qu’est l’architecture chrétienne (dans le sens ou l’on conserve les murs d’origine, la place de l’autel, certaines dalles, etc.) que Guichard de Pontigny ait choisi de faire table de rase du passé ; même si, et l’auteur le souligne, « la ville n’est pas dépourvue de cryptes qui remontent à l’Antiquité tardive ». L’archevêque lyonnais s’éloigne de l’exaltation hagiographique locale et souhaite plutôt promouvoir l’universalité de l’église à travers une idée qui remonte au IVème siècle : « l’Église fait l’eucharistie et l’eucharistie fait l’Église ». Il s’inscrit dans la renaissance du XIIème, qui se traduit par une imitation de l’architecture romaine classique ; ce qui renvoie, à Lyon, aux origines de la ville, les décors et verrières d’inspiration byzantine rappellent les premiers évêques de la ville. La réflexion sur l’eucharistie est elle aussi liée à la ville où l’on retrouve plusieurs commentaires. L’auteur passe ensuite à un état des lieux du nouveau sanctuaire. Avec ses dimensions importantes qui créent un espace vaste, avec une ambiance très lumineuse, il rappelle les grands espaces architecturaux paléochrétiens. Il décrit l’aménagement liturgique, lui aussi hérité des premiers temps chrétiens. Et enfin, il évoque un chapiteau ; celui du chrsit Pantocrator en l’occurrence, sui surmonte le dossier de la cathèdre. Ce chapiteau fait écho aux origines byzantines de premiers évêques lyonnais. Associé avec le chapiteau de la Vierge à l’Enfant, il commente la nature de Jésus ; il est surmonté qui plus est de l’inscription ego sum qui sum. Il forme également un groupe avec une tête d’homme barbu couronné tenant deux cornes figuré sur le trône justement, Nicolas Reveyron s’appuie sur le commentaire de Haymon d’Auxerre sur le verset Cornua in manibus eius d’Habacuc liant l’image aux théories de Saint Irénéé ancien évêque de Lyon.
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