Les Etats-Unis dans les années 1920 : une grande puissance ?

Sujet : Les Etats-Unis dans les années 1920 : une grande puissance ?

Les années 20 font suite à un événement qui a bouleversé les puissances du monde : la première guerre mondiale. Les Etats-Unis entrent dans le conflit en 1917 et suite à ce conflit, ils bénéficient d’une “hégémonie, probablement sans précédent dans l’histoire, leur est échue subitement, sans préparation”. Cette citation provient de l’ouvrage Les Etats-Unis d’aujourd’hui d’André Siegfried, publié en 1927. C’est un historien, un sociologue mais surtout un homme qu’on considère comme un des pères de la science politique française ayant vécu de 1875 à 1959. Ce sont des propos qui illustrent la complexité de la montée en puissance des Etats-Unis face au reste du monde dans les années 1920.

Cette décennie est caractérisée par un nominatif, un chrononyme : les “roaring twenties” ou “années folles”. Elles portent l’image d’une décennie de prospérité, de joyeusetés qui est pourtant encadrée chronologiquement par des crises avec la surproduction de 1920-1921 et la grande dépression de 1929. Ce sont des années où les présidences sont républicaines et où, suite aux conflits en Europe, le pays s’est installé dans une situation d'isolationnisme, il a choisi de se concentrer sur ses propres affaires plutôt que de s'engager dans des conflits internationaux.

Les Etats-Unis se sont vu être considérés comme un pays puissant suite à la grande guerre. Cette puissance est définie par Jean-Baptiste Duroselle, un historien français du XXe siècle spécialisé dans l’histoire des relations internationales et de la diplomatie, comme “la capacité d’imposer sa volonté aux autres”.

C’est alors que les Etats-Unis émergent aux yeux du monde en tant que puissance. Ce qui fait véritablement la différence entre une puissance et une grande puissance dans ce monde du début du XXe siècle, ce n’est pas seulement des critères militaires et diplomatiques, il est très important de considérer les critères économiques, la cohésion sociale, le rayonnement et l’influence culturelle, leur écho à l’échelle internationale, et donc leur supériorité face à une autre puissance.

Cependant, sont-ils une grande puissance durant cette décennie ? Sont-ils un pays suffisamment influent et dominant face au reste du monde pour pouvoir porter ce titre ?

I. L’essor économique 

1. Des débuts délicats

C’est la Première GM qui donne aux Etats-Unis une véritable puissance économique qu’ils n’avaient pas réellement avant, et qui sur le plan international leur permet de dépasser le Royaume-Uni. Ils deviennent la première puissance économique suite à celle-ci, et ils détiennent au début des années 1920 environ 50% du stock mondial d’or tout en concentrant le tiers des investissements internationaux. La décennie commence cependant avec une dépression économique assez sévère, une déflation qui fait suite à la 1ère GM aux USA, au Royaume-Uni et ailleurs encore. Cette récession, ce ralentissement de l’activité économique dure un peu plus d’un an, entre 1921 et l’été 1922. Il y a plusieurs facteurs qui ont contribué à ce ralentissement comme la surproduction due à la baisse de la demande européenne ou encore la baisse du pouvoir d’achat. Mais cette courte crise ne va pas empêcher les Etats-Unis d’entrer dans cette période de prospérité assez prodigieuse, elle est surmontée rapidement, ce qui est une preuve de la bonne capacité de redressement des Etats-Unis à ce moment.

Entre 1922 et 1929, le PNB (Produit National Brut, qui correspond à la production annuelle de richesse, à savoir de la valeur des biens et services créés - la valeur des biens et services détruits ou transformés pendant le processus de création) augmente presque de 50%, à savoir de 75 à 104 milliards de dollars.

1. Une industrie dominante

C’est vraiment une période où l’on bat des records de productivité. Cela est dû au mariage entre l’exploitation de ses sources d'énergies (pétrole et électricité) et l’étude de la méthode de travail avec le passage au travail à la chaîne, la division du travail ainsi qu’à la mécanisation. La production du pétrole suit une forte progression constante, on passe de 33 millions de tonnes en 1913 à 138 millions de tonnes en 1929, l’alimentation des usines américaines en énergie passe de 30% en 1914 à 1929, ce qui facilite largement la production et l’accélère. Le rendement est alors bien supérieur. Il faut également prendre en considération l’agriculture qui, depuis la fin du XIXe et surtout depuis le XXe siècle, s’intensifie et se mécanise peu à peu.

De plus, à cette époque se développe les idées de Taylor sur la productivité et la main d'œuvre. Depuis le début du XXe siècle, nous recherchons comment avoir le plus de rendement, nous cherchons à avoir la meilleure productivité, de toucher un marché toujours plus large. C’est dans ce contexte que Frederick Winslow Taylor, dirigeant d’une aciérie à l’idée de spécialiser une personne dans chacune des tâches. C’est une méthode de travail qui, utilisée avec le travail à la chaîne, permet d’être plus productif, et qui va alors être un modèle pour le monde entier, et le fait que ces méthodes d’organisation s’exportent en Europe est assez clairement un signe distinctif d’une grande puissance, c’est une marque de la domination des USA face au reste du monde dans le secteur industriel.

Cette “Ere Nouvelle” est donc celle d’une croissance industrielle très développée, mais aussi celle d’une diversification de la production. Le mode de vie des Américain change assez rapidement  : les transports rapides se développent, les habitudes alimentaires changent avec l’expansion de l’industrie de la conserve, la vie au foyer évolue avec la production d’aspirateurs, de réfrigérateurs et autres objets d’électroménager qui bouleversent le mode de vie des Américains. Mais s’il y a bien un secteur dont le développement témoigne des progrès fulgurants de la productivité, c’est celui de l’automobile et sa diffusion. C’est un des changements majeurs qui témoigne de cette prise en puissance de l’industrie américaine : avec ces nouvelles méthodes de travail, Ford avait réussi à réduire en quelques années seulement le temps de montage de son véhicule “Modèle T”, passant de 14h de montage à 93 minutes en 1914. Sa fabrication plus rapide permet alors une vente à un prix assez abordable, à savoir environ 300 dollars en 1926. Grâce au développement de l’automobile, les Etats-Unis comptent 26 500 000 véhicules en circulation à la fin de la décennie, à savoir que la population en 1930 est de 122 775 000, ce qui fait un total d’un peu plus d’un véhicule pour 5, ce qui est vraiment considérable et un symbole d’un haut niveau de condition de vie (contre 1/43 au Royaume-Uni).

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